lundi 29 août 2016

Pourquoi les haricots ont-ils la ligne ? Conte de Boudepaille, Brezh et Harry Cau (ou plus classique Bout de paille, Braise et Haricot)

Il était une fois 
parce qu’une fois suffit bien…. Boudepaille, Braise et Harry Cau


Dans un petit village éloigné de nulle part vivait la Rozenn une vieille très vieille femme sans trop grands biens. 
Un matin dans son jardin, à la fraîche du jour, elle a ramassé ramassé ramassé des haricots verts pour les faire cuire à l'eau bouillante et les servir préparés ail de Garonne pilé et beurre fondu Guérandais aie seigneur le délice hummmmmm..

En ce temps-là il n'y a pas de gaz, il n'y a pas de cuisinière. La vieille femme cuit sa nourriture dans la cheminée. 

La Rozenn prépare son feu. Quatre bûchettes, trois branchettes, deux bûches, une bonne poignée de paille, l'allumette enflamme le tout et le feu huuuuuum il s'allèche. 
La Rozenn verse l’eau dans la marmite noire à l'intérieur cuivré. 
Quand l'eau  plaque 
ploque bloque ploque donc 
quand l'eau ploque à gros bouillons Rozenn la Vieille elle y plonge les haricots verts. Mais dans le mouvement qu'elle fait, la Rozenn, un haricot vert s'échappe et tombe sur le sol. 


 Il vient voisiner auprès d'un bout de paille qui y était précédemment tombé.


Peu après, il est suivi par l'éclat noir jais et rouge rubis d'une braise qui s'installe à leurs côtés.

 

Un bout de paille, un haricot, une braise...
Une telle réunion invite à la conversation. 
C'est BoudePaille qui l'entame.

Bonjour les amis, je m’appelle BoôdePaille et je dois vous dire que j'ai eu chaud dites-donc, un peu plus et vous m'appeliez Jeanne d'Arc. Figurez-vous que j'ai chuté avant de me mêler au  bûcher. Ouf la chance. J'ai échappé au foyer !   Et vous, d’où venez-vous vous?

Bonjour Boudepaille !
Je me présente je m’appelle Braise et je dois dire que moi aussi j'ai eu chaud et figurez-vous que j'ai eu envie de bronzer  je me suis installée quand soudain j'ai compris que j'étais en train de brûler. Alors ma petite voix m'a dit :"allez hop, ma Braise, un salto arrière s'il te plaît sans cela c'est rendez-vous avec l'Anjou et ta mort.  Je l'ai dit je l'ai fait et c'est ainsi que merci la Chance adieu la mort,   j'ai eu la vie sauve. 

"Bravo, j'applaudis, je m'incline et je dis à mon tour "Vive la Chance"   bonjour Boudepaille, bonjour Braise,
je me présente, 
j'm’appelle Harry 







Harry Caux et quand j'y pense, si la vieille femme m'avait jeté dans la marmite, je n’aurais pas pu vous parler. Dans son lancé j'aurais atterri j’aurais atterri dans la marmite, j’y aurais dit trois pauvres bloup bloup bloup, et couac c'était rendez-vous avec Hel, ou Yama ou Mictlantecuhtil* j'étais bouillu, mais n’en parlons plus. J'ai filé entre les maigres doigts de la Rozenn ! J'ai eu de la chance ! Merci la Chance, sans toi, j'étais cuit cuit d'chez cuit ! 

Et maintenant qu'est-ce qu'on va faire  ? 
C’est Braise qui pose la question

Harry Caux prend  la parole « C’est simple nous avons échappé  à la Mort, restons ensembles, soyons amis, partons d’ici ! Gagnons un autre pays, échappons définitivement au malheur ! »

Braise et Boudepaille sont d'accord, ils répondent d'une seule voix  
« Bonne idée, pressons, partons d’ici ! » 


Et c’est ainsi que les trois nouveaux ami Boudepaille, Braise et Harry Cau se sont mis en marche vers l'aventure. 
Ils ont marché marché mais bientôt un ruisselet les a arrêtés. Un ruisselet qui n’avait ni passerelle ni caillou pour rejoindre l’autre côté, pour traverser même à cloche-pied. 
Deux d'entre eux sont perplexes. Mais alors qu'ils se questionnent dans leur tête,  comment je vais faire pour traverser le ruisselet, le troisième leur répond comme s'ils les avaient entendus.  : 
« C'est simple,  comptez sur moi ! »

"A quoi penses-tu Boudepaille ?" 

