lundi 6 mai 2013

La Princesse Rosette : Réécriture d'un vieux conte qui m'amuse beaucoup par son thème saugrenue et la fantaisie qui en émerge "La Princesse Rosette"(1ère partie)

Il était une fois... parce qu'une fois suffit bien
Un roi, du temps des rois. Il épousa une reine. Du temps des reines.
Ils s'aimaient beaucoup. Beaucoup, beaucoup.
Un jour la reine mit au monde un fils. Le roi était heureux.
Félicitations ma douce ma mie ma belle, dit-il à la reine. On l'appellera Grand Prince. 
Organisons son baptême, invitons les fées, déclara la reine rieuse.
On lança les invitations. La fête eut lieu, il y eut beaucoup de monde, de la douce musique, des dragées à foison et surtout les sept fées, mais sans la méchante.  Et les fées se penchèrent et offrirent à l'enfant les meilleurs voeux et qualités : il sera grand beau rieur intelligent courageux aimant.
La reine se réjouit et le roi aussi.
Le roi et la reine s'aimaient beaucoup beaucoup beaucoup.
Un jour la reine mit au monde un autre fils. Le roi était heureux.
Félicitations ma douce ma mie ma belle, dit-il à la reine. On l'appellera Petit Prince. 
Organisons son baptême, invitons les fées, déclara la reine rieuse.
La fête eut lieu. Il y eut beaucoup de monde, la douce musique, les dragées à foison, les sept fées et les meilleurs voeux et qualités : il serait grand beau rieur intelligent courageux aimant.
La reine rit. Le roi aussi. Ils s'aimaient beaucoup beaucoup beaucoup.
La reine mit au monde une petite fille. Le roi sourit. C'est tout
La reine dit "Elle s'appelle Princesse Rosette, je prépare son baptême"
Invitations, foules, musiques douces, Rosette eut son baptême. Rosette eut fées, voeux et qualités. Pas si sûr. Les fées regardèrent le berceau, relevèrent leurs têtes échangèrent un regard et rejoignirent la foule.
La reine s'étonna, elle les rappela. Les fées se penchèrent sur le berceau et relevèrent leurs têtes en se regardant. Puis elles s'évanouirent dans la foule.
Ceci une fois deux fois trois fois. A la septième fois la reine se mit en colère. Elle somma les fées d'offrir voeux et qualités pour la princesse Rosette comme elles avaient fait pour ses frères Grand Prince et Petit Prince.
Les sept fées regardèrent la reine et répondirent : "Vous nous sommez ?"
"Je vous somme, en effet"
"Vous l'avez voulu, ma reine" dirent-elles "Alors nous vous dirons. Sachez que la Princesse Rosette sera cause de la mort de ses deux frères !" Et sur ces mots les fées disparurent laissant la reine horriblement bouche bée hooooooooooooooooooooo et soudain terriblement défigurée par trois traits horizontaux sur le front.


