samedi 23 janvier 2016

Les 3 CHA Centre d'Art, allez voir l'exposition de Mylinh Nguyen nommée "Des petits dieux de misère"

Mylinh Nguyen a reçu  "le prix de l'intelligence de la main" : quel beau prix, que je ne savais exister.
Ce que Milinh Nguyen fait de ses mains, en usinage de métal, s'expose jusqu'au 19 mars 2016 au Centre d'Art LES 3 CHA  (CHApelle, CHAteau, CHAteaugiron)
L'exposition s'intitule "Des petits dieux de misère" : 
Si la misère élève... sachez-le, l'élévation est au 3 CHA. Allez-y voir.
Voir et entendre grâce à la collaboration de Mylinh Nguyen avec Pablo Salaün 
C'est Lania qui vous le dit. Message codé. Entre autres, mille et un rires à tous.

visites : les mercredi et vendredi de 14 h à 17 h ; 
Le samedi de 14 h à 18 h ; 
Et chaque premier dimanche du mois  (et il y en a deux) de 10 h à 12 h.

Courte histoire, quasi une anecdote.
Il était une fois ou bien il n'était pas, qui peut savoir
Une enfant passait par l'atelier de Mylinh Nguyen
Elle passa une fois, deux fois, d'autres fois et cette dernière fois où l'enfant  comprit à quelques gestes, trois pas en arrière, un mouvement de main soulevant une frange brune et légère, un souffle, que la Sculpteuse ou la Sculptrice avait terminé son ouvrage. Alors... l'enfant a mis sa main dans la main de Mylinh Nguyen et Mylinh Nguyen a rencontré le regard de l'enfant et entendu la question.
"Comment as-tu su qu'il y avait un cheval dans l'éprouvette ?"

Adaptée d'après une lecture in "Le cercle des menteurs"

jeudi 14 janvier 2016

Conte espagnol du prince pas si impatient


Erase una vez, il était une fois, 

au temps des rois et des reines, il y a longtemps
derrière une chaîne de montagnes longues lourdes et massives un royaume. 
Un royaume et un palais
Un palais d’où le roi Fernando et la reine Blanca pouvaient découvrir la neige sur le plus haut des sommets : le pic Nikagoo et cela toute l’année

Au royaume de ce roi et de cette reine la vie est simple. Le roi mène son royaume d’une main ferme et douce, la reine n’a aucun besoin de défendre les sujets devant le roi. Les sujets sont heureux et si heureux qu’il ne leur vient pas l’idée de se rebeller, pas même celle de quitter le royaume.



A une exception près, un beau matin, l’idée de Rosario. 
Rosario est le fils du roi Fernando, il est le fils de la Reine Fernanda. 

Le roi Fernando et la Reine Blanca ont longtemps attendu la naissance de leur fils unique. Rosario est le cadeau que la vie leur a offert. 
Et le roi se souvient de cet instant précis. 
où arpentant un couloir il a reconnu  les pas légers de sa Reine Blanca.
où reconnaissant les pas légers de sa reine Blanca il avait  levé la tête et découvert le geste inhabituel…. la délicieuse manière  qu’elle aurait de poser sa main sur son ventre. 
Le roi se souvient qu’en entendant la merveilleuse nouvelle il lui avait tendu la main. 
Il se souvient comme rieuse, elle avait pris la sienne
Il se souvient que dans le couloir, il l’avait entraîné dans la danse lente que tous deux apprécient encore, leur chaconne celle de Charles Mouton »

Rosario

Rosario, mon fils tu veux partir, dit la reine et sa voix tremble ? 
Rosario, dit le roi veux-tu vraiment partir ?
Rosario prend les mains de sa mère et regarde ses parents 
je ne veux pas partir, chers parents, je dois le faire. Je ne trouve pas ici la princesse que je désire. je dois chercher ailleurs.

Dans la cour du château le roi Fernando et la reine Blanca assistent au départ de leur enfant qui n'en est plus un. 

