Plumé bien plumé l'Oiseau et toujours chanteur. Car il chante encore. Il dit "J'ai toujours de la chance, . Je voulais être douché et on m'a douché et même massé. Il est gentil le Sultan qui fait pour moi comme pour son enfant ! Merci Sultan"
Le Sultan en a assez de cet Oiseau qui chante. Il ne veut plus l'entendre et il interpelle le cuisinier "Cuisinier fais donc taire cet oiseau de malheur !"
Le cuisinier ne s'est pas gêné. Il s'est adressé à l'oiseau "Sale Oiseau de malheur qui ne veut pas cesser de chanter, regarde un peu comme je vais t'y obliger" Et sur ce faut voir comme le cuisinier lui arrache ses dernières plumes ; faut voir comme il lui brûle ses derniers duvets ; faut voir comme il étire sa gorge et lui fourre-enfonce, de ses doigts boudinés des tronçons de fenouil, des baies de genièvre, des morceaux de piment, des baies de raisin, des épices, du cumin jusqu'au dernier bouquet parfumé, au thym-laurier. Fourré jusqu'au silence !!
Quelle erreur. L'Oiseau fourré, plumé, ébouillanté, décapité continue de chanter "Je suis chanceux, me voilà parfumé, lotionné thym-laurier. Sultan tu as bon goût. Tu dois avoir bien faim !"
Le Sultan l'entend. Il hurle "Cuisinier fais-moi taire cet oiseau de malheur, sinon..."
Sinon ? Le cuisinier n'hésite pas, il attrape l'Oiseau et le jette-plonge dans une marmite où chauffe un bouillon déjà fameux.
Ouf, l'Oiseau se tait. Le silence est réconfortant.
C'était trop penser.
L'Oiseau mijotant, fourré, plumé, ébouillanté, décapité se remet à chanter. "Quelle chance, me revoilà au hammam. Hum Sultan comme il sent bon ton bouillon, comme il me plaît ton brouillard. Vas-y Sultan rajoute du bois !"
Le Sultan est exaspéré. "Cuisinier, fais le taire, sinon..."
Le cuisinier n'hésite pas. Il bombarde l'Oiseau de petits pois.
Contre toute attente l'Oiseau est ravi. Et contre toute attente l'Oiseau bombardé, hammamant, fourré, plumé, ébouillanté, décapité que pensez-vous qu'il fasse ? Oui, il chante. Il dit "Waouh voilà qu'on m'offre mon jeu préféré le jeu de billes. Merci Sultan, tes gens sont de bonnes gens !"
"Cuisinier !" hurle le Sultan, "fais-le taire sinon..."
Le cuisinier n'hésite pas, il présente la tajine au Sultan qui la goûte.
Il la goûte yeux fermés. Cette tajine à Loiseau est délicieuse. La sauce est d'un grand velouté, d'un fameux fondant, d'une belle saveur. A se damner. C'est le bonheur. Dommage que le bonheur soit épuisé. Le Sultan a tout mangé.
Dommage pour le Sultan. Soudain il souffre. Son ventre lui fait mal, boute selle, boute selle, son ventre lui fait mal à le plier, à le déplier, le replier, mais rien n'y fait. Le Sultan souffre. A pleurer. L'Oiseau lui, se met à chanter "Quel ventre, Sultan, ce n'est pas en ventre, c'est une piste de danse ! Je m'y prélasse et j'y danse. C'est un palace !"
"Cuisinier, fais-le taire, fais-le taire !"
Le cuisinier va chercher un médecin. Pendant ce temps le Sultan souffre. Il se plaint à voix haute, à grands cris, à bouche que veux-tu. Si grande ouverte que l'Oiseau pointe son bec, ouvre ses ailes et s'envole.
Il s'envole et se moque : par-dessus le palais, par dessus la palmeraie, par-delà l'oasis, par-dessus la grande place. Et tout le monde se rassemble pour l'écouter. Le Sultan gros et gras est méchant. Il ne veut pas qui il ne veut pas quoi. Ce Sultan ne doit pas rester là. Et tout le monde fais partir le Sultan.
Après tout peut-on empêcher les oiseaux de voler ? C'est clair, c'est non. C'est non, c'est net. (19 O2 11 - adaptation de "Le Sultan obèse et l'oiseau impertinent", édition GRUND)
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