Le roi passa au même moment. Il s'étonna
"Ma douce ma mie ma belle, pourquoi donc ces trois traits horizontaux sur votre front adoré, pourquoi, répondez ! Vous ne répondez pas ?" Il insista. Elle lui répondit n'importe quoi.
"Comment ça vous n'avez plus de lin à filer, il y en a plein nos greniers attendez-moi ici je reviens".
Quand il revint, il disparaissait derrière le lin tant il en ramena. "Voilà ma douce ma mie ma belle de quoi filer plusieurs siècles durant et ne plus voir ces horribles trois traits horizontaux. Régalez-vous à filer !"
Mais la reine avait toujours son chagrin. Le roi repassa. Il s'étonna
"Ma douce ma mie ma belle, pourquoi donc ces trois traits verticaux entre vos sourcils chéris, pourquoi, répondez ! Vous ne répondez pas ?" Il insistait. Elle répondit n'importe quoi.
Comment ça vous avez perdu dans la rivière hier votre pantoufle de vair ! Avez vous oublié les mille cordonniers qui travaillent pour nous ? Laissons passer la nuit et attendez-moi ici demain matin"
Le lendemain matin chaque cordonnier apporta une nouvelle paire de souliers de vair. Le roi était là. La reine esquissa un semblant de sourire. Le roi s'éloigna. Mais la reine avait toujours son chagrin. Il se lisait sur les commissures de ses lèvres qui descendaient profondément vers son menton..
Le roi repassa et s'étonna
Ma douce ma mie ma belle qu'y a-t-il cette fois, pourquoi vos commissures aimées si molles et monotones ! Pourquoi ? Il insista elle répondit vraiment n'importe quoi
"Cessez de vous morfondre, et riez car vous n'avez pas perdu la bague que je vous ai offerte vous l'avez oubliée en quittant le repas. Heureusement, je l'ai aperçue, la voilà" Le roi ouvrit la paume de sa main. La bague scintillait. "Tendez votre main que je vous la repasse au doigt, et riez, mais riez ma douce ma mie ma belle !"
Bague au doigt, la reine ne rit pas, elle pleure. Alors le roi se fâcha : "Enfin ma reine que se passe-t-il, me direz-vous ?" Entre deux hoquets elle dit. Il se retire en ordonnant "Qu'on la tue !"
La reine s'écroula : "donnez-moi deux jours !"
"Deux jours mais pas un de plus !"

La reine monta dans ses appartements. Elle se mit à pleurer. Les demoiselles d'honneur lui parlèrent de l'ermite de la forêt "Notre Reine, il peut vous aider, il a la réponse à votre chagrin, vous devez lui parler !"
La reine fit préparer sa belle haquenée et quelques instants plus tard six demoiselles d'honneur la suivaient en direction de la forêt. Le petit groupe entra dans la forêt. Il déboula bientôt dans la clairière.  Un chêne étalait au plein centre une ramure d'au moins trois siècles. Dans le corps de son tronc, une fenêtre. L'ermite accoudé regardait les sept femmes venir à lui. Il n'aimait pas répondre aux femmes mais celle qui s'adressait à lui était sa reine. Il l'écouta. La reine s'inquiéta. Pourquoi ne répondait-il pas ? Quand il répondit, la reine poussa un cri puis récapitula en bégayant 
"Une tour ? La plus haute tour au monde ! Un appartement, aux fenêtres inaccessibles, pour toute sa vie, quelle horreur !" 
L'ermite ajouta "C'est ainsi où vous perdrez vos deux fils Notre reine !"
L'ermite reçut un sac de velours emplit de pièces d'or et les demoiselles d'honneur et la reine retournèrent au château.

Le roi convoqua les architectes. Les architectes convoquèrent tailleurs de pierre, maçon, charpentier, vitriers, vitrier, forgerons et aï hi aï ho faria faria faria oh, la tour monta en moins d'une nuit. Berceau, nounou, princesse, majordome prirent place dans l'appartement qui ne possédait aucune fenêtre à hauteur d'hommes.
Ainsi va le conte.

Ainsi va le temps qui tourne. De temps en temps, et en cachette, la Reine, Grand Prince et Petit Prince rendaient visite à leur soeur. Ils lui apportaient du corn pop,  des sharmamallows, des fraises d'Agatha, des baremcars de Zanzibar, des jeux, des chansons. Tous trois grandissaient. Le roi et la reine eux, vieillissaient. Ainsi va la vie. Les voilà morts. A deux jours chacun.

Sur les murs du palais, les murs de la ville, les vêtements de Grand prince et Petit Prince, leur peuple et les royaumes voisins le noir fut de rigueur. La cathédrale dedans dehors fut toute tendue de noir. Il y eut foule pour ces funérailles. Et profonde tristesse dans le coeur des garçons qui pensent à leur jeune soeur, reléguée à vie dans la haute tour. Les cloches sonnèrent, sombrement. 
La la la laaaaa la la la laaaaaaaa
Quelques jours plus tard les cloches sonnèrent légères et gaies. ti li li ling link til li li link link. Pour le couronnement de Grand prince. Devenu roi Petit Prince devint Grand prince à son tour.

