Il était une fois,
du temps des rois et des reines, un roi aimait une reine. Tous deux aimaient leur royaume. Le roi menait celui-ci d'une main ferme mais douce. Tous ses sujets, du plus âgé au plus jeune, aimaient à vivre auprès de lui.
L'amour que chacun d'eux portait à l'autre leur offrit un enfant.
Tranquille, souriant, curieux de tout, le plus souvent joyeux, il apprit peu à peu tout ce qu'un fils de roi et de reine pouvait apprendre. Il atteignit ainsi l'âge où le coeur s'affole sous les désirs.
Le jeune prince quitta le royaume pour trouver ,comme il est souvent dit, "chaussure à son pied". Il traversa bon nombre de rivières et de fleuves, emprunta grand nombre de chemins, pénétra et s'enfonça au travers de nombreuses forêts, découvrit maints autres royaumes. Il fut reçu dans chacun selon les honneurs qui lui étaient dus, mais de princesse il n'en trouva aucune. Un beau jour il décida de retourner en son pays.
Le roi son père et la reine sa mère ne reconnaissaient pas leur fils. Il avait changé, il était silencieux, moins rieur, on le sentait déçu, perplexe, accaparé par ses pensées. Or, un jour, le sourire retrouva ses lèvres.
"Mère", dit-il, "j'ai une idée, Veuillez s'il Vous plait faire se rassembler toutes les jeunes filles du royaume"
"Vous voulez dire "toutes les princesses" cher fils ?
"Non mère je veux dire ce que je vous ai dit, Veuillez s'il vous plaît faire se rassembler toutes les jeunes filles du pays, j'ai quelque chose à leur dire et à leur donner !"
Ses yeux malicieux brillaient de plaisir. La reine, sa mère, heureuse de voir son fils reprendre pétillance, fit tendre calicots et banderoles en nombre et envoyer, pour annoncer la nouvelle, des crieurs publics par tout le pays, villes, villages ou hameaux, sans oublier une seule maison isolée.
Les jeunes filles furent nombreuses à se rendre au palais. Parmi elles, la moins susceptible d'être présente. Ses parents étaient forts pauvres, leur maison très isolée et modeste et son frère se retenait de rire quand il apprit qu'elle souhaitait se rendre au palais
"Quelle robe mettras-tu ma chère soeur ?"
Elle fit la sourde oreille et quitta leur demeure avec des vêtements forts simples certes mais propres et nets.
Quand elle arriva au palais elle s'étonna du grand nombre de jeunes filles présentes. De même que les habits qu'elles portaient l'étonnèrent. Ils n'étaient faits que de tissus somptueux, brodés de mille et une dentelles d'Alençon, et accompagnés de bagues, bracelets, colliers et dormeuses dont les demoiselles ne manquaient pas. Toutes bavardaient entre elles. Quand la jeune demoiselle arriva, les jeunes filles lui jetèrent un regard teinté de grande commisération. La jeune fille décida de se tenir en retrait. Quand on annonça l'arrivée du Prince, elle ouvrit grand les yeux : il semblait très sympathique. Il avait belle allure derrière le roi et la reine. Ceux-ci lui cédèrent la place.
Les jeunes filles cessèrent leurs conversations. Le prince s'adressa aux jeunes filles. Sa voix était ferme mais douce. Le silence était profond.
Les jeunes filles cessèrent leurs conversations. Le prince s'adressa aux jeunes filles. Sa voix était ferme mais douce. Le silence était profond.
Demoiselles, je vous remercie d'être venues aussi nombreuses.
Je désire faire connaître à chacune de vous
que je cherche une épouse.Mais pas n'importe laquelle.
Sachez que je donnerai mon coeur à celle qui saura seule
entretenir, faire vivre et se développer une graine particulière
qu'elle recevra comme vous toute.
D'ici un an et un jour vous reviendrez toutes
me présenter la plante
que vous aurez obtenue.
Certaines des demoiselles ont fait la tête car elles n'aimaient pas toucher la terre, "la terre c'est sale et ça sali !" pensaient-elles. D'autres aimaient la nature. Elles se sont réjouies. Notre jeune personne fut l'une d'entre elles.
Le jeune prince s'adressa au Grand Chambellan
"Grand Chambellan veuillez faire donner
à chacune de ces demoiselles les pots de fleurs
que je vous ai demandé de faire préparer
par les jardiniers".
Le Grand Chambellan fit un geste. Une armée de jardiniers se présenta et le temps de la distribution, l'une après l'autre, les jeunes demoiselles quittèrent le palais, graine en terre et pot de terre en main.
De retour chez elle la jeune Dorotea, c'était son prénom, porta pot de terre avec mille précautions. Elle le plaça au soleil, le protégea des froidures, l'arrosa sous grande surveillance, s'attarda chaque jour à surprendre la petite pointe verte qui s'apprêterait à prendrait forme. Mais que nenni, semaine après semaine, mois après mois, rien ne se présentait. La jeune Dorotéa ne parvenait pas à cacher sa déception. Elle laissait aller son chagrin. Mais tout en pleurant elle elle continua à apporter les meilleurs soins à la graine dont on lui avait confié le développement.
Au bout d'un an le grand jour arriva. Aucune plante n'avait poussé, aucune fleur ne s'était ouverte.
Dorotea prépare son départ. Elle recouvre tout doucement le pot de terre afin que la terre ne tombe pas. Son frère qui la voit faire se moque d'elle.
