jeudi 18 mai 2017

#PierreMartial, journaliste et chroniqueur et bloggeur. Rejoignons-le

#lire #bibliothèque lire lisons lisez

Hier j'ai conté. J'ai conté "La petite Marie" et son échappée de bastide sudouestine jamais nommée.
J'ai conté ce conte-moovie extrait d'émotions personnelles
Conter me rapproche de mon père, si peu fréquenté et dans ce si peu, à chaque fois trop douloureusement.
Nous avons tous une petite Marie en tête et pour le moins, la dite mère de Jésus ou encore celle, délicate,  de Francis Cabrel
Conter cette petite Marie me rapproche de mon père, puisqu'il a quitté la bastide tout comme elle, pour se réfugier dans la région où je vivais.
Mon père aimait lire, aimait me lire.
J'ai eu la chance de partager l'intimité de la lecture et surtout celle de l'écoute, le soir auprès de lui.
J'ai eu la chance de partir en promenade en sa compagnie, bras dessus bras dessous.
J'ai eu la chance, malicieuse, de glisser ma main dans sa poche, comme si de rien n'était et d'y découvrir de minces et longs tubes,
en clair déjà des stylos ;
ou encore d'y deviner des crayons à papiers aux formes étoilées sous mes doigts,


ou encore son beau stylo à encre, noir, lisse, et tout ventru reconnaissable à sa pince soupçonnée dorée, qu'il accrochait parfois à la poche intérieure de sa veste. Qu'il m'interdisait, celle-ci. Par jeu, plus que par goût de l'autorité.
Mon père est encore aujourd'hui un homme doux. Il ne m'a jamais frappée*
Doux comme sont doux ceux qui lisent

Parfois encore, dans la poche extérieure de cette veste, une gomme. Parfois même un taille crayon. Oh pas les taille-crayon que les enfants connaissent aujourd'hui. Non un taille-crayons de professionnel. Jetons ce terme "professionnel" lancé à la tête de tous  en un temps où nombreux sont ceux qui n'ont plus le privilège de l'être. Choisissons plutôt celui d'amateur de mines bien épointées, de mines si fines que l'écriture m'en paraissait miraculeuse. Un taille-crayons avec un manche de bois et une drôle de lame arrondie et facettée-biaisée
J'ai eu la chance qu'il y en ait toujours eu un, pour moi, celui qu'il me disait de prendre, au hasard, excepté son stylo à encre,
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son doux sourire aux lèvres faisant semblant  de croire qu'il n'avait rien vu. Jouant le jeu de mes découvertes, de mes envies, de mes petits vols par lui consentis, il me caressait la tête en disant "ah ma chipie de fille !"
Mon père ne m'a jamais frappée*
Il est encore aujourd'hui un homme doux.
Celle avec laquelle il vit lui a enlevé tous ses livres.
Sa dernière phrase récente regard levé vers moi "il faudra bien que cette histoire finisse un jour" doux sourire sur ses 94 ans.
Mon père, un homme doux qui ne m'a jamais frappée.
Rendez-vous douceur obligatoire.
Eprouvante conscience soudaine.


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