samedi 11 août 2007

Le petit chameau blanc de Mongolie, le voici





Le petit Chameau blanc de Mongolie





Il était une fois
Peut-être n’était-il pas
Allez savoir

Il était une fois un petit Chamelon blanc. Il était né dans l’élevage d’un riche éleveur de chameaux dont une extraordinaire chamelle blanche.
C’était la maman du petit Chamelon.
Il l’aimait beaucoup.
Il la trouvait très belle.
Il adorait l'entendre parler.
Quand elle lui disait :
« Viens mon petit Chamelon blanc, suis-moi et mets tes pas dans mes pas ». Il fallait voir comme il était content de poser ses petits coussins dans l’empreinte de ceux de sa maman. Il se croyait déjà grand ! »
Quand elle lui disait :
« Il est temps de te désaltérer, mon petit Chamelon blanc, allez, bois à mes pis mon bon lait blanc ! » et sous son poitrail il attrapait goûlument l’un d'eux dans sa bouche et il aspirait le liquide blanc éclaboussant sa truffe.
Quand elle lui disait : « il est temps de te coucher petit Chamelon blanc ! Viens tout près de moi » il se serrait auprès du chaud et rond flanc blanc, il laissait sa chaleur envahir son petit corps et il s’endormait. Rassuré.

Comme il l’aimait sa maman chamelle blanche, le petit Chamelon blanc.


Un matin au réveil il se retrouva tout seul.
A ses côtés il n’y avait plus de belle maman chamelle blanche ! Où était-elle passée ? D'un bond le petit Chamelon se redressa et blatéra bruyamment : "Maman, maman, où es-tu montre-toi !"
Mais elle ne répondit pas. Il leva la tête. Ce fut pour apercevoir à l’horizon un énorme nuage de poussière. Il était encore trop petit pour deviner que ce nuage emportait quatre vingt dix neuf chameaux plus la chamelle blanche pour faire la centaine que son maître fort riche avait offert à plus riche que lui pour être bien vu de celui-ci.



Le petit Chamelon blanc se désespèra, il pleura, il hurla. Son maître l’entendit. IL s’approcha, le plaignit mais le petit Chamelon ne put cacher sa peine. Le maître affligé demanda qu'on verse sur la tente de toile des milliers de fleurs afin que sous la chaleur du soleil elles exhalent leurs plus doux parfums et en réjouissent le petit Chamelon Blanc.

Mais le petit Chamelon Blanc ne sentit rien du tout et surtout pas l'odeur de sa maman chamelle blanche. Il continua de se désespérer. Personne ne put échapper à sa plainte.
Soudain il échappa à tous : sa peine était si profonde qu'il avait décidé de s'en aller.
File, fuit, foule, sur la terre désertique, pour retrouver sa mère le petit chameau fonce.
Et il pensait « Tant pis si je dois faire le tour de la terre pour retrouver ma mère ! Tant pis !»


Le berger du troupeau n'était pas du même avis. Il partit à sa poursuite, le rattrapa et il lui donna une belle bastonnade et les mots plurent sur son pelage comme autant de coups :

« Désobéis encore une fois et je t’écorcherai vif, et je jetterai ta peau aux chiens et je rôtirai ta viande à l’épée pour mieux m’en régaler, crois-le bien »

Le petit chamelon blanc n'écoutait pas : il levait vers lui ses étranges yeux bleus et ne se rappelait que la voix de sa maman chamelle.



LE VIEUX CHAMEAU

Quand ils revinrent au campement, le petit Chamelon se retrouva rapidement attaché à un grand et vieux chameau qui se montra de fort mauvaise humeur. Il n’arrêtait pas de râler, ni de frapper la terre du pied, ni de rouler des yeux, ni de cracher de tout côtés tout ce qu’il pouvait cracher. Le petit chamelon blanc, désespéré, s’y mit aussi : il cria, il pleura et il gémit. Alors le vieux chameau se fâcha :

« Vas-tu cesser le chamelon, tu n’vas tout de même pas faire la loi, ici, arrête de me faire suer ! Sais-tu seulement pourquoi tu pleures ? »

« Oui, je le sais, répondit le petit chamelon, je pleure parce que ma maman a été donnée avec le dernier troupeau du berger. Alors j’ai fui, filé, foulé la terre derrière elle pour la rattraper mais le berger m’a poursuivi à son tour et il m’a ramené et attaché à toi. Voilà pourquoi je pleure car je ne peux pas vivre sans ma mère ! » Et il se remit à pleurer.

Le vieux chameau baissa la tête. Il comprenait la peine du jeune orphelin. Alors il lui demanda de dormir tranquille, il lui dit qu'il s'arrangerait, ferait en sorte, romprait la corde. Le petit chamelon lui fit confiance. Il s'abandonna tout près de lui et s’endormit. Et au matin, hop là, le vieux chameau avait si bien écorché la corde avec pierre ou coussin que le petit chamelon se retrouva fin prêt pour aller au bout du monde retrouver sa mère.

Il remercia avec joie le vieux chameau et sous son œil attendri
le voilà qui fuit qui file qui foule la terre désertique à la recherche de celle qui lui manque.

