dimanche 22 août 2010

Snoopy me promène, canal St Martin , encore plus loin on rentre

D'oreille : "Pendant que le monde bavarde à rien d'important" (Francis Cabrel que j'aime en dehors de tout accent)les plis des jupettes dansent sur les terrains de tennis et les balles de ping pong valsent sur la partition aquatique.
Mais chut, trois pierres tendent l'oreille au fil de l'eau. Contradiction, prise sur le vif : véloter en fumant son cylindre cubain. Luisa es-tu là ? Elle est là Luisa, mais elle ne m'entend pas, absorbée qu'elle est à découvrir celui-ci qui visiblement fait son "Kéké !" Moi je découvre cet autre qui fait aussi son "Kéké" en se promenant sous l'eau sans utiliser son masque de plongée. Prétentieux va. Snoopy s'affole. Toutes ces bulles ! Comme elle est intelligente, elle comprend, à n'en pas douter, que quelqu'un se noie. Je veille. "Non Snoopy, tu n'as pas à aller le chercher". Elle est mignonne la délicieuse, elle meurt d'envie de sauver l'imprudent cycliste, elle meurt d'envie de se jeter à l'eau. Sacrée chien des Pyrénées va, Catalan qui plus est. Ahhhhhhhh ma main va quitter son poignet. Snoooooopy, j'ai dit non. Je n'ai pas emporté mon maillot guépard. Assis ! je vais faire la photo du siècle. Pas facile de faire une photo chienne au poignet. J'y vais. D'abord je vous explique. Celle-ci, pour vous dire que je veux prendre dans l'ombre du jogger pour vous faire croire qu'il émerge de la bouche d'égoût et celles qui suivent pour vous démontrer que anticiper n'est pas simple. Question d'appréhension, de vision, de rapidité. Et la rapidité, je dois le dire, devient de moins en moins mon fort. (N'est-ce pas Amaury ? Danger. On n'est pas obligés de rire. Rappel : tout flatteur vit aux dépends de celui qui l'écoute. ça vous ennuie ? Moi aussi. De guerre lasse je me suis laissée aller au plus simple. Et juste après j'ai relevé la tête. Il me regardait l'air un peu surpris. J'ai tout de suite voulu le rassurer "Je n'ai pas pris votre visage" me suis-je égosillée. Il m'a souri et fait un signe de main en direction du canal. J'étais gênée. Comment traverser la rivière ? Je me suis relevée -j'étais comme qui dirait à ses genoux- et l'air de rien, j'ai fait demi tour. Et surtout je ne l'ai plus regardé. Alors que j'en mourrais d'envie. Il me rappelait un ange, un danseur, Nijinski. Il semblait être, comme lui, la légéreté personnifiée. Je l'imaginais faisant déjà 7, 8, 9 entrechats, dix pourquoi pas, comme Nijinski faisait en un seul saut. Moi qui rêvait d'être ballerine, moi qui usait toutes les pointes de mes souliers au grand désespoir de ma mère, moi qui.... soudain, là au bord du canal d'Ile et Rance, je fais quoi ? Je me prends pour la belle Anna Pavlova. Et je danse ? Non, trop la honte, comme disent les jeunes. Je laisse aller mon regard. Sans que je m'en aperçoive, il file la feuille au long de l'eau.
Heuh non bien sûr, Snoopy au poignet me ramène à la réalité. Je bats la retraite et fais semblant de m'absorber dans la contemplation d'une batterie de canards dont l'un descend étrangement la rivière al revez.
Je fais de même. Oui da Snoopy, ça tire autour de ton cou. Suis-moi un point c'est tout.

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