"Pas la peine de te rendre au palais Dorotéa,
le jeune prince ne t'épousera pas ;
ne vois-tu pas qu'aucune plante n'a pris jour
dans ton pot de terre !"
"Qu'en sais-tu Eusebio ?" lui répondit-elle
"Tu peux bien te moquer de moi,
rien ne m'empêchera de me rendre au palais,
pas même toi !"
"Tu peux bien te moquer de moi,
rien ne m'empêchera de me rendre au palais,
pas même toi !"
Pendant qu'Eusebio marmonnait
"J'en sais ce que j'en sais,
aucune plante n'est apparue
dans ton pot de terre malgré tous tes soins,
voilà ce que j'en sais"
Dorotéa s'en alla.
Et de ses petits pas rapides, pot de terre en mains soigneusement porté, Dorotéa est arrivée au palais.
Et de ses petits pas rapides, pot de terre en mains soigneusement porté, Dorotéa est arrivée au palais.
"Oui" répéta-t-elle pour la troisième fois aux gardes qui se tenaient à l'entrée du palais bien décidés à lui en interdire l'entrée
"J'apporte bien sous ce tissu la plante que le Prince désire voir, veuillez me laisser passer !
"Nous devons voir la plante pauvre demoiselle" Les gardes se moquaient d'elle. Elle ne se démonta pas.
"Seul le Prince a le droit de la découvrir" répéta-t-elle pour la troisième fois.
Devant sa ténacité les gardes laissèrent passer la douce enfant.
Devant sa ténacité les gardes laissèrent passer la douce enfant.
Dorotéa monta les escaliers qui menaient à la grande salle du palais. Ses jeunes jambes tremblaient. Quand elle entra, le Prince faisait déjà la revue des pots de fleurs. Dorotéa eut envie de pleurer, mais elle décida de retenir ses larmes.
"Ne coulez pas mes larmes, surtout ne coulez pas"
En même temps elle ne quittait pas des yeux les plantes magnifiques qui se dressaient hors des pots, les feuilles et les fleurs aux couleurs merveilleuses qui s'échappaient de chacun d'eux, tous tenu par l'une des jeunes filles. Les plantes étaient plus que belles et la moins belle était présente au contraire du pot de fleur de Dorotéa. Dorotéa pensait qu'elle n'aurait aucune chance. Son frère avait eu raison de lui dire que ce n'était pas la peine de se rendre au palais. Elle décida de tourner les talons. C'est à cet instant précis que la voix du Prince résonna à ses côtés. Il s'était approché d'elle. Il s'adressait à elle.
"Mademoiselle, s'il vous plaît, montrez-moi la plante que vous avez réussi à faire pousser ?"
Dorotéa retenait ses larmes.
"Ne coulez pas mes larmes, surtout ne coulez pas"
Et en même temps elle pensait
"il faut que je parte, il faut que je retourne chez moi" mais les mots du jeune prince résonnaient à son oreille. Elle souleva le tissu qui protégeait le pot de fleur.
"Ne coulez pas mes larmes, surtout ne coulez pas"
Et en même temps elle pensait
"il faut que je parte, il faut que je retourne chez moi" mais les mots du jeune prince résonnaient à son oreille. Elle souleva le tissu qui protégeait le pot de fleur.
Le jeune Prince fit un signe à l'un des nombreux jardiniers présents dans la grande salle du palais. Il prit le pot de terre et l'éleva à la hauteur des yeux de tous et toutes.
A sa grande surprise la main du Prince vient lui saisir sa main.
"Quel est votre prénom Demoiselle ?"
"Je m'appelle Dorotéa" répond-elle.
"Parfait, c'est un très joli prénom Demoiselle. Il est parfait. Facile à dire, il roule dans la bouche, fondant comme un gâteau blanc parfumé au citron. Voulez-vous bien me suivre ?"
Dorotea se prend à sourire.
Le prince pense qu'il a rarement vu un aussi beau sourire et il se déplace rapidement en direction du roi son père et de la reine sa mère. Les autres demoiselles enragent. Devant le roi et la reine les deux jeunes gens s'arrêtent et le prince déclare
"Chers Parents, j'ai trouvé aujourd'hui la seule demoiselle digne de partager ma vie."
"Mais" disent le roi et la reine "le pot de terre n'a donné naissance à aucune plante cher Fils"
"Vous avez raison chers Parents mais je devine la ténacité sur le doux visage de cette jeune fille. Comme je devine dans ses yeux les nombreuses larmes de la déception. Malgré cela je gage que ses bons soins ont été nombreux. Et sans relâche. Et sachez-le, pour rien. Ce pot était le seul et unique pot à posséder une graine stérile incapable de germer quels qu'aient étés les bons soins apportés. "
Dire que les noces furent belles est inutile, elles le furent.
Les parents de Dorotéa étaient présents, le moqueur Eusebio était là et toutes les demoiselles aussi.
Chacune offrit la plante dont elle s'était occupée.
On mangea, on chanta, on dansa, comme on mange, chante et danse en Espagne castagnettes en mains y trabalenguas en bocca.
El cielo está enladrillado.
¿Quién lo desenladrillará?
El desenladrillador que lo desenladrille, buen desenladrillador será.
pétillance : Caractère de ce qui est pétillant. (surtout en bordelais)
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