Et pour al deuxième fois le berger est sur ses traces. Il le retrouve, il le bastonne, il le ramène au campement et l’attache à un autre vieux chameau cette fois, bien plus robuste que le premier.

Le petit Chamelon hurla sa peine immédiatement. On l’entendit partout blatérer comme jamais chamelon n’avait blatéré.


LE DEUXIEME VIEUX CHAMEAU PLUS ROBUSTE

Le nouveau vieux chameau n’'était pas content. Il dit

« Ah mais ça mais.., as-tu fini de me casser les oreilles petit ! Sais-tu seulement pourquoi tu pleures ? »

« Bien sûr que je le sais, vieux chameau robuste, et je vais te le dire ! » Et le petit chamelon blanc raconta sa peine, et le vieux chameau robuste il écouta tout et tellement bien qu'il fut très ému. Il déclara "Petit chamelon compte sur moi, je vais t'aider !" Et le lendemain matin
fuit file et foule le petit chamelon blanc avalait la terre désertique à la recherche de sa maman.

Mais le berger l'entendit partir. Il courut dans l'enclos et enfourcha son cheval, lui fit sauter la barrière et battant ses flancs il incita le cheval au galop. Le cavallier approcha si près le petit chamelon qu'il crut un instant qu'il le toucherait et il tendit la main. C'est à ce moment-là que le cheval s'arrêta net ... et lui parla! Il ne voulut pas en croire ses oreilles ; il crut que son turban allait se déturbanner de surprise ! "Je suis vieux, moins que le gland moins que le chêne, j'ai vu beaucoup de choses dans ma vie mais je n'ai jamais vu un orphelin aussi triste que ce petit Chamelon blanc. Ne compte pas sur moi pour l'arrêter Maître, je préfèrerai mourir !"
Et dans l'instant, sous les yeux ahuris du berger le cheval se laissa tomber sur le sol, le berger y posait les pieds et ne pouvait rien faire d'autre que contempler sa bête raide morte. Impossible de continuer la poursuite du petit Chamelon. Plus rien d'autre à faire que retourner sur ses pas à pied, à moins de rencontrer une caravane.


LA LOUVE ET SES DEUX LOUVETEAUX


Le petit chamelon profita de la désolation du berger. Faut voir comme il se mit à courir
fuit, file, foule la terre désertique petit chamelon allez fonce mais soudain il freina fort !

Faut dire que devant lui se tenaient une louve accompagnée de ses deux louveteaux : ils étaient tout trois visiblement affamés !
Quand la louve entendit pleurer le petit chamelon, en guise de salut elle l'interpella. Elle lui dit /« J’espère au moins que tu sais pourquoi tu pleures, petit chamelon, car sinon sache que tu as trouvé ta dernière raison de le faire : nous allons te manger !»

Le petit Chamelon aurait bien aimé disparaître, mais il préféra raconter son maître, les quatre vingt dix neuf chameaux offerts à un seigneur plus riche que lui et sa jolie chamelle blanche de mère pour faire la centième. Et il conclut en disant « Voilà pourquoi je pleure, parce que je ne peux pas vivre sans ma maman ! »

La Louve sentit son coeur s'emballer d'émotion. On a beau être louve on n'en est pas moins mère. Elle imagina ses petits loups dans la même situation que le petit chamelon blanc. Elle déclara « Va petit chamelon, Continue ta quête. Je trouverai bien autre chose à manger pour nourrir mes louveteaux aujourd’hui ! »

Sur le visage du petit Chamelon surgit un large sourire. Il remercia la Louve avec chaleur et ne demanda pas son reste : il reprit sa route au plus vite.

LE TIGRE ET SES DEUX TIGRONS

File fuit foule la terre désertique petit chamelon il fonce et lève la poussière derrière lui. Et soudain il gémit et freine. parce que cette fois devant lui se tient un tigre superbe suivi de ses deux tigrons. Et les trois nouveaux venus sont visiblement affamés.

"Tu gémis petit Chamelon", dit le Tigre, "j’espère que tu sais pourquoi tu gémis, car si tu ne le sais pas, sache que nous allons te dévorer. Ainsi auras-tu une bonne raison pour gémir ! "

Le petit Chamelon répondit sur un ton attristé
« Vous voulez me dévorer, et bien dévorez-moi. De toute façon je n’ai plus envie de vivre : j’ai perdu ma belle maman chamelle blanche ! »
Le Tigre s'est fait curieux. Il a voulu savoir. Il demanda
« Raconte-moi ce qui t'arrive petit Chamelon, je t'écoute !"
et le petit Chamelon blanc raconta tout : son maître, le maître plus riche que son maître, les quatre vingt dix neufs chameaux qu’il lui avait offerts et la chamelle blanche pour faire cent. Et il conclut en disant « Voilà pourquoi je pleure, parce que je ne peux pas vivre sans ma mère ! Maintenant, mangez-moi si vous le désirez !»