Reviendra-t-il ? pense la reine
Me succèdera-t-il ? pense le roi

I la sarabande 

Le prince Rosario quitte le royaume de son père. Un beau matin il pénètre dans un royaume. Il est reçu au palais, comme on peut recevoir fils de roi, dans la magnificence. Il fait connaissance avec la princesse royale. Il partage son temps avec elle ; banquets, promenades, bals où elle lui apprend  à danser la sarabande et lui la chaconne, cependant au bout d'un temps

Voulez-vous vraiment partir ? dit le roi
Allez-vous me laisser seule ? dit la princesse, 
Le jeune prince poursuit sa route


II - la passacaille 

Et dans le second royaume Il est reçu au palais comme on peut recevoir un fils de roi. Il fait la connaissance de la princesse royale, il partage son temps avec elle, banquets, promenades, bals où il lui enseigne la chaconne et la sarabande et où il apprend  lui-même avec bonheur à danser la passacaille 
Cependant  au bout de ce temps…

Voulez-vous vraiment nous quitter ? dit le roi
Allez-vous me laisser seule ? dit la princesse, 
Le jeune prince poursuit sa route.

III - le passe-pied

Dans le troisième royaume Il est reçu au palais comme on peut recevoir un fils de roi. Avec magnificence. Il fait connaissance avec la princesse royale, il partage son temps avec elle, banquets, promenades, bals où il enseigne la chaconne, la sarabande, la passacaille et apprend lui-même une danse étrange et agitée, le passe-pied une danse de Bretagne 
Mais bientôt …
Voulez-vous vraiment partir ? dit le roi
Allez-vous me laisser seule ? dit la princesse. 
Le jeune prince poursuit sa route mais trouver pantoufle à son pied est une veine recherche. Le prince retourne définitivement au palais du roi Fernando et de la reine Fernanda. 

Qui revoit sa naissance lorsqu'il réapparaît, qui retrouve l'éclat de ses regards lorsque quelqu’un se penche sur son berceau, ses sourires, 
Qui revoit…. l’enfance tranquille, l’être vif et joyeux auquel rien n’échappe ; les maîtres…. mis à sa disposition afin qu’ils lui transmettent ce qu’il se doit d’apprendre : espagnol, histoire, géographie, philosophie, sociologie, mathématiques, philosophie, sans oublier musiques, contes et poésie.

Mais ni le roi ni la reine ne reconnaissent leur enfant en l’homme qui revient chez lui.

De joyeux qu’il était… le voilà triste De volubile, le voilà muet. Son visage rieur n’exprime plus que la déception, la perplexité.  Il est déçu, accaparé par ses pensées. La reine se met au petit soin pour lui : veux-tu du chocolat ? ton thé préféré ? de nouvelles épées ? Un voyage sur mars ? des vidéos en 3D ?
Du chocolat, du thé, des épées, un voyage sur mars, Mère…. à quoi pensez-vous ? je ne veux rien, lui répond-il Rien ne convient au jeune prince.

LE PRINCE DEMANDE AUDIENCE

Un jour, la reine reprend espoir. Rosario lui demande audience.

« Mère », dit-il, "j'ai une idée, j’ai besoin de vous ! »
« Je suis à votre écoute Don Rosario ! » 
« Mère, je voudrais que vous fassiez se rassembler toutes les jeunes filles du royaume"
"Vous voulez dire "toutes les princesses du royaume"  mon cher fils ?
"Non mère je veux dire ce que je vous ai dit, faites s’il vous plaît se rassembler toutes les jeunes filles du pays, j'ai quelque chose à leur dire et à leur offrir ! »

Ses yeux brillent de malice. La reine, est heureuse de voir les yeux de son fils témoigner tant de pétillance mais elle le reprend « … à leur dire et à leur offrir » dites-vous et elle interpelle le Grand Chambellan
« Chambellan notre jeune prince veut que nous fassions rassembler toutes les jeunes filles du royaume, sans exception, veuillez faire connaître la nouvelle, veuillez faire tendre calicots et banderoles en grand nombre et envoyez, pour annoncer la nouvelle, les meilleurs crieurs publics  par tout le pays, villes, villages,  hameaux, avec mission de n’oublier aucune maison isolée. Aucune !

