jeudi 15 mai 2008

Quand l'organisé se dérobe....

... l'imprévu lui succède : pas si mal.
D'abord elle manqua le bus qui devait l'amener à la gare. Déception, mais rien n'était perdu.
Finalement elle irait à pied ou pieshcom, comme prévu la veille, en compagnie de Marie Chantal.
Alors elle fonça chez Marie-Chantal.
Elle la trouva en train de créer le panneau pour indiquer leur destination : plutôt sophistiqué le panneau, une oeuvre d'art ! Comme elle lui passa le relais elle le termina.
Quelques quinze minutes plus tard, joyeuse et colorée, l'asphalte sec, la route les emportait toutes deux. A peine dix heures du matin et le soleil mordait déjà leurs épaules dénudées. Point juillet, ni même juin ; seulement mai.
L'une grapillait des photos : leurs ombres allurées, son allure conquérante, quelques fleurs ici et là, sur leurs visages la certitude qu'elles n'auraient pas l'obligation de faire toute la route à pied. C'était un challenge pour rire, bien sûr mais pourquoi se rendre à Etonnants Voyageurs autrement qu'étonnamment ? Impossible de le faire autrement.
Quelques centaines de mètres plus loin, c'était vrai. Un véhicule s'arrêtait et les emportait.
Le panneau avait séduit la conductrice.
Il y a parfois dans l'air des subtilités heureuses. Il s'agit de ne pas les manquer pour s'en régaler.
Elles s'en régalèrent.
Entre elles trois, une indicible entente. Une conversation agréable et des références communes. La route défila sans peine. Et c'est le cas de le dire en ce qui concerne Saint-Malo : elles arrivèrent à bon port : tout au moins sur le bon parking.
Surprise : dans la file d'attente quelques visages qui auraient pu ne pas être inconnus. Petit effort de mémoire, localisation, reconnaissance, sourires, bonjours, bonne humeur. Bonne journée. A bientôt.
Autre surprise : dans la billeterie l'une se voit offrir l'entrée d'un regard bleuté et d'un sourire engageant. Seulement pour le plaisir. Le partage. Point final. Ni plus ni moins mais toutefois beaucoup. Il n'y a pas que le donnant-donnant dans la vie.
Nouvelle surprise : leur conductrice leur propose de revenir avec elles. Agréable. Les portables se règlent. Le rendez-vous est pris. Tout roule. Il n'y a pas que le donnant-donnant dans la vie. Et il ne s'agit ni de profiter, ni d'abuser, ni de se faire avoir, ni de se faire bien voir. Seulement de simplicité, de fluidité, de sympathie, de don.
A partir de là c'est un drôle de voyage, un parcours à tâtons même quand on a tout envisagé. Justement. Parfois on se croise, on se recroise. Le repas est copieux.
Pour l'une ce sera, dans le hall du salon du livre la rencontre avec un jeune et beau touarègue, les retrouvailles inattendues avec Pierre et Raïcha, deux sympathiques connaissances ; l'acquisition du plus grand petit livre, intitulé "L'homme qui ne possédait rien" de Jean Claude Mourlevat ; la lecture d'un album d'enfant à propos d'un crocodile ; le rendez-vous avec le conteur insaisissable ; celle étonnante de "La femme aux pieds nus" ; les slameurs émouvants ; le soleil et jusqu'à la déception : n'avoir pu pénétrer dans l'antre de Toutes Les Saveurs du Monde pour déguster surtout celles de la pomme de terre, dont c'est l'année internationale. Pour l'autre un globe terrestre lumineux à offrir à sa petite fille. Une invitation aux voyages futurs.
Puis le retour. Et la parole. Et la découverte d'intérêts communs et d'une prise de conscience : nous ne sommes pas seules à avoir la mémoire des noms de plus en plus périlleuse : nous en rions. Heureusement, nous retrouvons rapidement le même : Kenneth White. En route pour la géopoétique. Superbe. Pas si mal l'imprévu, en effet.

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