mardi 27 février 2007

La rose bleu de Chine - Chapitre IV - suite

Dans un silence lourd de signification, le riche marchand quitte l'atmosphère capiteuse de l'échoppe. Heureusement. Sinon.... il aurait vu la chute pesante de son fleuriste préféré sur le premier siège qui se présentait à lui. A peine celui-ci a-t-il le temps de penser qu'il a au moins sauvé sa vie pour les trois jours à venir, qu'il comprend que sa femme apparaît au léger bruit, émis par les minuscules piécettes d'un rideau qu'elle soulève d'une main fine. Il n'a pas le temps de redresser ses épaules et ses longues jambes sans fin allongées, qu'elle le rabroue :
"Tu ne vas tout de même pas te laisser abattre ! Qu'attends-tu pour couper une de tes merveilleuses roses blanches, courir chez le magicien, lui demander la création du plus pur liquide bleu de Chine et y tremper la fleur ? Tu devrais déjà être en chemin. Allez, va" conclue-t-elle en le poussant d'une épaule.
L'instant suivant elle se tient seule au milieu de la boutique.
Passe un jour et et un autre. Au troisième, le fleuriste remercie le bon sens de sa femme en voyant le riche marchand quitter son échoppe la rose fabuleuse à la main. Il n'aurait pas porté plus délicatement le cristal le plus pur. Sourire aux lèvres, il court, tout en ne courant pas, la présenter à l'empereur.
L'empereur se régale déjà à la seule vision de la fleur magnifiquement bleu de Chine. Tout heureux, il frappe à la porte des appartements de sa fille. A sa vue, il lui assure qu'elle peut préparer ses noces, "car le riche marchand de fleurs a enfin trouvé la rose particulière que tu espérais" Et il lui tend, le gracile élément, du bout des doigts.
La jeune princesse se penche, relève la tête et parle. "Aucun doute mon père, cette rose est d'un bleu à nul autre pareil -le père frétille d'aise- mais,... -que dit-elle ; le père ne frétille plus d'aise- et elle poursuit "si un seul de mes merveilleux papillons s'avisait à se poser sur le rebord de l'un de ses pétales, il en mourrait empoisonné !"
Sur ces mots, la jeune princesse retourne dans ses appartements
et s'accoude au rebord d'une fenêtre pour contempler l'eau du fleuve qui coule en contrebas du palais.
... à suivre

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