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Le chambellan chambelle, l
les crieurs se répandent à travers le pays
et ils crient la nouvelle
jusqu’au dernier….. qui la crie tout essoufflé tant le chemin accédant à la dernière de ses maisons était difficile. Il faut dire qu’elle est accrochée au flanc du Pic Nikagoo. La maison est modeste. Cependant des géraniums aux couleurs bruyantes illuminent son balcon et ses fenêtres.
En entendant le crieur, tout le monde sort de la maison. C’est extraordinaire, d’ordinaire personne ne passe, personne ne s’arrête.
Un homme tenant sabot et outil à la main
Une femme relevant la pointe de son tablier pour s’essuyer les mains mouillées par la lessive,
Une jeune fille stupéfaite qui répète « le prince veut me rencontrer ? » Et pendant que le crieur hoche la tête en guise de réponse, 
un jeune homme qui se tord de rire « Entends-tu ça Dorotea , as-tu seulement une robe pour te vêtir afin que le Prince puisse te jeter un regard ? »
Dorotea fait la sourde oreille. Elle décide d’ ignorer les quolibets de son frère  et disparaît dans la demeure. Quand elle réapparaît elle porte une jolie tresse noire sur le côté .
La tresse tombe sur une blouse blanche aux larges manches brodées d’un fil rouge au point de croix et touche un bustier lacé, qui met en valeur la jolie taille de Dorotea. Autant que les plis lourds et ronds de sa jupe de chanvre mettent en valeur quand elle marche ses chevilles et ses jolis sabots de hêtre, oeuvre de son père et dernier cadeau d’anniversaire. Tous les regards se tournent vers elle et seuls ceux d’Eusebio traduisent sa jalousie, qu’il exprime ainsi
« Autant ne rien porter Dorotea, 
Avec ces vêtements, le Prince ne te remarquera même pas !»

Balivernes, Dorotea n’écoute plus son frère, elle suit le crieur.

Trois jours plus tard, elle arrive au palais. 
Devant ses murs, les files de jeunes filles s’allongent. Dorotea remarque leurs vêtements.  Ils sont faits de tissus somptueux, ils sont parfois soulignés de dentelles de Bruxelles, de Venise ou d’Alençon et la beauté des demoiselles est elle-même rehaussése de bagues, bracelets, colliers et dormeuses d’or dont elles ne semblent pas manquer. Les demoiselles bavardent entre elles. Quand elles l’aperçoivent, elles lui jettent un regard teinté d’une grande commisération. Dorotea décide de se tenir en retrait. Quand on annonce l'arrivée du Prince, elle ouvre grand les yeux : il est si beau, il lui plaît ; il est sympathique. Il a belle allure derrière le roi et la reine. Ceux-ci lui cèdent la place. 
Les conversations diminuent.  Le prince parle. C’est le silence. Sa voix est ferme mais douce.  L’attention est à son comble.

Demoiselle, dit-il je vous remercie d’être venues aussi nombreuses. Je vous ai réunies pour donner à chacune de vous un pot de terre. Dans ce pot de terre j’ai fait mettre une graine. Je demande à chacune de vous d’apporter à cette graine les meilleurs soins. Je vous donne rendez-vous d’ici un an et un jour.  Celle qui aura réussi à obtenir la plus belle des plantes deviendra mon épouse. 


Certaines des demoiselles font la tête ; elles n'aiment pas toucher la terre. Elles sont persuadées que "la terre c'est sale et ça sali les mains comme les vêtements !" leurs mains reculent déjà à l’idée
D'autres sourient : elles aiment la nature, elles aiment les plantes, leurs fleurs et la proposition leur plaît. Elles se réjouissent. Leurs mains imaginent qu’elles caressent déjà leurs feuilles
Dorotea est l’une d’entre elles.

Le jeune prince fait un geste : « Grand Chambellan »
Le grand Chambellan en fait un autre « Jardiniers » 
Quarante jardiniers interviennent suivis de quarante autres, suivi de quar… les demoiselles sont nombreuses. Mais au bout d’un temps, grâce à la flopée de jardiniers,  tous les pots sont distribués. Les jardiniers disparaissent. Les demoiselles, princesses ou jeunes filles de petite famille, ou simplement pauvresses, disparaissent à leur tour.


