jeudi 30 janvier 2014

Mercredi 29 janvier, à l'Artiste Assoiffé, un cachet.

Faisant fi de mon fond de rhume, et parce que j'apprécie de faire chanter le public, qui, "à son insu" ne le déteste pas, je propose d'ouvrir "en chantant" ce texte ô combien philosophique
Gens de la ville qui ne dormez guère
gens de la ville qui ne dormez pas
ce sont les rats qui font que vous ne dormez guère
ce sont les rats qui font que vous ne dormez pas
Scélérats ! Scélérats. 
Ainsi débute dans l'action et le sourire cet instant apéro-conté proposé par la charmante Aurélie de l'association "Les Tisseurs de Conte" et Vincent, de "L'Artiste Assoiffé"
Suivront la lecture de la Boîte à Bisous, le conte du père qui donne à sa fille des conseils pour apprendre à flirter, l'adaptation d'un texte sur le fait que nous n'avons plus de nom, le conte amusant d'une princesse qui ne rit pas et se mariera avec celui des gars qui, caché, saura ne pas être retrouvé d'elle -un joli conte-, le conte japonais de la Femme Fantôme, le conte des hommes d'aujourd'hui à la recherche du pays où les animaux parlent encore, et pour clôturer ce moment convivial autour de la parole, une histoire du célèbre Nazreddin Hodja
Faisant suite à Boîte à Bisous, et Conseils d'un Père à sa Jeune Fille devenue, alors que je m'étais décidée à dire un conte tiré des Chevaliers de la Table Ronde, j'ai finalement conté "La rose Bleue de Chine" 
Avec la randonnée de l'enfant qui cherche son pain, ce conte est mon conte fétiche. Il y avait quelque temps, voire quelques années que je ne l'avais pas dit en public et je me félicite d'avoir constaté le silence et l'écoute qui l'ont accompagné. 
Personne ne bougeait. Les sourires et l'intérêt animaient les visages, y compris de ceux-là même qui se tenaient autour du comptoir. Et pour ne pas être en reste, le sourire et l'intérêt m'ont animée quand le vendeur de roses s'est approchée de moi et m'en a tendu une. Dans le brouhaha je finis par comprendre que cette rose m'est offerte. Et le vendeur désigne quelqu'un qui me fait un geste souriant. Autant dire que le geste m'émeut. Je le rejoins . Et je dis, comme dans le conte "que oui, cette rose rouge est bleue !" et que je l'apprécie beaucoup". J'échange un bisou sympathique avec ce quelqu'un qui peut-être laissera un message ici, pour l'amour des mots sur les chemins du conte. Lumière s'il vous plaît.

L'histoire merveilleuse de ce soir m'a rappelé une autre histoire merveilleuse. 
C'est la fête du Patrimoine. Je participe à un moment conte dans une ferme bretonne à Chartres de Bretagne : elle vient d'être parfaitement rénovée. Nous contons dans un hangar. Le public nous fait face, sur quelques chaises en arc de cercle. Au centre du 1er rang, l'unique enfant. Peut-être cinq ans. Longs cheveux blonds, physique de fée. Elle ne me quitte pas des yeux ni  des oreilles. Car soudain, alors que je vais sur la fin de l'histoire -celle de Jean des Pierres- je la vois qui se lève et vient vers moi d'un pas lent mais sûr. Autour de nous personne ne dit mot. Tout le monde regarde, étonné. Moi de même, qui continue à parler. A mon niveau, elle tend la main. Tout en parlant, je tends la mienne. Je sens qu'elle y glisse quelque chose. Puis elle recule en arrière, d'un même pas assuré et s'assied comme si de rien n'était. -Déjà l'effet Lania que je ne soupçonnais pas- 
Je termine. Applaudissements. Je regarde dans ma main. 
Mon premier cachet : 0,20 ct. Je n'en ai jamais eu de plus beau. Sauf un bouquet de roses de la Maison des Familles et la rose d'aujourd'hui. 
Il était une fois, 
le conte a coulé comme un fleuve et je l'ai dit à un seigneur.  

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