Comme tous les matins, je vais admirer Balconnier. Il commence à ressembler à quelque chose. Pourtant il démarre avec un déficit. Je n'y ai guère travaillé vu le temps, et l'état de mon bras et celui de ma main gauche.
Un dalhia s'avance au pied du calla qui ne désire que fleurir. Chacun motive l'autre.
Les premiers volubilis s'imposent pendant que le ficus, plutôt déplumé répond aux exigences de ses petits locataires, les petits oiseaux du ciel. Ils viennent en nombre. Voilà Ficus Véroia remplumé pour de vrai.
Hier, je découvrais le plaisir de voir une mère mésange, nourrir, sous mes yeux, son petit. Peut-être le plus aguerri, celui qui avait osé prendre son envol et quitté le nid, le premier. Aujourd'hui, merveille des merveilles, Leur a-t-il dit combien la nourriture était bonne à l'extérieur de la demeure ? Mésange Mère est présente.
Elle n'est pas seule. Elle est entourée.
Non pas d'un mésangeot mais de quatre petiots. Ils frissonnent, les Zoizillons, pauvres chéris. La température du matin est toujours peu clémente. Les ailes en éventail ils "gorgent" grand leur bec. Et elle, pic picore pic picore pic picore elle picore du sien puis distribue : "à toi, à toi et à toi et à toi aussi" dit-elle sautant par dessus les trois premiers pour nourrir le moins petit. Une fois deux fois trois fois. A la troisième elle ignore celui-ci. Il vient de devenir le plus grand. Il ouvre pourtant bien ostensiblement son bec. Elle l'ignore délibérément. Et les trois autres ? Ils se sont envolés sur une branche d'arbre que j'ai mise en place dans une jardinière,
et tournée en direction du peuplier.
Ils attendent transis, becs ouverts vides, plein de certitude. Belle certitude. Maman Mésange pic pic pique du bec dans la boule de graisse et -bajoues comme hamster a-telle ? à vérifier- donne, distribue, régale.
Il ne manque qu'un photographe de la LPO. Je m'y suis essayée.
Et celui qui est devenu le plus grand ? Il désire manger. Il prend sa volée.
Il s'adapte et se nourrit lui-même. A la différence du perroquet.
Il était une fois parce qu'une fois suffit bien, l'histoire vient.....
Il était une fois un perroquet.
Un homme l'avait acheté au marché des Oiseaux. Parce qu'il était le plus beau des perroquets aux plumes multicolores, bleu, rouge, jaune et reflets pastels rose orangé, violet citron, ici et là ; parce que c'était bien de posséder un perroquet surtout s'il acceptait de parler.Il le montrerait bientôt à ses amis. Ceux-là le féliciterait de posséder un si bel animal et d'avoir su si bien lui apprendre à parler. La fierté envahirait son esprit. Il serait un homme heureux.
Il avait fait cadeau à l'oiseau d'un grand perchoir confortable.
Restait à le faire parler. Pour cet objectif, l'homme dépensait toute son énergie. Chaque matin, il s'essayait à l'enseignement du volatile. Entre "Bonjour Perroquet mon ami, "dis-moi "oui" dis-moi "non" et répète aujourd'hui!" pour l'entraîner, l'aider, le soutenir dans ses efforts, il lui offrait le meilleur :
carottes choux salade, épinards,
tomates, haricots verts, céleri,
betteraves, courges, fenouil ou blettes, tous biaux de la bêchée à l'arrosée ; sans oublier les fruits dont l'oiseau raffolait.
Pomme, poire, raisin, comme dit la comptine, mais aussi
kiwi, ananas, cerise puisque c'était la saison, ne parlons pas des
kakis, mangues bonbons et fruits de la passion. Notre perroquet était traité comme coq en pâte.
Et pourtant malgré tous ces soins, malgré les répétitions quotidiennes, malgré cet entraînement persévérant, l'oiseau ne répétait aucun son, aucun mot. Il restait sur son perchoir, indifférent aux exercices "Mais dit "ah" tout de même, "ah", c'est trois fois rien à dire ? Tu n'veux pas, alors dit "oui", "oui" c'est joli à dire !" L'oiseau restait indifférent aux exercies mais pas indifférent à sa nourriture. L'homme glissa dans les légumes quelques sucreries, une aubaine, de la pâte à sucre, rose. L'oiseau se jeta dessus. Il s'en empiffra. Cependant il restait muet. L'homme tenta du halva, avec fruits secs, sans fruits secs, l'animal avala le halva mais il resta muet. L'homme se désespérait. Qu'allaient dire ses amis ? Pour sûr, ils se moqueraient de lui.
"Si tu continues, je te revends ! Je te ramène au magasin ! Je te...."
L'oiseau sur son perchoir restait sourd aux menaces.
"Mais pourquoi refuses-tu de parler ?" Le maître poursuivit malgré tout son enseignement.
a) Un jour l'oiseau parla. Ce jour-là, le cuisinier fit-il un mauvais geste, le feu s'emballa dans les cuisines. La maison s'enflamma. Ce ne fut pas, semble-t-il du goût du perroquet. Sentant ses plumes chauffer, il hurla "Au secours, au secours, je vais brûler"
L'homme s'étrangla de stupeur. "Perroquet, tu parles, tu dis mon nom, tu me reconnais, tu m'appelles.... à l'aide.... sacré volatile t'as qu'à brûler. Moi, je m'en vais.
b) (la mienne)
Un jour enfin l'oiseau se décida. Il parla. Ou plutôt il hurla "Au secours mon maître je vais brûler" Le maître dans le jardin se reposait dans un hamac vert, lui-même tout vêtu de blanc. En deux temps trois mouvements il organisa les secours. Soudain il se rappela qui avait crié. Il se précipita dans la grande salle et déchaîna le perroquet en répétant "Bel oiseau, bel animal, je t'apprenais, tu m'écoutais, tu as appris, tu parles ! Tu m'as sauvé. Je n'ai pas insisté en vain. Jamais je ne te remercierai assez"
Et il lui offrit quelques gâteries, de la pâte à sucre rose parmi ses préférées, et pressé de présenter le sauveur de sa demeure, il le prit et courut voir ses amis.
(chapitre 7 - Cercle des Menteurs - Contes philosophiques du monde entier par J.C CARRIERE)
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