LES SOINS QUE DOROTEA APPORTE À SON POT DE TERRE

La jeune Dorotea, porterait-elle une couronne royale sur un coussin de velours rouge et or, son geste ne serait pas davantage élégant. Il cache mille précautions. De retour, et de jour en jour elle porte attention à la graine. A la qualité de la terre. Elle gratte la surface pour l’aérer ; elle place le pot au soleil, elle le protège des froidures, l'arrose sous grande surveillance, s’attarde… chaque jour… à surprendre la petite pointe verte qui s'apprêtera à prendre forme. 
Mais que nenni, 
semaine après semaine, 
mois après mois, 
malgré tous ses soins, aucune pointe verte ne perce la terre du pot. Dorotéa court dans sa petite alcôve et laisse couler sa peine loin des siens. ne parvient pas à cacher sa déception. Elle laisse aller son chagrin. Mais à chaque fois, image du prince aidant,  l’espoir revient si farouche qu’elle redonne à son pot les meilleurs soins.

D’un lendemain au lendemain suivant,  elle ne comprend pas pourquoi dans le pot rien ne pousse, rien ne pointe, rien n’émerge, elle ne comprend rien.
Le temps avance, le temps passe, ses pleurs abondent. La date fatidique approche. Peut-elle rejoindre le palais ? Va-t-elle se rendre au rendez vous du prince ? Elle aura l’air ridicule avec son pot vide ! Peut-être sera-t-elle la seule à avoir un pot sans plante, sans fleur, alors elle aura honte, alors elle n’ira pas.
Mais un an moins deux jours, la date du départ est là. Dorotea partira, après tout elle le mérite, ses  soins ont été nombreux, réguliers et attentifs. Malgré le pot de terre sans plant, sans fleur et malgré le fait qu’il y ait de quoi pleurer, Dorotea partira. Elle se rendra tout de même et malgré tout au palais.

Dorotea prépare son départ. Elle recouvre tout doucement le pot de terre afin que la terre ne tombe pas. Son frère la regarde faire. Il se moque d’elle.. 
« Pourquoi protéger ta terre Dorotea, c’est inutile, tu n’as pas réussi à faire pousser la plante, tu n’as pas besoin de te présenter au palais, comment le jeune prince pourrait-il épouser celle qui n’a obtenu ni plante ni fleur ? »
"Qu'en sais-tu Eusebio,   de toutes façons moque-toi de moi autant que tu voudras rien ne pourra m’empêcher de me rendre au palais : et surtout pas toi » 




Eusebio marmonne
"J'en sais ce que j'en sais, 
puisqu’aucune plante n'est apparue 
et que tous tes soins ont étés inutiles, le prince ne t’épousera pas, 
voilà ce que j'en sais" 

« Personne ne sait » lui dit-elle et sur ses mots,elle s'en va.

Et de ses petits pas précieux, pot de terre en mains soigneusement porté, trois jours plus tard Dorotéa arrive au palais. 
« Oui, messieurs,  "J'apporte sous ce tissu la plante que le Prince désire voir, laissez-moi passer ! » 
Cela fait déjà trois fois que les gardes du Palais lui en interdisent l’entrée.
Les gardes insistent :
« Nous avons des ordres Demoiselle, nous devons voir la plante.  Et h hi hi ha ha ha les gardes se moquent d'elle. Dorotéa ne se démonte pas.
"Seul le Prince a le droit de la découvrir" 
Devant sa ténacité les gardes reculent. Ils  la laissent passer. 

