Elle est seule sur la plage. Qu'y fait-elle ? Elle s'interroge.
Elle a descendu l'escalier Marguerite Duras. Pas facile. Les marches sont hautes. La rambarde s'époumone à le remonter.
Elle avance. Pas de vent. Pas de vague. Ce sera plus facile. Tu vas le faire nigaude. Elle s'interroge. C'est plus prudent. Le ciel s'est mis aux couleurs de son corps, de son coeur. Elle avance, pas de vent, pas de vague, pas même l'ourlet blanc laiteux. Rien. Pas même une mouette. Rien. Pas même un chien. Pas même le chien du maître. Personne. Le jour s'est mis au diapason de son corps, de son coeur. Toutes ces mauvaises nouvelles qui la harcèlent depuis, depuis, de... peu importe.
Et les objets qui s'y mettent. Après le réveil, la radio, la TSF comme elle a toujours dit, la TV comme elle a appris à dire, après l'ordinateur, ben oui, quoi ça vous étonne, après la machine à laver, la cuisinère, le téléphone,le frigo. Ce matin dès l'aube.
Elle aime se réveiller tôt. Plus de lumière. ça c'est pas grave. Plus de froid. ça c'est trop. Elle adore les glaces. Elle ne mange que ça. Ou presque. Parce qu'elle rêve quand elle mange des glaces. Elle voit bleu, bleu absinthe, elle entend multicouleurs. Ces perroquets merveilleux qui vont par deux. Deux, ah deux, à deux ! C'est fini j'en veux plus.
Pas facile cet escalier. Surtout avec cette rambarde qui remonte. Descendre, je veux descendre. Elle lutte. Elle a toujours lutté. Elle ôte ses souliers. Ils pourront servir à quelqu'un d'autre.
Elle avance. Le ciel s'est mis au diapason de son corps, de son coeur. Gris souris. Souris souris. Elle ne peut plus. Elle avance. Elle avance, pas de vent, pas de vague, pas même l'ourlet blanc laiteux. Rien. Pas même une mouette. Rien. Pas même un chien. Pas même le chien du maître. Personne.
Rien ? Pourquoi nier. "Où vas-tu ?" dit-elle.
Je ne vais pas, j'attends.
Elle ne l'a ni vu, ni entendu venir. On dirait un ange. Les cheveux noirs, la bouille ronde. Quel âge a-t-il ? Il ne manquait plus que celui-là. Comment fera-t-elle ?
Je ne vais pas, j'y suis.
"Comment ça tu y est ?"
Je suis au rendez-vous ? Quel rendez-vous, de quoi parles-tu, tu devrais être à l'école ? Ah non Madame il .... Maggy, pas Madame. Il n'y a pas école Madame, pardon Maggy"Il a l'oeil rieur.
T'attends quoi ? Le thon de la tata du papa de mon papa !
Le thon de la tata du papa de ton papa ? Dis-m'en plus. Sa voix est douce, attentive.
Il hurle soudain en s'échappant, "le voilà, voilà le thon de la tata du papa de mon papa. Et dire que je n'y croyais pas à l'histoire de mon papa" Il fonce vers le rivage. Elle le suit. Quel enfantillage. Mais comment deviens-tu Maggy. Tu suis les petits enfants maintenant. Elle arrive. Elle est ébahie. Un thon un vrai sort de l'eau. Etrange, il porte des lunettes rouges sur le nez. Il rit.
L'efant trépigne à ses côtés, c'est toi, j'y crois pas, c'est toi, je m'ahuris de te voir. Tu es vraiment le thon de la tata du papa de mon papa ?
Incroyable. Le thon répond. Faut dire que c'est de bon ton de répondre quand on est interrogé. Il dit que non. Non quoi ? Je ne suis pas le thon de la tata du papa de ton papa. Je suis son fils. Moi je m'appelle Scaro. Lui il s'appelait Oscar. Quant à moi aujourd'hui j'ai rendez-vous avec L'enfant et Maggy. Je cherche un endroit. Vous les connaissez ?"
Maggy est hébétée, inteloquée, éberluée. Elle passe une main sur ses yeux, elle se penche pour toucher la vague, peut-être rêve-t-elle ? Mais c'est bien sa main qui a obscurci son regard, c'est bien la vague qui a touché le dos de sa main. Ce sont bien les yeux de l'enfant qu'elle croise. Il attend la réponse.
Alors j'attend la réponse, tu connais un endroit Maggy ?
Un endroit ?
Ben oui, un endroit ! Si je dis à mon papa que j'ai retrouvé le thon de la tata de son papa qu'il s'appelle Scarro et qu'il cherche un endroit, mon papa ne me croira pas.Maggy répète : un endroit ?
Le thon s'y met. Sans monter le ton. "Ben oui quoi, vous devez bien connaître un endroit où je pourrais baigner dans l'eau et raconter des histoires ?" Raconter des histoires ? répète Maggy rêveuse.
Ben oui, des histoires !
Elle a un flash. C'est ridicule ! Mais pourquoi pas ? "Suivez-moi" dit-elle. Ils la suivent. L'enfant derrière le thon, le thon derrière elle. L'enfant, Scarro, Maggy.
La rambarde s'ingénie à monter avec eux. C'est plus facile pour tout le monde.
La porte s'ouvre.
Grenadine ? Grenadine.
Et pendant que l'enfant et Scarro discutent et chantent autant qu'ils peuvent en se désaltérant -la grenadine, c'est la boisson préférée du thon et c'est pour cela qu'il a la peau rouge- et malgré elle, elle elle tronçonne, elle polit, elle bricole.
L'eau coule. Le Frigo devenu aquarium se remplit. Maggy invite Scarro à plonger dedans. Scarro plonge, nage et réapparaît. Il demande ses lunettes rouges. Sans elle il ne peut pas raconter d'histoire. Il veut raconter une histoire. L'enfant veut bien une histoire. Marguerite aussi. Il était une fois.
Pourquoi pas.
Quelques phrases plus loin,.... c'est vrai cette histoire de brouette, d'algue, et d'Oscar ?
Scarro répond "Je vous laisse imaginer". Et dans l'eau du Frigo il disparaît.
Une sonnerie. Maggy se réveille. Sourit. Enfile sa jolie tenue de jogging. Bonjour. Je ne vous attendais pas.
Je vous ai vu courir hier sur la plage. je m'appelle Scarro. Si nous allions courir ensembles ?
Elle cherche ses lunettes rouges.
On n'va pas les suivre tout de même. Il est temps de fermer l'ouvrage. FIN
Tout ça "Parce que la mer est partout, tu verras, même dans le coeur des gens qui vivent autour". Texte et Photos pour découvrir avec votre ou vos enfants une histoire émouvante.
Editions "Où sont les enfants ?" Derrière la rue. 46240 Vaillac
Mais c'est du côté de la bastide de la Petite Marie le 46. Non loin du 82.
1 commentaire:
je l'ai trouvé génial ce conte , je vais le raconter a mes petits enfants ce dimanche , vraiment une réussite , bravo !!!!
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