On a beau être tigre, on n'en est pas moins père. Le papa Tigre regarda ses tigrons et il n'arriva même pas à les imaginer dans la même situation que celle du petit Chamelon.
Tout attendri il déclara
« Va petit, ne te retiens pas, cours, et retrouve ta mère. Qui aurait cœur à faire souffrir davantage un petit malheureux comme toi ? Pas même moi ! »


Et le petit Chamelon aurait bien sauté au cou du tigre pour le remercier de bonheur mais il se contenta de le saluer. Puis il partit. Fuit, file foule, par monts, par vaux, il traversa la steppe immense. Il arriva enfin devant une forêt que les arbres, collés serrés très serrés et au feuillage chargé, l'empêchaient de pénétrer. Comble de malheur, la forêt était si grande qu’il ne pouvait même pas en faire le tour . La désolation s'empara du petit Chamelon : cette fois ç'en était bien fini de sa quête. Plus jamais il ne la retrouverait sa belle maman chamelle blanche !

Il en fut si sûr et certain qu'il se mit à pleurer, gémir et blatérer :
« C’est fini, autant mourir ! » et il se laissa aller au sol.
C’est alors que les arbres se penchèrent et lui dirent d’un souffle doux :
« Relève-toi petit chamelon. Nous t'aiderons ! »
Plein d'espoir il se releva et comme les arbres s'entrouvrirent il découvrit un petit chemin qui pénètrait au fur et à mesure dans l’épaisse forêt. Il y pénétra et remercia les arbres en chantonnant
« file la laine, file les jours…. et aussi, "Ce petit chemin qui sent la noisette… » et c'est ainsi en chantonnant qu'il arriva au bord d'un lac. Immense.
Tellement immense qu'il l'était beaucoup trop. Il n’en voyait même pas l'autre rive. Impossible de traverser un lac aussi grand. Le découragement l’envahit. "Cette fois c’est fini" se dit-il et il se mit à pleurer, à gémir, et à blatérer comme jamais il ne l'avait encore fait.

LA VIEILLE TORTUE

Alors une voix vieille de plusieurs siècles s’écriA
« Dis donc petit tu me casses les oreilles ! Cesse de gémir où je vais te mordre ! »
Le petit Chamelon blanc leva son regard. Il vit une vague pousser un animal venu d'un autre siècle, à l'apparence effrayante mais au tempérament fort heureusement curieux.

« Avant que je ne te morde Pitchou, dis-moi ce qui t'arrive, raconte-moi tout ! »
Le petit Chamelon qui allait reculer changea d’avis. Il répondit. Il dit tout et la Tortue, comme la Louve et ses louveteaux, comme le Tigre et ses deux tigrons, s'émut à son tour.
« Monte sur mon dos Petit chameau" dit-elle Et le petit Chamelon lui obéit. Imaginez l’étrange équipage : un petit chamelon blanc tout sabots rapprochés monté en équilibre instable sur la carapace arrondie d’une énorme et vieille tortue qui avance vers l’eau et nage entre deux eaux : on n'a jamais vu ça pense le petit animal, mais il est bien content de voir l'autre rive se rapprocher et de poser bientôt ses coussins dodus sur la terre ferme.

« Merci Tortue Vieille, merci beaucoup ! » et comme elle disparaissait discrètement un cri traversa la plaine. Le petit Chamelon reconnut le cri de de sa maman chamelle blanche. Il ne pouvait pas se tromper. C’était bien le cri de sa mère. Vite, il reprit sa course,
file fend foule la terre désertique bientôt il freine devant la cage de fer dans laquelle trois mille soldats tiennent la chamelle enfermée. Elle est si heureuse de le reconnaître que les soldats ne lui font plus peur et qu'elle prend une longue inspiration, qu'elle la bloque puis, la lâchant, fonce sur la cage avec toute l'énergie de son amour maternel : sous le choc les barreaux cèdent et la cage s’ouvre : voilà l’enfant et la mère réunis. Ils sont si heureux qu’ils ne font aucun bruit. Ils respirent ensemble, ils s’écoutent c’est tout.
Puis elle avance. Flanc contre flanc, il la suit. Et de temps en temps, il boit à ses pis.

Mais elle, elle reste inquiète. Elle lui dit que le maître va se fâcher une fois de plus contre elle, qu’il va lui prendre sa vie. Et l’enfant Chamelon gémit.
"Chut n'aie pas peur, va vers le sud, tu trouveras mon amie, elle me ressemble, elle a une même petite queue mais le pelage seulement roux. Tu la reconnaîtras. Bois le lait qu'elle te donnera et surtout, ne la quitte pas ! Allez file et ne te retourne pas !" dit-elle et sur ces derniers mots elle prends le temps d’arroser de son lait les jambes fatiguées de son petit chamelon pour lui donner des forces.
Et fuit, foule, file le petit Chameau fonce sans se retourner. Pendant ce temps les soldats s'emparent de sa mère.

Pauvre petit Chamelon, il fuit sans faiblir vers le sud. Et il découvre la chamelle. C'est bien elle, rousse bien plus que blanche. Lourde de lait elle tourne ses pis vers lui. "Prends" dit-elle. Et lui, il boit le bon lait blanc. Apaisé, flanc contre flanc le voilà endormi.

Cric crac
Vrai pas vrai
le conte es acabat

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