Je m'en tiendrai immédiatement à ces seuls mots espagnols pour vous raconter que le fait se passe à l'un des angles de la place du Parlement, son esplanade, son bâtiment, ses quatre représentations dorées sur le toit se découpant sur le ciel exceptionnellement lumineux.
Un Monsieur, plus ou moins de la taille de mon père, c'est à dire grand, et visiblement quatrième belle génération, fort et fragile comme mon père, se tient debout, tête en l'air, plan en main. Il me semble évident qu'il cherche un repère. Plutôt Soleil et Voie Lactée que rue St Georges mais pourquoi ne pas l'aider. Je suis un rien tantinet berger des Pyrénées. Je tente.
Mon engouement le surprend. Il me répond, ô mes oreilles, dans un superbe accent du sud-ouest "je m'excuse je n'entends pas" Elevant la voix, je précise "Vous êtes du Tarn et Garonne ?" Il ne m'entend pas mieux. Il tend la main "Voilà ma fille" Je fais la connaissance de Nieves. Elle est un peu intriguée.
Je suis chaleureuse, je la rassure immédiatement. Je tiens en main les supers bonbons d'un chocolatier réputé rennais. Je les tends. Surprise, rires et refus. En riant elle précise que son Papa est français et qu'il est de Mont de Marsan. http://www.sudouest.fr/2013/06/28/landes-nos-idees-de-sortie-pour-le-week-end-1100004-3452.php-
Je rêve. 1961. Mes premières vraies vacances, ma première découverte de la réalité affolante des vagues. Vont-elles me rattraper ? Vais-je pouvoir leur échapper ? Et à l'instar de Compère Guilleri, moi de courir de courir. La seconde découverte, celle du fait militaire. Sur la base du même nom je fais du vélo. En compagnie du commandant de la base, Monsieur Mondran. Elle s'appelle Frédérique. Soudain."Halte-là qui vive !"La trouille. Le soir tombe, je me retourne sur la pénombre. La silhouette du militaire se découpe sur les derniers balbutiements du jour. Frédérique s'arrête. Je n'y parviens pas. Je ne sais même plus où sont les freins. C'est sûr, moi la fille d'un autre militaire, je vais mourir sur un champ de paix. Je tremble tellement que je n'arrive à rien. La nuit s'approche. Je vais m'évanouir. Je fais plus pragmatique . Je tombe de vélo.
Fusil en main, c'est le soldat qui me ramasse. "Tu as vraiment eu peur ?" Je ne suis pas très fière de moi. J'ai dix ans-
Revenons à Rennes. L'instant est aimable, joyeux, souriant. La rue Saint Georges et ses maisons à pans de bois peints rouge bordeaux plaisent à Nieves. On évoque mon accent et Toulouse que Nieves connaît. Je leur aurai bien proposé une visite de mon Rennes à moi, mais ils ne doivent pas tarder : ils sont sur le départ. Je donne ma carte, sans arrière pensée autre que amicale. Je pense à Emmanuel Mounier dont j'ai longtemps eu sur moi une phrase dans laquelle il prétendait que ce type de rencontre est un plus. Je suis d'accord avec lui.
Belles découvertes Nieves, belle découvertes Monsieur, beaux et bons plaisirs avant votre retour. Amitié. à vous.
Et juste pour la curiosité cet autre lien qui me fait penser que j'aurais pu m'appeler Nieves aussi : http://www.signification-prenom.com/prenom/prenom-NIEVES.html
Randonnée prévue dans le Jardin du Chêne Joli. Pour cause de pluie, le 5 mai 2012, la randonnée devient immobile. La journée jardin se passe dans le hall des sports. Le public est mixte. Les oreilles sont belles. les enfants se précipitent à l'atelier peinture pour peindre Albert le papillon désobéissant. Reste aussi un souvenir émouvant. Y assistaient des résidents de la maison de Retraite. L'un d'eux ne perdait aucune parole. Je vais le remercie. Réponse. "C'est vous que je remercie. Vous m'avez fait décoller. Ce n'est pas facile. Regardez"
Il relève l'une des jambes de son pantalon. Il n'a pas de jambe.
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