mardi 19 juillet 2016

Bonjour. Vous avez dit "Canicule" ? Ce 19 juillet 2016, parce que c'était hier

ça m'a trop fait rire. 
Disons qu'il fait chaud c'est vrai. 
Disons que la périphrase "il fait trop chaud" commence à succéder à "mince il pleut trop" 
Disons qu'elle est mexicaine. 
Disons que nous mangeons ensemble. 
Disons que je lui ouvre les chemins culturels. 
Disons que je lui parle d'un festival sympa qui se tient à trois lieues de chez moi.
Disons que je vais faire un tour sur le net pour découvrir le programme. 
Disons qu'elle éclate de rire en apprenant, tout comme moi, que la partie de football est annulé pour raisons caniculaires. 
J'éclate aussi. C'est vrai. 
Et je me rappelle de 56 à 64, enfance, mes souvenirs d'été. Je n'imagine pas, je sais la rue étroite et les pierres blanches chauffées à blanc, et l'ombre qui, sous les ardents rayons du soleil, se réfugie au bas des murs et je n'imagine rien, 



je sais, que la sieste que nous impose nos parents est nécessaire et bienvenue. Et si je ne dors pas, devinez ce que je fais ? Je lis, en me régalant, sans les voir, des horizontales lumineuses qui traversent les volets italiens pour plonger dans l'obscurité et se noyer dans le plancher. 
Et sous le rire de ma délicieuse jeune amie mexicaine, je me rappelle mes nombreux tours de stade en compagnie d'une délicieuse pharmacienne vénézuélienne. Ceci en plein centre du Vénézuéla dès 6 h du matin pour profiter de la fraîcheur, déjà hypothétique (au moins 30°). 
Et parlant de la fraîche, hier, à la nuit toute bleu Waterman, je repense à son manteau orné d'une broche si froidement ardente que pleinement argentée, immense et souple, duplication aérienne de la montre de Dali. Je me reposais des émotions du départ définitif d'un ami. 
Au-dessus de ma tête, mes balconnières. Autour de moi le parfum des feuilles de tomates ; celui de la menthe ; l'éclat de mes suspensions de Noël devenues suspensions de 14 juillet ; d'étranges bruits, une porte qui claque une seule fois mais apparemment plusieurs personnes sortent de la voiture ; la démarche d'une fourmi ou le son de la respiration d'un papillon. Ou encore, le ronronnement sourd et permanent de la Ville. Le choeur urbain. Les larmes ont coulé comme un doux ruisselet. Me suis endormie. Sur mon transat bleu Océan Pacifique. 
Bonjour.

samedi 16 juillet 2016

II - Vaniouchka et la Nef Volante (suite 2ème)

Les mots manquent à Vaniouchka. Au beau milieu de la clairière se dresse un magnifique bateau de bois, avec un mât immense et deux autres à peine moins. Le vent caresse et gonfle doucement trois. La stupeur frappe Vaniouchka. Le bois est merveilleux. Il ne peut s'empêcher de poser la main dessus. Au même moment  une échelle de cordes tombe au sol et le bâtiment de bois tressaille davantage.  Vaniouchka grimpe  à l'échelle. Le voilà sur le pont. Le bateau tressaille encore, les voiles se gonflent, le bâtiment s'élève au-dessus de la clairière, le bateau quitte le sol et vogue par dessus la forêt d'épicéa. Vaniouchka rit. "Comme le monde est beau, comme le monde est grand, 

Et soudain sur un j'ai la Nef Volante, à moi le palais du Tsar, à moi la jolie petite tsarine... il s'étonne.... (à suivre) parce qu'il remarque un homme qui marche sur un chemin en sautant d'un pied pendant qu'il garde l'autre jambe accrochée à son épaule. Quelle drôle de façon il a cet homme d'avancer. Je vais lui demander pourquoi ?

Vous qui lisez, devinez-vous ce que l'homme répond à Vaniouchka ? Non, ce n'est pas ça. Il lui répond... 

Je garde l'une de mes jambes sur l'épaule car si je la descendais d'un seul bond je me retrouverais à l'autre bout du monde ! Tu parles d'un handicap !

