mercredi 3 août 2016

Conte de "La Roue tourne" histoire de génération.

C''était ou ?
C'était quand ?

C'était dans l'île des Humains, ceux qui naissent en étant portés puis avancent dans la vie sur leurs genoux, sur leurs deux jambes et la terminent sur trois pattes, canne en mains.

Dans l'île des Humains ou de père en fils, de père en fils, de père en fils la vie s'affile. Ou pas.

Dans cette île il y a longtemps, il était une fois car une fois suffit bien, un humain avait épousé une humaine ; à tous deux ils avaient eu un enfant ; l'enfant était devenu un homme et l'homme lui-même à son tour avait épousé une humaine et à tous deux ils avaient eu un enfant. La roue tourne.  

Sur le premier humain nommé, peu à peu le temps marquait son ouvrage. Les rides s'installaient : sur le front, au coin des yeux, au bord des lèvres et cela se voyait quand celles-ci tentaient de rire ou de sourire. Peu à peu le temps marquait son oeuvre. Le dos se voûtait, le corps s'affaissait, les pieds avaient de moins en moins d'ancrage : les pas, rétrécis,  se soulevaient avec difficulté. Le vieil homme trébuchait. Risquant la chute à chaque instant. Parfois il tombait. Et les mains qu'il avançait pour se protéger, le protégeait de moins en moins. Elles avaient grossi et devenaient malhabiles. Elles tremblaient et les objets leur échappaient.  
Un jour le bol de soupe aux choux, cette soupe qu'il aimait tant, il le porta à sa bouche. Ses mains qui tremblaient  lâchèrent le bol avant même qu'il atteigne ses lèvres. La soupe a tout éclaboussé à l'entour. La belle fille a poussé un cri : "Jules ça ne peut plus durer, il faut faire quelque chose !". Son mari a regardé son père ou plutôt l'air triste que portait son visage. Un air apeuré. Le liquide recouvrait son pantalon de velours et tombait sur le sol, goutte à goutte. La belle-fille a crié encore "Jules, il faut faire quelque chose, il me donne trop de travail ! Si tu ne fais rien je le ferai moi ! Jules n'a pas répondu !"
Quelques jours plus tard, l'homme s'est assis à la table. Son fils avait une assiette, sa belle fille avait une assiette, son petit-fils, silencieux avait une assiette, chacun avait un verre une fourchette, une cuillère un couteau mais lui, le grand-père, père, beau-père, le vieux, lui il n'avait rien. D'unevoix tremblante il a dit "Où est mon assiette, je n'ai n'ai pas pas d'as d'assiette !"
"C'est normal Grand-Père, désormais vous mangerez dans la cheminée, ou nous vous inscrirons à la maison de retraite. Il y en a une tout à côté, elle vient d'être construite, elle est toute neuve, vous vous y ferez des amis Grand-Père, choisissez !" Elle lui souriait.
Il a tourné la tête de droite à gauche et il s'est levé. Puis il s'est assis auprès de la cheminée, sur la chaise basse. Son bol, de plastique épais, était tout près. Il l'a saisi et il a mangé petit à petit. Lichée après lichée. De plus en plus lentement.

L'enfant ne disait mot. Il s'est levé. "
"Où vas-tu ?" a dit le père
"Je reviens" a dit l'enfant.
Il est revenu. Avec des pointes et des planchettes.
"Tu fais quoi ?"  a dit son père.
"Je te prépare l'assiette de bois pour le jour où tu feras tomber l'assiette de porcelaine, quand tu te mettras à trembler !"

Le père a regardé sa femme. Elle fronçait les sourcils. Mais rien ni personne n'aurait pu l'empêché de faire ce qu'il allait faire. Il s'est levé et il a ramené son père à table. "Nous ne lui ferons plus un seul reproche" a dit le mari a sa femme. Et se tournant vers l'enfant il a ajouté 
"Merci Fiston pour la leçon que tu m'as donnée (d'après Grim mais à ma façon)

Et comme on dit en Eurasie
Tarak-Turok, la pie au nid, 
au dessus des vertes prairies
le conte est fini 
(emprunté à http://feeclochette.chez.com/theorie.htm)





Photo #FranckHamel au manoir des Colombes, il y a... longtemps



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