samedi 26 avril 2008

Pour rencontrer Odile qui rencontra ....

C'est sur : http://terrasseentchat.blogspot.com/ Ex : Lenteur : mot féminin -of course- : manque de rapidité, de promptitude. La lenteur est un sujet de réflexion, actuel. Qualité - défaut - nécessité - pertinence - partage. Pas plus tard que ce jour, revenant d'un intéressant hommage rendu à Germaine Tillon -disparue alors qu'une exposition se déroule en son nom- Odile attendait l'autobus. Le soleil face à elle diminuait ses capacités visuelles. Cependant elle finit par remarquer dans le grand carrefour, sur le passage piéton un homme -ou plutôt la silhouette d'un homme de grande taille et de belle prestance. Il allait avec lenteur. Grande lenteur. Il relevait et penchait la tête plus souvent que nécessaire. Etait-il fatigué ? Avait-il besoin d'aide. Elle s'inquiéte. Arriverait-il avant que le feu ne passe au vert ouvrant le passage aux automobiles ? L'homme enfin atteint le trottoir. Il lui paraît fragile. Faiblesse physique ? Le questionner ? L'interroger ? L'aider ? Odile hésite. Que pourrait-il penser de son intervention. Sa propre mère n'apprécierait pas du tout. Il lui semble l'entendre : "non mais voyons, je ne suis pas vieille encore !" Mais pourquoi pas ?
Autour d'elle plutôt des jeunes gens, indifférents au pas de l'homme. C'est peut-être cela qui la décide. La voilà qui traverse. Ne pas l'agacer, l'agresser, le vexer. Elle l'aborde avec diplomatie et sourire. Il est intelligent et sage. Il avoue sa faiblesse. Il lui tend son bras. Les voilà qui échangent quelques propos. Il lui offre un bonbon, "pour vous remercier" dit-il et mieux, une histoire à propos de Tréhorenteuc et du Guillotin et de "la vache aux quat'e viaux" En gallo, qu'il lui traduit. Soudain il lui signifie qu'elle peut le laisser. Il semble sincère. Elle le trouve un peu moins fatigué. Elle accepte inquiète tout de même pour cet homme fragile qui pourrait être son père. Fait-elle bien de le laisser ? Il ne va pas tout près. Elle lui accorde crédit. Lancée, elle rentre chez elle à pied. Elle pense qu'elle a croisé un témoin d'un passé qui espère ses passeurs. Il faudra qu'elle pense à s'offrir un p'tit magnétophone pour l'avoir sans cesse dans sa poche. Elle repense à Maya. Promis, se dit-elle, tu vas lui extirper sa berceuse bretonne à celle-ci, qu'elle le veuille ou pas. Non mais alors, une vraie berçeuse du Finistère, c'est à ne pas taire. C'est à récolter. Pain sur la planche.

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