jeudi 12 avril 2007

La figue et le paresseux - 1ère partie



Je lis ce texte aujourd'hui et je me rappelle en effet la courte lecture d'une histoire algérienne qui m'avait faite mourir de rire. Je dépose, pour le plaisir des mots, le texte d'Alphonse Daudet.

La Figue et le Paresseux


Dans l'indolente et voluptueuse petite ville de Blida, quelques années avant l'invasion des Français, vivait un brave Maure qui, du nom de son père, s'appelait Sidi Lakhdar et que les gens de sa ville avaient surnommé le Paresseux.

Vous saurez que les Maures d'Algérie sont les hommes les plus indolents de la terre, ceux de Blida surtout ; sans doute à cause des parfums d'oranges et des limons doux dont la ville est noyée. Mais, en fait de paresse et de nonchaloir, entre tous les Blidéens, pas un ne venait à la ceinture de Sidi Lakhdar. Le digne seigneur avait élevé son vice à la hauteur d'une profession. D'autres sont brodeurs, cafetiers, marchands d'épices. Sidi Lakdar, lui, était paresseux.

A la mort de son père, il avait hérité d'un jardinet sous les remparts de la ville, avec de petits murs blancs qui tombaient en ruine, une porte embroussaillée qui ne fermait pas, quelques figuiers, quelques bananiers et deux ou trois sources vives luisant dans l'herbe. C'est là qu'il passait sa vie, étendu de tout son long, silencieux, immobile, des fourmis rouges plein sa barbe. Quand il avait faim, il allongeait le bras et ramassait une figue ou une banane écrasée dans le gazon près de lui ; mais s'il eût fallu se lever et cueillir un fruit sur sa branche, il serait plutôt mort de faim. Aussi, dans son jardin, les figues pourrissaient sur place, et les arbres étaient criblés de petits oiseaux.

Cette paresse effrénée avait rendu Lakhdar très populaire dans son pays ; on le respectait à l'égal d'un saint. En passant devant .......


... à suivre

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