mardi 28 février 2017

Le conte de Monsieur Tronchet (inspiré d'un conte d'origine japonaise auquel

j'associe madame Muriel BLOCH.

Mur usé
trou s’y fait
rat s’y met
chat l’y prend

Mur pourri
trou s’y fit
rat s’y mit
chat l’y prit

la roue sur la rue roule
la rue sous la roue reste

Sorti sans parapluie
il m’eût plus plu 
qu’il plût plus tôt

Silence, ceci est secret
Si ceci se savait
Si ce secret se sauvait…
Ciel ! Cesi serait su.

Ce goulu a voulu tout ce qu’il a vu sur le menu

Chouettes chaussures

Il était une fois
c’était il y a longtemps : Rennes gagnait pour la première fois le 
Championnat de France de Football. C'était en 1971

Et justement, des enfants jouaient à ce sport au milieu d’un terrain vague 
du côté de la rue Pierre Varin.


Le ballon lancé retombe derrière un buisson. Tous les enfants partent à 
sa recherche. Mais, plus de ballon. Seulement un trou, un trou noir 
et profond.

Les parents font dresser une palissade.  « Interdiction de venir 
jouer sur le terrain vague » Les enfants sont obéissants. Ils obéissent. 
Mais pas Monsieur Tronchet qui portait le nom d’une ferme du quartier. Lui, il s’interroge : "c’est quoi ce trou ?"

Une nuit, il enjambe la palissade, lance une corde à la longueur 
impressionnante mais tout de même, et entreprend la descente. 
Il descend il descend il descend. La lumière sur son front danse sur 
les briques du puits. L’ambiance est un rien fantomatique.
Il descend il descend il descend "Mais depuis combien d’heures 
je descends ?"
Il descend il descend il descend "Mais, quand vais-je arrêter de 
descendre ?"

Les choses arrivent quand on ne les attend pas (vidéo par Maurepas TiVys)

Les choses arrivent quand on ne les attend pas : enfin Monsieur Tronchet  
pose les pieds sur un sol mou et une atmosphère pleine d’obscurité.
Là-bas sur la droite de son regard, tout au bout du boyau noir il aperçoit, 
en cillant des yeux un éclat lumineux.


Il marche marche marche ; au bout du boyau il découvre une ville, détruite 
ou en travaux, peut-être même en reconstruction.

Il marche marche marche. Chose étrange il ne croise personne mais, chose surprenante il entend une voix de femme. Qui pleure. Il frappe à la porte 
N° 44 « Entrez » dit la voix. Monsieur Tronchet découvre la femme recroquevillée sur un canapé.

« Je suis l’unique témoin
les monstres ont dévoré hommes femmes et enfants, la nuit ils viennent 
me chercher, ils veulent me dévorer. Mais je me cache, là, dans cette malle. 
Ce n’est pas une malle, c’est un T1. Couchons-nous y, c’est l’heure, la nuit tombe, vous les entendrez comme je les entends ! »

Pour les entendre, ils les ont entendus. Grincer, hurler, rugir.
La femme s’accrochait au cou de Monsieur Tronchet.


Au matin Monsieur Tronchet demande à la femme de lui apporter de 
grandes feuilles de papier, des pinceaux aquarelle, des couleurs, de l’eau. Seules manquèrent les couleurs. Elle lui apporta un carré noir. Et grâce 
au carré de pierre, grâce au pinceaux imbibés d’eau les gris, foncés ou 
clairs ont fait, les chats, apparaître : des gros chats, des chats gras, des châtons, des chats aux yeux d’or, des chats de dos, avec des crocs, 
des chats de face, toute sorte de chats jusqu’aux pas de chat. 

Il peignit jusqu’à midi. Il sortit et sur les murs encore debout il colla 
les portraits de chats. Puis il rentra. Après le repas elle lui ordonna 
d’entrer dans la malle façon T1 et elle referma le couvercle. Elle était 
morte de peur : "Ils veulent me trouver, ils me trouveront" et elle 
gémissait tant la peur au ventre, que celui-ci en gargouillait.
Au milieu de la nuit, dans la malle, ils entendirent hurlements de 
monstres contre miaulements de chats... Ils imaginèrent les combats. 
Pauvres chats !

Le lendemain les chats avaient bel et bien disparu des feuilles et nulle part 
on ne pouvait les voir.

La nuit suivante, tous deux dans la malle façon T1, attendirent. Il est 
parfois bon de ne rien attendre. Elle n’y croyait pas. Silence complet. 
Jusqu’au matin.Elle remercie Monsieur Tronchet. Elle lui propose de 
rester. Il évoque sa femme ; sa fille, Florence... "Elles m'attendent. 
"Au revoir, portez-vous bien maintenant".  Il s'éloigne. Remonte 
le boyau, retrouve la corde, et grimpe. Il grimpe, il grimpe 
"Mais depuis combien d’heures je grimpe ?"
Il grimpe, il grimpe, il grimpe 
"Mais quand vais-je arrêter de grimper ?"

Quand il sortit du trou il s’étonna. Il n’y avait ni palissade, ni terrain 
vague, même plus de trou, disparu le trou, et  ses pieds traversaient 
un carré de pelouse et longeaient des immeubles.  Hébété, titubant 
regardant de droite 
à gauche il remarque que le terrain de sport comme l’école ont disparu. 
Qu’ils ont cédé la place à une salle de spectacle. Qu’on y entend chanter 
Carmen. Qu’il y a  une bouche de Métro.

Monsieur Tronchet cherche sa maison. Qu’ont-ils fait de sa maison ? 
qu’ont-ils fait du boulevard Rochester. C’est à tomber par terre. 
Mais il frappe à une porte. « Je cherche… »
« La famille Tronchet, jamais entendu ce nom-là ! »
Il frappe à une autre et une autre encore et c’est alors que la personne 
la plus âgée de la Maison de Retraite, visage agréable auréolé d’une belle 
toison blanche, semble se souvenir
« Ce nom me dit…. me dit quelque… dites madame s’il vous plaît ! »
« Je veux bien, at-ten… ça y est vous pourrez les trouver au...
au cimetière ! »

Fontaine, Longs-Près, commissariat, Héronnière, Chapelle Saint Laurent, 
Monsieur Tronchet remonte le quartier vers le Nord. Il court. Les graviers 
crissent sous ses semelles C… H… E… T
il a trouvé. C’est celle-là. A genoux sur les graviers, Monsieur Tronchet, 
-du nom de la Ferme du Tronchet, tire tire sur la broussaille enchevêtrée. 
Et il tire encore et encore et si fort qu'une voix aigüe s'écrie  
« Aïe, aïe… arrête Pascal Tronchet,
tu m’arraches les cheveux !!! »

Je vous entends rire. Vous avez raison. Il y a de quoi rire.
Vous avez trouvé : Monsieur Tronchet rêvait.
Et moi je vous dis que non seulement Florence, son arrière arrière petite-fille 
en rit encore en écoutant l’histoire que son arrière arrière grand père 
contait. De fait,  elle a de qui tenir : interrogez-la   sur Maurepas 
d’hier et d’aujourd’hui elle sait beaucoup, marché compris... 
qui va déménager.
Ici, l’histoire finit…
Pourquoi ? Parce que
la roue sur la rue roule
la rue sous la roue reste
Qui l’a dit ?
La Souris pardi.



Lania, le 28 février 2017 - 07 70 34 90 72 - https://lcomlaniablog.blogspot.com

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