"Un handicap ? Plutôt une qualité" Et sitôt pensé Vaniouchka agit. Il jette l'échelle de corde par-dessus bord et il hurle un "Rejoins-moi Belle Jambe !" 
Et  maintenant vous qui lisez, imaginez  
... les voilà 2 dans la Nef Volante, 
Belle Jambe et Vaniouchka
 j'ai la Nef Volante, 
à moi le palais du Tsar, 
à moi la jolie petite tsarine... 
Les nuages et les rayons de soleil caressent les flancs de la Nef Volante et les joues du nouvel équipage qui se penchent, curieux, en riant. et découvre à la sortie d'une forêt d'épicéa un 

Regarde Belles-Jambes comme il est drôle cet homme que crois-tu qu'il fasse ?
L'homme se tenait debout un oeil accroché à son fusil face à un immense espace vide. A-t-il entenduVaniouchka, l'homme répond  répond : 

Je vise  un petit oiseau qui est là-bas tout au bout du bout ou  finit le monde  ! 

Quelle belle vision pense Vaniouchka quelle belle qualité Et sitôt pensé Vaniouchka agit. Il jette l'échelle de corde par-dessus bord et il hurle un "Rejoins-moi Bel Oeil !" 
Et  maintenant vous qui lisez, imaginez  
... les voilà 3 dans la Nef Volante, 
Bel Oeil, Belle Jambe et Vaniouchka
 j'ai la Nef Volante, 
à moi le palais du Tsar, 
à moi la jolie petite tsarine... 
Les nuages et les rayons de soleil caressent les flancs de la Nef Volante et les joues du nouvel équipage qui se penchent, curieux, et découvrent au-dessus d'une clairière vert pâle :

Regardez moi ça, dit Vaniouchka, regardez-moi cet homme qui dort l'oreille collée à l'herbe douce de la clairière

L'homme a-t-il entendu ? Voilà qu'il répond 
"Je ne dors pas, j'écoute l'herbe pousser !" 
Vaniouchka ne perd pas de temps à s'extasier, il répète 
"Tu écoutes l'herbe pousser ?"Il jette l'échelle de corde et il hurle un " Attrape la corde et rejoins-nous Fine Oreille"
L'homme attrape l'échelle de corde et bientôt les voilà 4 dans la Nef Volante : Fine oreille, Bel Oeil, Longues Jambes et Vaniouchka  
                                                                             j'ai la Nef Volante, 
à moi le palais du Tsar, 
à moi la jolie petite tsarine... 
Les nuages et les rayons de soleil caressent les flancs de la Nef Volante et les joues du nouvel équipage qui se penchent, curieux, et découvrent au-dessus dans le paysage un chemin qui serpent et un homme qui tire autant qu'il peut une énorme charrette pleine de miches de pain

Les a-t-il entendus s'interroger ? Il répond 
"Je vais chercher d'autres voitures pleines de miches de pain car j'ai faim et le contenu de celle-ci ne me suffira pas !"

Vaniouchka ne perd pas de temps : il jette l'échelle de corde et hurle un "Attrape et rejoins-nous Mange-Tout tu es le bienvenu ici !"
Pour attraper, l'homme attrape et il grimpe et les voilà 5 dans la nef Volante Mange Tout, Fine oreille, Bel Oeil, Longues Jambes et Vaniouchka  
                                                                             j'ai la Nef Volante, 
à moi le palais du Tsar, 
à moi la jolie petite tsarine... 
Les nuages et les rayons de soleil caressent les flancs de la Nef Volante et les joues du nouvel équipage qui se penchent, curieux, et découvrent au-dessus dans le paysage.... (à suivre)





lundi 11 juillet 2016

I - "Vaniouchka et la Nef Volante", conte russe- Introduction inspirée de Per Jakez Helias

#PerJakezHelias la tenait de son père qui la tenait lui-même de son grand-père, qui la tenait lui-même de son grand-père qui la tenait lui-même.... il y a longtemps
il était une fois,
Petit Bonhomme Petit Vieux viens-t'en vite viens-t'en voir marron qui veut devenir myrtille. Je sais le Breton
Quel breton ?
Breton de pierre !
Quelle pierre !
Pierre à tique
Quelle Tique ?
Tiques de pain !
Quel pain ?
Pain de fuseau !
Quel fuseau ?
Fuseau de lavande !*

Quelle lavande ?
Lavande du village
Quel village  ?
Village de terre
Quelle terre ?
Terre jaune !
Quel jaune ,
Jaune d'oeuf !
Quel oeuf ?
Oeuf de poule !
Quelle poule ?
Poulette blanche avec sa crête comme une toque sur sa tête et plus brillante que l'argent...
Le conte vient maintenant....
*Après tout peut-être que l'arrière, arrière, arrière, arrière grand-père de Per Jakez Hélias 
connaissait-il le village de Montcuq où l'on cultive aussi la lavande, 
où plus près de la profonde Bretagne le quartier du Gast à Rennes, 
où il en pousse sur les bordures de trottoirs.

