samedi 22 mars 2008

J'entends cet homme parler et je pleure autant que je ris

aujourd'hui vendredi saint. Quelle réalité, si ce n'est ce vent qui soi-disant soufflera tout au long de 2008 ! Je m'interroge : jusqu'à la musique de Mission qui est l'une de mes préférées, jusqu'au stabat mater dolorosa de Pergolèse qui m'a maintenue en vie au même titre que la biographie de Francis Cabrel tout m'interpelle. Je lui ai piqué un texte, presque en entier je vous le confie : l'universel il n'y a que ça qui m'intéresse. C'est ma seule conviction.
"....Bien. À deux conditions, Laurent et Claire... Deux conditions! Dans cette préparation du mariage qu'on a faite ensemble, je vous l'ai dit: votre couple d'abord ! J'entends parler souvent les couples qui parlent des enfants. Je dis: d'abord vous ! Je suis le troisième d'une famille de pauvres, on était quinze... Cet amour que nous portaient mon père et ma mère, oui. Mais le roc de votre vie, ce sera l'amour que vous porterez l'un l'autre.
Je ne fais que rendre, comme prêtre, l'amour que j'ai reçu d'un homme et d'une femme: mon père et ma mère. Ma mère qui a rendu le dernier soupir dans mes bras, il y a quelques mois. Votre couple d'abord ! Les obligations de votre rang vous prendront du temps, ton travail de géomètre aussi. Mais d'abord, vous deux !
Aimez votre différence. Aimez que l'autre soit différent. N'oubliez pas: respectez-vous infiniment. Le respect, c'est le plus beau nom de l'amour. Je connais votre coeur universel, déjà. Que votre porte soit ouverte aux quatre vents de l'amitié.
Que les plus petits soient servis d'abord. C'est là, Laurent et Claire, que vous serez vraiment prince et princesse. Vos enfants: ils seront les étoiles de berger de vos vies. Donnez-leur les valeurs que vous avez reçues de vos parents. Des valeurs strictement laïques, d'abord universelles. On n'a pas besoin d'être chrétien pour avoir des valeurs. Valeurs profondément laïques de respect, de tolérance, d'amour de l'autre. Donnez-leur les valeurs religieuses et morales que vous avez reçues tout petit. Aimez-les, que votre travail ne vous dévore pas. On ne rattrape jamais l'amour qu'on n'a pas donné quand ils sont si petits dans le nid, si fragiles. Et j'en sais quelque chose, dans mon métier d'éducateur spécialisé.
Enfin, à vous, les médias qui êtes venus, honorez cet amour. Valorisez l'amour. Cette image qui est transmise dans le coeur de tant de Belges, maintenant.
Valorisez la fidélité. Dites à travers vos écrans et vos micros l'immensité de la beauté de la personne. Dans son coeur d'abord.
Valorisez l'enfant qui dort dans le ventre de sa mère comme l'enfant qu'attendent Astrid et Mathilde. Valorisez ce maillon le plus fragile de la vie qui est l'enfant qui dort dans le ventre de sa mère.
Valorisez aussi le vieillard qui s'éteint. Tant d'anciens meurent, seuls, dans les hôpitaux maintenant. Laurent et Claire, valorisez ces deux maillons de la chaîne de la vie, le plus petit qui dort dans le ventre de sa mère et le vieillard qui s'éteint. Aimez-vous en vérité, dans votre vie privée, parce que vous en aurez une et c'est très important. Que votre amour soit rayonnant. Soyez des rayons lasers. Vous êtes des personnes publiques, que votre vie soit exemplaire, Claire et Laurent.
Enfin, vous avez pris des textes très courts sur l'amour, on les a choisis ensemble. N'oubliez pas - le cardinal Danneels vous l'a dit tout à l'heure - seul l'amour de Dieu vous rendra fidèles et vrais dans votre amour, seule la puissance de ce sacrement que vous avez reçu vous donnera la force.
Enfin, un petit conseil, un énorme conseil: ne vous couchez jamais, Claire et Laurent, sans vous êtres demandés pardon. Sachez dire pardon. Tant de couples se sont quittés parce qu'ils n'ont pas su le dire. Jour après jour, soyez, tous les deux, des êtres de miséricorde".
Je vous dédie cette belle histoire vraie, une des plus belles que je connaisse. C'est une des plus belles histoires vraies que je connaisse. Je la dédie à vous, Paola et Albert, Nicole et Nicholas, Maria et Henri, tous ceux qui s'aiment, tous ceux qui ont réussi à tenir le coup dans la fidélité. Et puis je le dédie à ceux qui peut-être dans cette assistance sont séparés, divorcés, remariés. Dans quelle souffrance vivent souvent des gens dans le monde d'aujourd'hui? Alors à tous et toutes, je vous dédie cette histoire. C'est l'histoire des foulards blancs.
Un adulte de vingt ans avait sali ses parents. Une affaire qui détruit un peu la réputation des parents. Et le père a dit à Jean qui avait sali sa famille: «Jean, fout le camp! Et ne remets plus jamais les pieds à la maison ! » Alors Jean est parti, la mort dans l'âme, mais il est parti.
Et puis quelque temps plus tard, il s'est dit: «Je suis vraiment une ordure, un salaud; alors je vais demander pardon à mon père.» Mais il avait tellement peur que son père le jette de la maison, alors il lui écrit et dit: «Papa, vraiment, je vous ai salis, je te demande pardon. Je voudrais tant revenir à la maison. Je t'écris, je te mets pas d'adresse. J'ai tellement peur que tu me dises non. Si tu me pardonnes, mets un foulard blanc, je t'en prie. Sur le pommier devant la maison, tu sais la grande allée des pommiers qui conduit à la maison. Mets un foulard blanc sur le dernier pommier.»
Et puis, quelque temps plus tard, il dit à son frère et ami Marc: «Je t'en supplie Marc, accompagne-moi, voilà ce qu'on va faire. Je te conduis jusqu'à la maison. A cinq cents mètres de la maison, tu prends le volant, je me mets à côté à la place passager, je ferme les yeux. Lentement, tu descends l'allée des pommiers. Tu t'arrêtes. S'il y a un foulard blanc, alors, je foncerai à la maison... S'il n'y a pas de foulard, jamais plus je ne reviendrai»
Ainsi dit, ainsi fait. Cinq cents mètres. Jean donne le volant à Marc. Jean s'assied à la place passager, ferme les yeux et lentement la voiture descend la grande allée des pommiers, jusqu'au dernier pommier devant la maison. Et Jean, les yeux fermés, dit à Marc: «Je t'en supplie Marc, mon père a-t-il mis le foulard blanc ? Dans le pommier, devant la maison ?» Et Marc lui dit: «Non, non Jean, il n'y a pas de foulard, dans le pommier devant la maison, mais il y en a des centaines, tout au long de l'allée...»
Frères et soeurs, bien-aimés, partez de cette cérémonie avec des foulards blancs dans votre coeur. Soyez, Claire et Laurent, des êtres de miséricorde. Soyez-le tous, frères et soeurs.
Le monde crève de manque de miséricorde. Catholiques, protestants, orthodoxes, musulmans, juifs, bouddhistes, athées, agnostiques, soyez des êtres de miséricorde."

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