Au sortir de cet événement la première décision du roi fut de délivrer leur jeune soeur Rosette. les deux frères s'empressèrent de monter l'étroit escalier de la tour. Et il faut voir comme elle se jeta à leurs cous,  comme elle se jeta dans l'escalier à vis et comme elle le dévala. Il faut voir, comme elle était heureuse, comme elle souriait, comme elle relevait de chaque côté, sa jupe rose et verte et ses jupons ourlés de dentelle de soie. Il faut voir comme frétillait de la queue, le petit chien qui la suivait si bien qu'il la dépassa. C'était un petit chien si blanc qu'on l'aurait cru vert. Elle l'appelait Petit Chien mais en réalité il avait pour nom Frétillon.


Petit Chien sorti de la tour se confondit à l'herbe vert et disparut aussitôt à l'arrière d'un buisson d'ajonc. Là soudain si on ne le voyait plus, on l'entendit aboyer sans cesser. La princesse Rosette se précipita derrière lui en criant "Frétillon attends-moi. Derrière le buisson Rosette s'arrêta net devant un spectacle de toute beauté. Un oiseau somptueux, était-ce un oiseau, brillait de tous ses feux sous les rayons du soleil. Il tenait ses plumes relevées en un merveilleux éventail, comme celui dont Rosette se protégeait contre la chaleur. La tête hautement dressée, l'animal portait haut son bec. On l'aurait cru prêt à danser une pavane. http://www.youtube.com/watch?v=4cd2xMJVeQY  
C'est la première fois que princesse Rosette voyait l'animal. Et pour cause. Les fenêtres de la tour étaient posées bien au-dessus du regard de cinq hommes dressés chacun sur les épaules du précédent.
Elle s'étonna "Quel bel animal mes Frères, quel est son nom ?"
le nouveau Roi répondit
"C'est un paon très chère soeur Rosette. Sa chair est délicieuse. Vous en mangerez au cours du prochain repas !"
Dans la tête de Rosette tout s'effondra. Manger le merveilleux animal ? quelle drôle d'idée. Elle répondit
"Il n'en est pas question ! Pouah, comment manger un si bel animal, je ne veux pas le manger, je vais le garder comme animal de compagnie et à partir d'aujourd'hui je n'aurai qu'un seul désir, celui d'épouser le roi des Paons. Il doit être merveilleux"

Le nouveau Roi regarde la princesse Rosette et leur frère Grand Prince d'un air consterné. Il répondit "Il en sera fait comme vous le désirez Soeurette !" Et par dessus sa tête il croisa le regard écarquillé de Grand Prince qui se demandait tout autant que lui-même où pouvait bien se trouver le royaume de Roi des paons. Ils n'en avaient jamais entendu parler.

Dans le palais chacun était aux petits soins devant la princesse Rosette. Souhaitait-elle quelque chose on le lui aurait trouvé. Mais la seule chose à laquelle elle s'obstinait était d'épouser le roi des Paons. Elle le chantait sur tous les tons : qu'elle descendisse les escaliers, qu'elle se rendisse à la chapelle, aux jardins royaux, à l'étang, dans ses appartements elle ne cessait de chanter
un jour j'épouserai un jour j'épouserai j'épouserai le roi des Paons.
Elle en rabâcha tant les oreilles du roi qu'un beau jour il se décida à aller à la recherche du Roi des paons. Il invita grand prince à l'accompagner.  Il confia la direction du royaume aux ministres les plus sages. Il fit peindre le portrait de la jeune princesse par le plus grand peintre royal. Et un beau matin tout le monde assista au royal départ. Ils emportèrent avec eux un portrait de Rosette, si délicat, si magnifique qu'ils ne doutèrent pas un seul instant que le Roi des Paons, s'ils le rencontraient en tomberait aussitôt follement amoureux.
et ils emportent avec eux cette trace de Rosette qui est si jolie qu'elle influencera le roi des Paons quand il la découvrira. Aucun des deux frères ne doute de cela.