Le conte vient maintenant.... et c'est
L'un de mes tout premiers.

Vaniouchka et la nef volante



Il était une fois, dans le 7ème royaume au bout de la 7ème vallée Piotr le moujik, Nadedja sa femme Yvan, Vassili et Vaniouchka leurs trois fils. 

Un jour dans leur village est passé un tambourinaire. Il s'est installé au milieu de la place du village et dès les premiers roulements de ses baguettes sur la peau du tambour tararara tararararatatata, enfants femmes et hommes l'ont entouré. Vassili et Yvan se sont précipités à leur tour. Ils sont suivis par leur petit frère Vaniouchka, qui n'en voulant rien montrer se cache dans la foule derrière leur dos.

A la fin des roulements le tambourinaïre déroule dans le silence un parchemin. Il lit le texte à voix haute :
"Moi, votre Tsar Dimitri j'ai décidé de marier ma fille la jolie tsarine Anastasia. J'invite tous les jeunes gens, jeunes hommes, hommes dans la force de l'âge ou pas que je marierai la belle tsarine Anastasia à une seule condition : qu'il sache me ramener une nef volante" et tararara tararararatatata les roulements de tambour reprennent et cessent, la foule s'éloigne et les deux frères se  frottent les mains.  "Viens Vassili, l'un de nous deux épousera la jolie tsarine, on va la trouver la nef volante, allons annoncer notre départ à notre mère !" Ils s'éloignent. Vaniouchka s'éloigne à son tour.

"Où étais-tu ?" dit sa mère, "petit vaurien"
"Où étais-tu,  grand fainéant ?" dit le père

Vaniouchka est le souffre douleur de la famille, père, mère et frères. Il ne répond rien. Il regarde sa mère préparer deux besaces : dedans elle glisse du vin, du fromage, de belles brioches fondantes, gonflées et dorées. Enfin elle embrasse ses fils et auprès de leur père elle les regarde s'éloigner et disparaître à l'horizon. "Bon retour mes fils"

Ils marchent, marchent. Bientôt ils croisent un homme âgé, si âgé que tout courbé "Bonjour mes fils, j'ai faim vous aurez bien quelque chose à partager avec moi" leur dit-il. Les garçons sont sans pitié, même l'unique dent tremblotante du vieillard ne les émeut pas. Ils répondent froidement 
"Vieillard, nous ne pouvons rien partager, nos besaces ne contiennent que des pommes de pin" 
Le vieil homme grommelle "soit des pommes de pin" Vassilli et Yvan  poursuivent leur chemin. Quelques temps plus tard, Soleil au zénith, les deux frères ressentent soif et faim. Ils s'installent au bord de la route. Ils ouvrent leurs besaces et poussent des cris de désespoir. Les besaces ne contiennent que des pommes de pin. Au revoir la nef volante, adieu la jolie Anastasia, bonjour maman, les deux frères retournent chez leurs parents. Ils pleurent.

Vaniouchka déclare " à mon tour de partir, je trouverai la Nef Volante, " ah ah ah ses frères pouffent. Il les ignore et poursuit   "j'épouserai la jolie Anastasia et votre vie deviendra meilleure" Le rire secoue Vassili et Yvan qui se moquent de Vaniouchka 
"On n'a pas besoin de toi ah le benêt, ah le simplet" disent-ils. Mais Vaniouchka ne change pas d'idée, il se tourne vers sa mère et lui demande "Mère préparez-moi une besace pour la route !" 

Elle rit elle aussi, elle essaie de le détourner de son projet, mais il insiste alors dans la besace elle range  une bouteille d'eau, un trop vieux fromage, et des brioches de la semaine passée qu'elle réservait au cochon, brûlées  brûlées qu'elles étaient par la mauvaise cuisson au four. Puis, le père, la mère, les deux frères ont regardé Vaniouchka s'éloigner et disparaître à  l'horizon en se moquant de lui "N'oublie surtout pas de revenir et de nous présenter ta femme !"ah ah ah et de s'écrouler de rire tous les quatre

Vaniouchka marche marche. Bientôt il croise un vieillard si âgé qu'il a le dos bien courbé. Le vieillard le salue. 
"Bonjour jeune homme, j'ai faim,  partagerais-tu ton repas avec moi ?" 
Vaniouchka se rappelle les brioches brûlées, il aperçoit la seule et unique dent tremblotante du vieil homme. "Ce que j'ai n'est pas bon pour toi Vieil Homme, tu pourrais y perdre ton unique dents, je suis désolé, je suis obligé de te refuser un quelconque partage ! Reçois mes excuses !"   "Je ne veux pas tes excuses, je veux partager ton repas, partageons-le !" et au grand étonnement de Vaniouchka le vieil hommes s'assoit et lui fait un signe de la main our qu'il s'assoit à son tour. "Assieds-toi, et partageons ton repas, je te le demande" Vaniouchka  s'assoit à ses côtés et ouvre sa besace. Quelle surprise, les brioches sont délicieuses, le fromage est parfait, l'eau d'une fraîcheur sans égale et le sourire du vieil homme sans équivoque. Il est content. La gentillesse de Vaniouchka lui plaît beaucoup. 