« Regardez !"  Sous les yeux de ses nouveaux amis Boudepaille s'allonge d'une rive à l'autre du ruisselet et comme leur tête l'amusent, Boudepaille se met à chanter Ah ça » répond Boudepaille la voix rieuse, «Traversez, c’est un ordre ! ».

Le temps d'un quart de tour,   ils découvrent que Boudepaille s'est allongée de tout son long d’un bord de rive à l’autre du ruisselet et qu'elle les invite en chantant  à traverser sur son dos si je puis l'écrire. En tout cas elle chantonne 
 "allons passe passe passe allons passe donc"
allez passez... vous vouliez un pont, vous l'avez passez
et elle se remet à chantonner
"allons passe passe passe allons passe donc..."

OK Boudepaille c'est une idée généreuse, répond Braise
"Généreuse Braise, peut-être mais dangereuse oui ça c'est sûr" répond Harry Cau "Mais vois-tu si...."
Braise le coupe
Il n'y a pas de "Mais vois-tu si... car avec des vois-tu si, justement on ne voit rien. C'est tout réfléchi,  moi j'y vais...."

Braise est hardie et enthousiaste. Elle n'y va pas, elle y court. Mais au milieu de la traversée elle s'arrête : et si je tombais dans les remous du ruisselet ?

GROS POINT D'INTERROGATION

La lenteur de la réponse est mortelle. Braise qui ne se savait pas amoureuse de Boudepaille l'enflamme. Boudepaille craque. Elle s'enflamme. Ruisselet emporte les  deux passionné-e-s en quelques tourbillons.
Affaire classée ?
Pas encore.

L'étonnante disparition des deux amis laisse Harry Cau stupéfait.  Il pense que c’est bien triste. Mais qu'après tout c’est de leur faute. Il les avait  prévenus.  Finalement l'histoire le fait rire. Mais Harry Cau rit si fort qu’à la fin, il se fend en deux de rire, des pieds à la tête tout le long du dos.

Et il aurait pu disparaître comme ses nouveaux amis si un jeune hérisson n'avait  été attiré par son rire. Il a salué Harry Cau
« Bonjour, je suis Héry Çon tailleur de  métier, comment tu t’appelles, pourquoi ris-tu ? »
Ça se voyait qu'il était tailleur, à sa taille pendaient des bobines de fil et une paire de ciseaux ; sur son dos se dressait tout un choix, d'aiguilles. 
Harry rit encore. Il répond l'air essoufflé 
« Je m’appelle Harry Cau, je ris parce que..." et il raconte tout ce que vous savez.
Héry Çon remarque sa blessure. 
« Tu es blessé, il faudrait suturer, laisse-moi faire, je vais te recoudre »  
Héry Çon prend un fil noir dans une bobine accrochée à sa taille et une aiguille sur son dos. Fil dans l'aiguille, il dit 
« Inspire courbe-toi expire ! » 
et dessous dessus dessous dessus, passe l'aiguille, tire le fil 
inspire courbe-toi, inspire souffle 
et dessus, dessous, dessus dessous passe l'aiguille, tire le fil
inspir expir 
inspir expir
Héry Çon le tailleur dit bientôt « C’est fini »
et Harry Cau lui répond
« Je te remercie Héry Çon»

Qu’est devenu Harry Cau ? Il a une très grande famille. 
L’un des signes de reconnaissance est le long trait vert noir foncé 
ou blanc ou rouge que chacun porte dans le dos. 
Doutez-vous de mes mots ? 
Observez un haricot. 
Vous saurez  que cette histoire n’a rien de faux. 

A bientôt

* Mitclantecuthil : Mictlantecuhtlisignifie littéralement en nahuatl "Seigneur du domaine de la mort" est le dieu qui règne avec son épouse Mictecacihuatl sur le Mictlan, le royaume des morts.

Images empruntées à Pixabay
Ecrit par Lania, le 31 août 2016

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