Les jambes de Dorotéa tremblent en montant le grand escalier. Quand elle pénètre dans la grande salle du Palais, le Prince a commencé la revue des pots de fleurs. Dorotea retient ses pleurs : 
"Ne coulez pas mes larmes, ne coulez pas"  
Et en même temps son regard découvre une forêt de plantes, une forêt de fleurs. De l’une à l’autre des candidates, les potées sont toutes plus florissantes les unes que les autres : bougainvilliers roses fuchsia,  fleurs d’ananas aux inflorescences impertinentes, hibiscus splendides, orangers merveilleux, vanilles sensuelles, mimosas éclatants, jasmins et chèvrefeuilles aux parfums entêtants toutes les plantes s’épanouissent sous ses yeux plus belles que belles en émergeant des pots avec somptuosité. Un seul des pots n’exhibe rien. 
C’est le sien. 
Toute sorte d’idée se bousculent dans sa tête 
« Je n’aurai aucune chance, Eusebio avait bien raison de se moquer de moi, il était bien inutile que je me déplace au palais » Elle décide de tourner les talons…… Mais quand elle les tourne, la voix du prince résonne à ses côtés. Et c’est à elle qu’elle s’adresse. "Mademoiselle, s'il vous plaît, montrez-moi votre pot de fleur » 
Dorotéa retient ses larmes.
"Ne coulez pas mes larmes, surtout ne coulez pas"  
Et en même temps elle pense
"il faut que je parte, il faut que je retourne chez moi" mais les mots du jeune prince résonnent à son oreille. Alors, elle soulève le tissu qui protège le pot de fleur.

Le jeune prince fait un geste 
« Chambellan appelez un jardinier ! »
Le Chambellan appelle 
« Pedro, montre ce pot de fleurs aux yeux de tous» Pedro prend le pot de terre et l'élève à la hauteur des yeux de tous et de toutes. La honte s’empare de Dorotéa. Elle est à l’instant de perdre le souffle. Elle va s’effondre mais à ce moment-là une main saisit la sienne. La main est celle du jeune prince.
« Quel est votre prénom, demoiselle ?» Comme sa voix est douce

Elle répond. Lui aussi : 
Dorotéa c’est un très joli prénom Demoiselle. Il est parfait. Il est facile à dire, il roule dans la bouche, il fond comme un gâteau blanc parfumé amande-citron Voulez-vous bien me suivre ?" 
Dorotea esquisse un sourire. 
Le prince pense qu'il a rarement vu un aussi beau sourire et il se déplace rapidement en direction du roi son père et de la reine sa mère. Les autres demoiselles dans la forêt de plantes et de fleurs enragent. Devant le roi et la reine les deux jeunes gens s'arrêtent et le prince déclare 
"Chers Parents, j'ai trouvé aujourd'hui la demoiselle digne de partager ma vie." 
"Mais" disent le roi et la reine "son pot de terre n'a donné naissance à aucune plante cher Fils"
"Vous avez raison chers Parents mais la ténacité se lit sur le visage de Dorotéa ; et je devine dans son regard combien les larmes de la déception quotidienne ont coulé sur ses belles joues. Et combien de courage il a fallu à cette demoiselle pour venir jusqu’à nous. C’est ce courage et cette ténacité qui m’émeuvent chers parents car ils étaient inutiles. Sachez-le, ce pot était le seul et unique pot à posséder une graine stérile et par conséquent dans l’incapacité de germer quels qu'aient étés les bons soins apportés » 

La Reine accueille Dorotéa. Le roi claque des mains
« Maître-queux, cuisiniers, préparez le repas de mariage ! »

Dire que les noces sont belles est inutile, elles le sont. 
Les parents de Dorotéa sont là, Eusébio est là. Ses lèvres sont moqueuses et peut-être pas. Les demoiselles jardinières sont là aussi Chacune offre en cadeau de mariage la plante dont elle s'était occupée.
On mange, on chante, on danse, comme on mange, chante et danse en Espagne castagnettes en mains y trabalenguas en boccas. 


El cielo está enladrillado. 
¿ Quién lo desenladrillará ? 
El desenladrillador que lo desenladrille, buen desenladrillador será. 

mardi 12 janvier 2016

Conte du gâteau de la Paix....

un blog délicieux

Ceci n'est pas mon texte, c'est un texte emprunté au blog "contes à rêver"... Rêvez, si vous me permettez cet ordre ou ce conseil, rêvez.
 
