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Tintamarre impératif, la noce se fête sept jours pour la première fois, sinon trois jours. Les yeux légèrement bridés, noircis au khôl, sous le chèche noir indigo, enfoncés dans les orbites, placides et attentifs, vous pensez bien que Baji, occupé à discuter, peut communiquer ses états d’âme aux héros de cavalerie. Raconter, bavarder, se confier, ainsi qu’il le fait, ne le fatigue pas. Cela s’explique. à cheval sur les principes, jamais, au grand jamais, ô les grands mots, candide, communicatif, spontané, expansif, quitte à parler pour parler, rieur digne de ce nom, quand le silence pointe le bout du nez, un nomade ne se tait pas.
– Aouallah.
– Tidit anek.
Le silence n’est pas bon. Tu as raison. Invalidant, il plonge dans le sommeil. Résolvant ses paradoxes, sommeil de chaque nuit, n’est-il pas un peu de cette mort qui partage au quotidien notre existence ?
Le silence favorise l’amnésique laisser-aller, l’embardée, le fatalisme et le défaitisme. En un battement de paupière, il atténue l’acuité.
Il n’est pas temps de piquer un somme. Les trois larrons savent que plus on en raconte, plus le temps passe vite et plaisant. Il ne faut pas perdre le fil de la discussion, rater le sens codé de l’image et de l’expression. On pense aux métaphores, à tout et à rien. S’endormir au volant pourrait s’avérer d’un ennui mortel. اa sent l’essence quelque part, ça bruit de ferraille, de portières, d’outils. Concurrence hétéroclite, boulons, écrous, pêle-mêle, fil de fer, jerricanes de métal.
– On ne s’entend plus.
Moulay Rachid fait signe à la fine poussière ambiante de s’éluder. Il lui intime l’ordre d’éviter ses yeux, cligne de l’œil, louche, glisse une larme. Il ajuste le fond de l’horizon au gré mobile du repaire. Monceaux de pierre, il reconnaît les rejems. Et s’il n’y en a point dans sa ligne de mire, il conjure Baji de s’arrêter dés qu’il aperçoit une, deux, trois ou quatre pierres.
Ils fredonnent ensemble un air connu.
– Un caillou, une pierre.
– Une pierre, un caillou.
Histoire d’ajuster les pierres l’une sur l’autre, d’élever un nouveau point de repère, de commettre l’action méritoire, autant que d’enlever les pierres obstacles sur la piste. Le cairn, ou la tikniout, est une indication précieuse, utile au voyageur. Une pierre sur la piste peut facilement déséquilibrer un véhicule. Exactement de la même façon que le caillou en travers du mejbed, la piste animalière qui t’attire, peut blesser les soles ou provoquer la chute d’un dromadaire.
Moulay Rachid prend la parole...." Si ça vous intéresse, poursuivre sur le site.
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