Mais où se trouvait-il le royaume du roi des Paons ? 
Devaient-ils aller tout droit, tourner à droite, tourner à gauche ? N'en sachant rien ils prirent l'une des trois directions. Chacun portait le tableau sous son bras l'un après l'autre. Bientôt leurs oreilles furent happés par un bruit inouï. Une sorte de stridulence qu'auraient faite des milliers de cigale. Mais ce n'étaient pas la stridulence des cigales.  C'était le bruit que faisaient des milliers de Hannetons. Des milliers, des millions. Grand Roi et grand Prince se protégèrent en portant leurs mains à leurs oreilles; Quand l'un demanda à l'autre "Mais où sommes-nous" ce sont les Hannetons qui répondirent "Vous êtes au royaume des Hannetons, suivez-nous !" Les deux frères suivirent un énorme et bruissant nuage d'insectes.

Le roi des Hannetons les attendait. Il les invita à dîner en sa présence. Il les questionna. Regarda le portrait.  Convainc que la Princesse Rosette était bien belle. Fit venir des poètes et des musiciens pour partager une belle soirée en leur présence. Puis il leur souhaita une bonne nuit et ordonna aux Serviteurs Hannetons de les accompagner jusqu'à leur appartement.  

Le lendemain, les deux frères apprirent à leur royal hôte qu'ils avaient passé une excellente nuit. Le Roi des Hannetons leur apprit en riant qu'ils étaient passés tout près du royaume des Paons. Ce royaume se trouvait plus près de leur propre royaume que ne l'était le royaume des Hannetons. Ils comprirent en riant qu'ils devraient faire le chemin à l'envers. Enfin ils se séparèrent. Moultes courbettes de courtoisie plus tard le Roi des Hannetons leur souhaita un bon voyage.

Ils n'y eut point besoin de panneaux pour reconnaître qu'ils entraient au royaume du Roi des Paons. Des paons il y en avait partout. En contrebas du chemins, sur les branches des arbres. Les plumages scintillaient sous les rayons de soleil et donnaient à l'air un côté magique. Le palais lui-même avaient des murs aux couleurs "châtoyeuses" rose, violet, parme, indigo, vert, bleu. Le costume des gardes étaient aux couleurs des plumes de paon. Le royaume résonnait de Léon léon léon comme les paons font. 

Le roi des Paons se tenait sur son trône, de belle couleur or irisé rose parme indigo vert bleuviolet
il regardait le Roi et Grand Prince avec attention. Il les écouta silencieusement. il se pencha sur le portrait de la princesse Rosette et il s'extasier de sa parfaite beauté. Il rassura les deux frères "Votre soeur me plaît beaucoup, ce mariage est déjà à mon goût" dit-il en souriant "Mais qui me prouve que ce portrait soit bien le sien ?" Il fit apporter deux parchemins, deux encriers et deux plumes de paon. deux gardes tendirent leurs dos"Faites savoir à votre soeur si belle que je suis d'accord pour l'épouser et qu'elle sera la bienvenue dans mon royaume. Dites-lui que c'est mon chambellan qui lui portera mon invitation" Les deux frères de Rosette rédigèrent et signèrent chacun un parchemin sur le dos de deux gardes, mais ils ne se méfièrent pas de l'arrivée de quatre autres gardes. Pendant que le roi des paons disaient "Dans l'attente de l'arrivée de votre jolie soeur Rosette, vous serez jetés au plus profond de mes cachots. Je suis un roi prudent" les gardes s'emparèrent d'eux et les emportèrent. 
Quelques minutes plus tard les deux frères se retrouvèrent enchaînés et assis sur peu de paille, dans un cachot humide car à peine éclairé par un soupirail. Celui-ci ne laissait apercevoir que les talons et les ferrures des bottes des soldats qui montaient la garde.


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