     Il y a fort longtemps, une femme pleurait, seule dans sa petite maison. Elle s’appelait Mona et elle pleurait parce que son Paolo avait été envoyé à la guerre. À travers ses larmes, Mona regardait la photo de son fiancé, et elle repensait à tout le mal qu’elle s’était donné.
     C’est elle qui lui avait souri dans la rue. Elle, qui lui avait adressé la parole, quelques jours plus tard. Elle, encore, qui l’avait invité à prendre le thé dans sa petite maison. Elle, toujours, qui avait cherché une recette de ce gâteau. Mais quel succès ! Après la première bouchée, Paolo l’avait dévisagée, et la flamme de l’amour s’était allumée dans son regard.
     Il faut dire que ce n’était pas un gâteau ordinaire. Non, c’était un Gâteau d’Amour dont Mona avait trouvé la recette dans un vieux grimoire de la bibliothèque municipale.
Tout d’un coup, elle bondit de sa chaise.
     « S’il existe des recettes de Gâteaux d’Amour, se dit-elle, il y a sûrement des recettes de Gâteau qui Ramène les Amoureux à la Maison ! » Vite, Mona attrapa son manteau, son parapluie, et elle se rendit à la bibliothèque municipale.
     Mona passa la journée penchée sur de poussiéreux livres de cuisine, de magie et même de sorcellerie. Hélas, nulle part elle ne trouva la moindre recette de Gâteau qui Ramène les Amoureux à la Maison.
     De temps en temps, une bombe tombait, non loin, et la vénérable bibliothèque tremblait jusqu’au plafond.
     Mais Mona n’était pas fille à renoncer aussi facilement. Le lendemain, elle retourna à la bibliothèque ; à force de lire et de réfléchir, à force de cogiter et de gribouiller sur son carnet, elle finit par inventer une recette. La recette d’un gâteau qui pourrait peut-être bien arrêter la guerre. Oui, rien que ça.
     Son panier sous le bras, Mona partit aussitôt chercher les quatorze ingrédients nécessaires à la préparation de son fameux gâteau. Sept se trouvaient de ce côté-ci de la frontière, pas de problème. Mais les sept autres poussaient uniquement dans le pays ennemi… À l’abri derrière leurs volets, les villageois la regardaient s’éloigner.
     « Qu’est-ce que cette folle de Mona trafique encore ? » se demandaient-ils.
     Le cœur battant, Mona se glissa sous les fils barbelés de la frontière. Elle était désormais en territoire ennemi. À tout moment, elle pouvait être arrêtée et jetée en prison. Des coups de feu retentissaient dans le lointain. Vite, Mona rassembla les fruits rouges, les graines et les herbes aromatiques dont elle avait besoin. Soudain, elle sursauta : derrière les arbres, quatre petits, les yeux agrandis par la peur, l’observaient.
     Doucement, tout doucement, Mona s’accroupit.
     Mona et les enfants se regardaient, et les secondes, les minutes passaient. Mona restait immobile, de crainte qu’un geste maladroit ne les fasse s’enfuir. Parfois les enfants échangeaient quelques mots entre eux, dans une langue que Mona reconnaissait sans la comprendre. La langue des ennemis. Soudain le ventre des petits se mit à gargouiller. Cette fois, Mona comprit très bien ce que cela voulait dire.
     Elle sourit, et doucement, tout doucement, elle leur lança les framboises qu’elle avait cueillies. De framboise en framboise, de sourire en sourire, Mona ramena les enfants jusqu’à la frontière, puis jusque dans sa petite maison. Avec des dessins et des gestes, les petits expliquèrent que leurs parents étaient morts au tout début de la guerre et que depuis, ils fuyaient, fuyaient, fuyaient…
     Les dessins et les gestes firent place aux larmes. Mona les prit alors dans ses grands bras, elle leur chanta une berceuse de son pays et les coucha dans son vaste lit.
Le lendemain, Mona et les petits commencèrent à préparer le gâteau.
     Les voisins les observaient, incrédules. C’était la guerre, et Mona utilisait toutes ses réserves de nourriture pour faire un gâteau. Comme si c’était le moment ! Et ces enfants, qui étaient-ils ? D’où sortaient-ils ? Il allait falloir ouvrir l’œil.