"Vaniouchka" lui dit-il, "tu es un garçon généreux et prévenant, écoute ce que j'ai à te dire. Dans quelques temps sur ton chemin tu trouveras un bâton. Ramasse-le. Plus loin, tu apercevras une forêt. Frappe le premier arbre de ton bâton.  Entre dans la forêt et  allonge-toi face contre sol dans la première clairière. Cache ta tête dans les herbes et quoi que tu entendes, ne la relève pas. Sauf quand tu n'entendras plus rien."

Le vieil homme s'arrête de parler. Vaniouchka veut le remercier. Mais il a beau chercher le vieil homme à la dent qui tremble a disparu.  Marche que je marche c'est en marchant que je fais du chemin, Vaniouchka se remet en marche. Il trouve un bâton, il le ramasse, il en frappe le premier arbre, il entre dans la forêt, il s'allonge dans la clairière face contre sol et se bouche les oreilles tant le bruit devient assourdissant. Le bruit de la scie, celui du rabot, celui du marteau, le bruit de la masse, que peut-il bien se passer ? Vaniouchka ne relève pas la tête sauf lorsque  le silence s'installe. 

Les mots manquent à Vaniouchka. Au beau milieu de la clairière se dresse un magnifique bateau de bois, avec un mât immense et deux autres à peine moins. Le vent caresse et gonfle doucement trois voiles d'un merveilleux bateau. La stupeur frappe Vaniouchka. Le bois est merveilleux. Il ne peut s'empêcher de poser la main dessus. Au même moment  une échelle de cordes tombe au sol et le bâtiment de bois tressaille davantage.  Vaniouchka grimpe  à l'échelle. Le voilà sur le pont. Le bateau tressaille encore, les voiles se gonflent, le bâtiment s'élève au-dessus de la clairière, bientôt le bateau vogue par dessus la forêt d'épicéa et Vaniouchka rit. Comme le monde est beau, comme le monde est grand...

Mais soudain il s'étonne.... (à suivre)






dimanche 3 juillet 2016

Nous sommes le dimanche 3 juillet 2016 et je finis par penser que nous pourrions être en mars.

et qu'il s'en passe des choses au mois de mars, ici ou ailleurs, par exemple Mars ne veut pas rendre son tablier pour laisser place à Frère Avril. Hum hum ça sent le terroir, ça sent l'histoire....que voici que voilà.

C'était il y a longtemps du temps où les poules avaient des dents dit-on.
Du temps où les vaches ruminaient sagement dans l'étable parce que les près n'étaient point prêts
Du temps où l'Emile, fameux paysan accroché à sa colline ariégeoise, l'Emile, voyait avec terreur diminuer sa belle provision de foin. Et il pensait " Vite vite que Printemps s'en revienne que l'herbe pousse et repousse et que mes vaches aillent brouter cette panique bretonne que j'ai eu la bonne idée de semer". Et l'Emile revoyait si bien cette herbe que le goût du beurre fait avec le lait des vaches qui l'avaient mangé, revenait si bien à ses papilles qu'il croyait qu'il était en train de déguster ce bon beurre breton sur sa tartine ariégeoise !   On aurait dit que Lola la Sage, Fine la Rose, ses deux génisses, Fleur de Lait, et Minie LaTendresse et  Hugo Le Taureau, dans la foulée, on aurait dit que tous comprenaient ce qui leur manquait. Tous meuglaient de l'espoir d'écraser, sous leurs mâchoires,  l'herbe nouvelle. 
Tous les jours l'Emile scrutait le ciel, la neige. Tous les jours il  questionnait "Quand fondras-tu Belle Blanche, n'as-tu pas fait ton temps, c'est l'heure ?"
C'est ainsi qu'un matin des derniers jours de mars, le 28, dit-on là-bas en Ariège, L'Emile "te surprend" un soleil un peu plus haut et plus chaud que la veille et jusqu'à ses jachères qui se reprennent à reverdir. Notre fermier trapu et rondelet, coiffé d'un béret noir se prend à croire à l'arrivée du Printemps. Tout fou  il  crie sa joie à ses bêtes "Demain mes belles, demain joli troupeau, vous irez manger l'herbette nouvelle" Et pire que tout, il ouvre la porte et sur le seuil il harangue le ciel  "L'Hiver est fini ! Youpi, l'Hiver est fini ! j'ai sauvé mes vaches et mes génisses !"

