samedi 9 août 2008

Photos d'un samedi matin rennais et aoûtien -1-












En traversant le Thabor, Hannibal s'est arrêté. Penché et buvant il me découvre derrière les grilles bleu vert. Etonné, il relève la tête et m'offre un tendre regard : "una mirada llena de ternura" (estoy escuchando en el mismo tiempo los Cuentos de La Habana en el idioma de su autor : Zoé Valdés)
Houlà, je n'avais jamais remarqué le regard de ces deux cerbères : mais ont-ils tort ? Le Thabor, ça se mérite !
Justement, non loin d'eux, le bouton s'interroge : je m'ouvre ou pas ?
Pour ma part je le laisse s'interroger et je poursuis mon chemin.
Quelques pas plus loin sur ma droite une porte attire mon regard et je me dis : sûr que derrière elle, les années cinquante espèrent renaître. Mais je n'aime plus remuer les fantômes alors je me contente de la mettre en boîte et de m'essayer à faire de même avec les arbres qui ornent l'angle de ces deux directions. D'un côté on peut voir ou revoir le mur d'eau, de l'autre prendre la direction de la rue Hoche ou au final entrer dans le square et surprendre comme je l'ai fait, sans le soupçonner, ce magnifique dos à dos de bancs. Soudain le ciel se fait vert et une main verte surgit de terre. Dans l'instant je pense au seigneur de Bercilak. N'aimant pas voir tomber les têtes, je m'esquive. Pas de St Amour sur ce banc-ci, pourtant il paraît que c'est le jour d'août où personne ne rentrera seul chez lui. Futur, présent, passé, présent, c'est la valse des temps. Soudain la rose s'impose en bouquet : deuxième bosquet de rosier rennais. Et moi qui venais le photographier me encanto que alguna gente se paro por admirarlo.
Trois pas plus loin un goût 1956 me saute aux oreilles : des pigeons roucoulent, comme ils me sont doux leurs roucoulements. Dans l'instant me revoilà près d'une gendramerie ou dans la descente d'une barbacane qui accompagneront toutes deux une certaine enfance. L'instant suivant j'abaisse mon objectif et trottoir, mot, moments, tasse à café, jeunes voisins qui ne se doutent pas qu'en les découvrant je revois Elise et son bar toujours plein, -c'est bien connu, les bars aiment boire- Pierrot, Bernard, Jeannette, et tous les autres dont certains malheureusement déjà disparus. Et il me vient aussi à l'esprit que ce carrefour est suffisamment fou pour faire danser entre grands et même entre toutes générations confondues, Le château de ma tante "latirelire", le chateau de ma tante "latirelo" en compagnie de Eugénie Duval par exemple : d'une région à l'autre, de décennies à d'autres il existe toujours quelque chose d'universel qui permet la rencontre : différence ou ressemblance, n'est-ce pas parler de la même chose ? Il y a quelque chose dans la mémoire qui réunit. Aujourd'hui, quatre et parfois cinq générations. Des photos suivent ou précèdent -tout dépend du sens de lecture des billets- mais cette fois, sans commentaire, seulement avec le goût du souvenir réactualisé.

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