     Les dix mains mélangeaient les quatorze ingrédients du gâteau.
     De temps en temps, un enfant portait un doigt à sa bouche et souriait. Les autres l’imitaient et souriaient eux aussi.
     Mona laissa la pâte reposer, puis elle l’enfourna en pensant très fort à son Paolo.
Trois heures plus tard, Mona sortit une petite chose noire et rabougrie du four. C’ÉTAIT RATÉ ! Elle avait mis tous ses espoirs dans ce gâteau, et c’était complètement raté. Mona était comme morte, incapable de faire le moindre geste, de prononcer le moindre mot. Les enfants la prirent par la main. À leur tour, ils lui chantèrent une berceuse de leur pays et la couchèrent.
     Un étrange parfum chatouillait les narines des petits pendant leur sommeil. Ils avaient beau se frotter le nez, se retourner dans le lit, le parfum entrait dans leurs poumons, circulait dans leurs corps.
     Une fillette finit par se réveiller, elle se redressa, et écarquilla les yeux. La petite chose noire et rabougrie était devenue un vrai gâteau. Il fallait juste le laisser tranquillement s’épanouir à sa sortie du four, rien de plus. Mais la fillette n’était pas au bout de ses surprises. Dans la cuisine, le gâteau gonflait, gonflait…
     Vite, elle secoua Mona toujours endormie.
     Le temps que Mona enfile sa robe, le gâteau avait encore gonflé. Sans perdre une seconde, Mona l’installa sur une carriole avec l’aide des enfants puis, tous ensemble, traversèrent le village. Le parfum du gâteau se répandait dans les rues, réveillant maisons et leurs habitants.
     Mona, les enfants et le gâteau sortirent du bourg. Ils longèrent des forêts noires, des champs morts, des rivières éteintes. Ils approchaient du champ de bataille. À bonne distance, les villageois les suivaient. Ils ne savaient pas quoi, exactement, mais ils comprenaient qu’il se passait quelque chose d’important.
     Le gâteau, les soldats le sentirent, d’abord. Le nez au vent, ils cherchaient d’où venait ce merveilleux parfum. Puis ils le virent, énorme, majestueux, apporté par une femme et quatre enfants qui le déposèrent sur le champ de bataille et repartirent.
     Complètement éberlués, les soldats regardaient cette brioche qui ne cessait de grossir. « Et si c’était un piège ? » se demandaient-ils. Mais comment un piège pourrait-il sentir aussi bon ? Ces combattants qui avaient vécu si longtemps dans la barbarie et le fracas des armes, en avaient soudain les larmes aux yeux.
     Comme hypnotisés, les militaires se levèrent et s’approchèrent.
     Plus ils avançaient, plus le gâteau embaumait. Les plus hardis le touchèrent… Mmm, il était encore chaud ! Un soldat en arracha un morceau, le porta à ses lèvres… Mmm, que c’était bon ! Ça ne ressemblait à rien de ce qu’il avait mangé ; ça avait un goût d’ailleurs, et en même temps, ça lui rappelait les bonheurs de son enfance.
     D’autres soldats se servirent à leur tour. Des deux côtés, sans se voir, les soldats dévoraient le gâteau de Mona, et peu à peu, la colère et la haine les abandonnaient. Les soldats avaient maintenant fini le gâteau. Repus, épanouis, ils se regardaient. Certains souriaient, d’autres posaient leurs armes à terre, ne sachant même plus pourquoi ils s’étaient battus.
     Mona sortit alors de sa cachette et alla chercher son Paolo.
     D’un peu partout, des femmes, des mères, des enfants surgirent à leur tour de derrière un arbre et vinrent chercher un mari, un fils ou un père. Et bientôt, il n’y eut plus personne sur le champ de bataille. Bref, la guerre était terminée.
     Depuis cette histoire, des deux côtés de la frontière, on mange ce gâteau fait avec les saveurs des deux pays. Et depuis, des deux côtés de la frontière, on a appris à se connaître et à s’aimer.
     