Mars entend l'Emile. Il est inquiet, il se fâche !
"Qu'est-ce que tu racontes orgueilleux humain, comment ça tu as sauvé tes vaches et tes génisses, comment ça l'hiver est fini ! Tu vas voir un peu L'Emile comme tu les as sauvées !" Et Mars se met à hurler
"Avril, Avril Avriiiiiiiiil réponds-moi j'ai besoin de toi !" Bref,  il interpelle son jeune frère Avril qui, en théorie s'apprête à lui succéder sur le calendrier.
Avril l'entend. Il demande à Mars "Que puis-je faire pour toi Grand Frère ?"  

"Voilà Avril je t'explique, toi qui es gentil, toi qui es si mignon, voudrais-tu bien me prêter un jour ou deux ? comme ça, avec les deux qui me restent  j'en aurai quatre et ensemble nous ferons trembler de froid le bétail de l'Emile !"
Est-ce parce qu'il est le plus jeune qu'il est aussi gentil ? Bonne pâte Frère Avril répond "OK Mars mon Frère, je te donne mes deux premiers jours, fais-en bon usage !" Mars en fait-il bon usage ? Il  se déchaîne. Dans la nuit du 29 au 30 il te fait souffler le vent d'ouest si fort que celui-ci accroche les uns aux autres de lourds nuages noirs. Et durant la nuit, les lourds nuages ouvrent leurs éclusent et déversent une pluie d'une froidure glaciale. Et ce n'est pas fini.
Le lendemain matin les cheminées annoncent la neige avec leurs fumées qui s'étalent à l'horizontale du sol au lieu de monter à l'assaut du ciel. Et la neige finit par tomber drue, lourde et lente à gros flocons papillons. Et la tempête dure les deux fois deux jours d'Avril et Mars réunis. Tout le pays est recouvert. Et aux 3 d'Avril chacun s'esbaudissait : on n'avait jamais vu une Ariège aussi blanche et aussi froide et des champs et prairies, jachères et pâturages autant enseveli sous la neige. 

Cette fois, l'Emile était mécontent (mais entre nous, la faute à qui ?) L'Emile se désespérait à voix haute :  "Ah la la là, mes pauvres bêtes, si ça continue vous n'aurez plus à manger" C'était vrai,  dans le râtelier le foin diminuait. Et il a tant diminué que les vaches et les génisses sont mortes d'épuisement de ne pas manger à leur faim. "Oh mes belles petites, oh toi ma Sage Lola, , et toi ma Fine la Rose,  oh ma Fleur de Lait, et Minie LaTendresse, oh mes pauvres petites belles" il suffoquait de douleur et en regardant son taureau il lui tapotait l'encolure "j'espère que ton tour n'est pas venu !" C'est alors qu'il a vu les pattes de l'animal trembler, c'est alors qu'il a compris que son taureau allait s'affaisser tant il était épuisé ; c'est alors qu'il a vu dans ses sabots la paille qui s'en échappait puis le regard désespéré de sa bête. Il l'a suppliée :  "Tiens bon Hugo, je t'ai trouvé à manger !" Et il a retiré les deux poignées de paille de ses sabots et la bête l'a mangée. Et la bête a survécu. 
Quelques jours plus tard Avril a interpellé son Grand Frère "ça va Mars, tu as bien travaillé, il est temps que tu me laisses ma part, c'est mon tour, va donc te reposer, tu l'as bien mérité !"
Mars a répondu OK et il s'en est allé en emportant la neige qui fondait.

Mensonge ou vérité ? Ce qui est resté de cette histoire ce sont les petits noms des deux derniers jours de  Mars et des deux premiers jours d'Avril, jours qui montrent leur bien mauvaise humeur. Là-bas en Ariège on appelle les premiers les "Prestous", où "les jours prêtés" et les seconds les "Vacairôls", encore dits "les jours des vaches". Voilà pourquoi, même après la jolie semaine ensoleillée du mois de mars, les gens et les bêtes préfèrent se blottir entre eux jusqu'à la véritable arrivée du Printemps.