Mona et Paolo ont adopté les petits, ces enfants que Mona avait ramenés sous les bombes avec des framboises et des sourires. 

C’est pourquoi il y a toujours une framboise sur le Gâteau de Paix… Et c’est aussi pourquoi on a toujours le sourire quand on le savoure.

Didier Lévy
Le gâteau de paix
Paris, Éditions Sarbacane, 2004





Et quelques poèmes : 

La mort de l’enfant blessé

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Offrons le globe aux enfants, au moins pour une journée.
Donnons-leur afin qu’ils en jouent comme d’un ballon multicolore,
Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles.
Offrons le globe aux enfants,
Donnons-leur comme une pomme énorme,
Comme une boule de pain toute chaude,
Qu’une journée au moins ils puissent manger à leur faim.
Offrons le globe aux enfants
Qu’une journée au moins le globe apprenne la camaraderie,
Les enfants prendront de nos mains le globe
Ils y planteront des arbres immortels.
Nâzim Hikmet (poète turc 1901-1963) 

© Document issu de SitEColes février 2014 

lundi 11 janvier 2016

Je promeus ce site et moi-même










et mes propres coordonnées
07 70 34 90 72 
et encore
lcomlania@gmail.com 
ou
lania_conteuse@hotmail.com 





 Où que cela se passe le public ne me résiste pas
 preuve en est
 preuve encore

 preuve toujours
 et il rit et il applaudit.
 De joncs (je pique) à genêts (je ne pique pas)
 Qu'il soit question de Géant, 
 de Pommes de terre, de Brocélliande, de Mille et une nuits
 d'Europe ou d'enfants
 de poésie 
 de Pérou
je me dénuderai pour parler de vous  (sens figuré of course)

Samedi soir 10 janvier

Bonjour. 

Soirée contée Maison du Ronceray à Rennes : un délice, de la joie et du bonheur, du rire et des sourires, du silence et de la gravité : quelque chose passe dans la salle de l'un à l'autre de la bonne cinquantaine de spectateurs-trices ayant déjoué pluie et vent tempétueux. Merci. C'était pas gagné. 
Si. 
Objectif : lier les contes d'une introduction menterie à une autre introduction menterie, comme si c'était simple. Cool, ça a marché.
 Restauration légère pour les conteurs
 Entrée en scène, une introduction menterie avec Yssine et une sombre histoire de pot multiplificateur
 Fathia potentiellement et sobrement hilarante avec le conte nommé
 Le crocodile, le singe et le figuier. UN must.
 Lania et le conte du Prince pas si impatient.
 Hannye et le vieil homme qui chantait pour la mer.
 Cendrillon revu corrigé et raccourci.
 la plus charmante des harpistes accompagnatrice du vieil homme qui chante à la mer.
 Jacky qui nous offre un effrayant Barbe Bleu rennais : on ne va pas en bagouler davantage

Et pour finir la soirée Yassine et le conte du conteur remplaçant. Un must aussi. 


Petite histoire dans l'histoire quotidienne.
L'association offre boisson et jus de fruits et gâteaux et bonbons gracieusement compris dans le coût de l'entrée. Et  pourtant, surprise. La jeune enfant qui me tend deux euros. Quel sourire, quand je lui ai annoncé qu'elle pouvait prendre ce qu'elle voulait en gardant son argent. Non ma puce, tout ne se paie pas, qu'on se le dise, surtout autour du conte, surtout pour des enfants : il reste encore, à  l'univers du conte, le goût du partage.


Petite mise en bouche matutinale :
El cielo esta enladrillado
Quien lo desenladrillarà ?
El desenladrillador que lo desenladrille buen desenladrillador serà.

Elle terminait le conte du Prince Rosario le prince pas si impatient que ça de trouver sa belle.

Et pour doubler l'espace de votre cage thoracique et garder le souffle je vous offre ce petit exercice Inspirez, soufflez en comptant de 1 à 100 comme vous désirez mais de 1 à 100. Bon courage.

Quelques commentaires à propos de la soirée contée : 

  • Oui! Oui! Comme c'était bon de se retrouver dans cet univers où la Vie est là à la fois sans ambages et pourtant virevoltante.
  • Vous étiez beaux, drôles un moment de pure évasion....Bravo !
  • Très drôle le coup de lancer les objets
  • C'était vraiment un chouette spectacle on a beaucoup aimé
  • Le potentiel comique de la conteuse au crocodile  est dingue