samedi 20 février 2016

I - Conte du Rameau Rouge d'Irlande de Alain Déniel et Willi Glasauer dans Epopées, chez Casterman

S'il est une épopée que je ne me lasse pas de lire en même temps que des notes sur le Mabinoguion, c'est bien celle de l'ouvrage cité en titre.

Et notamment l'histoire célèbre du héros irlandais Setanta.


Il était une fois ou il n'était pas le petit Setanta.

Il est fils du dieu Lug et étrangement conçu, il est aussi le fils de la fille du druide Cava. Elle s'appelle Detchiré.

Setenta vit auprès de sa mère. Il grandit. Il parle. Déchirer échange avec lui. Elle lui parle de sa famille.

Quoi donc Maman, j'ai un oncle ?
Quoi donc Maman j'ai un cousin ?
Quoi donc Maman mon oncle est roi. Je veux rencontrer mon oncle roi et mon cousin, où dois-je aller  pour les rencontrer ?

Detchiré regarde cet enfant vif et audacieux. Il n'a que 7 ans. Mais face à elle, il se tient bien droit sur ses jambes, bien droit et décidé.
Elle lui répond qu'il ne peut pas les rencontrer, il est trop petit, le chemin est trop long, la montagne à franchir est beaucoup trop haute, et qui plus est son cousin Follovinn devra lui accorder sa protection et s'il ne le veut pas, lui Setanta, cousin ou pas, serait obligé de revenir : il sera parti pour rien..

Setanta ne veut rien savoir. Il demande à sa mère où se trouve le château de son oncle.
Quand elle lui répond qu'il est à Evinn Macha, il répond
"Je vais partir"
Detchiré répond que pour cela il faudra appeler un guerrier Ulates pour l'accompagner.

Setanta est un enfant qui a déjà montré que ce qu'il voulait il l'obtenait Ce qu'il a décidé il l'a décidé. "
"Tout cela prendra trop de temps ma mère, je pars aujourd'hui, tout seul !"

Et à la grande surprise de Dechtiré, qui ne veut rien en croire, Setenta prend l'escalier, entre dans sa chambre, attrape dans son coffre à jouets crosse de bronze, balle d'argent, épieu tout brûlé, et bouclier de bois qu'il enfile sur son dos puis il dévale l'escalier, bouclier sur son dos et si rapidement, que c'est à peine si Detchiré remarque un courant d'air. 

"Setanta revient" Sur le seuil de sa demeure Detchiré a beau hurlé, c'est trop tard. L'incroyable gamin  disparaît au bout du chemin.  

Comment a-t-il passé sa première nuit ? Au château de son oncle.
Bien vite Setanta s'ennuie sur le chemin, il le trouve long et il décide de le raccourcir.  

Oui mais comment ? 
L'idée ne tarde pas à venir à son esprit. 
Il va jouer à la balle. Il en a une en argent, il la lance, la frappe avec la crosse de bronze et se précipite derrière en ne la quittant pas des yeux. Dès que la balle rebondit sur le sol, hop là du bras droit avec sa crosse, il la frappe de nouveau. 
Une fois deux fois trois, bientôt ce jeu ennui Setanta. 
Il décide de jouer avec son épieu. 
Il le jette en l'air et se précipite pour le frapper avant même qu'il ne retombe sur le sol. ne fois deux fois pas le temps de s'ennuyer et à la troisième fois, Setanta attrape l'épieu et prend appuie sur le sol. Dans ce mouvement, Setanta s'élance dans les airs et franchit ainsi la montagne de Fuat. Pour un raccourci c'est un raccourci. De l'autre côté il se réjouit. Il a atteint Evinn Macha. Il découvre  le château de son oncle, le château du Rameau Rouge.  Et ce qu'il remarque en premier au bas du château c'est un groupe de trois fois cinquante enfants qui jouent à la balle au trou. Super Sétanta adore jouer à la balle au trou. C'est parfait. Il va jouer avec les enfants. Il entre sur le terrain. justement, la balle vient vers lui. Il se baisse, il l'attrape. Il la pose dans le trou. Aucun silence n'a jamais été aussi silencieux que le silence qui a suivi parmi les trois fois cinquante enfants. Les voilà tous plantés d'étonnement et bouche bée.  Tous se demandent "Qui c'est celui-là ? Qu'a-t-il fait ? D'où vient-il ?" 

C'est Follovinn, fils de roi et cousin de Setanta qui réagit le premier. 
"Vous êtes d'accord avec moi, les amis, ce garçon n'a pas le droit de jouer avec nous.
Nous ne l'avons pas placé sous notre protection"
Trois fois cinquante têtes se hochent et trois fois cinquante bouches déclarent "c'est vrai, punissons-le, prenons nos épieus !"

"Allons-y, punissons-le !" Ils y vont. Chacun attrape son épieu et, les pieds bien plantés dans le champ, trois fois cent cinquante épieux s'envolent droit sur Setanta.


Les enfants réagissent. Eux aussi possèdent tous un épieu au bout brûlé. Il va voir cet inconnu qu'ils ne sont pas les derniers à manipuler leurs épieux. Chacun lance le sien à la tête de Setanta. Mais Setanta met en avant son petit bouclier de bois  et tous les épieu vont se ficher dessus.
Il faut imaginer la stupeur des enfants. La surprise passée, ils attrapent tous leur balle d'argent et ils les jettent toutes à la tête de Setanta. Nouvelle stupéfaction. Sous leurs yeux Setanta récupère une, deux, trois, quinze, cinquante et 150 balles d'une seule main !
Rapidement ils réagissent, il va voir cet insolent inconnu. Les enfants attrapent leurs crosses de bronze et les lancent contre Setanta. Septennat saisit la sienne  et arrête chacun des crosses avec elle. Puis il les fait disparaître derrière son dos, en éventail façon queue de paon.
Pour les cent cinquante enfants la surprise est sans égale. Et ce n'est pas fini, car ce qui se passe sous leurs yeux est encore plus surprenant. Setanta se contorsionnent devant eux.
Regardez ses cheveux comme ils se hérissent, comme ils se dressent,  disent les uns... on croirait voir les flammes rousses d'un feu !
Et de fait Setanta se prête à une étrange métamorphose
C'est pas fini, dit un enfant, regardez ses yeux, l'un est minuscule comme le chas d'une aiguille et l'autre regardez comme il s'étale. On dirait l'entrée d'un cratère !!!
C'est pas fini crie un autre enfant, regardez sa bouche comme elle s'allonge, elle va toucher ses oreilles et elle est si grande ouverte qu'on voit son gosier ! Quelques enfants terrorisés tremblent de peur, d'autres détalent comme lièvre pour se mettre à l'abri et échapper à Setanta. Celui-ci attaque tous ceux qu'il peut.  Il leur tombe dessus et les culbute.

Dans le pré au bas de l'enceinte du château, deux soldats jouent aux dames. Les enfants les ont rejoint. Les deux joueurs sont deux rois Fergus et Conor.  Setenta les rejoint. Le roi Conor saisit son bras et l'interpelle en riant :
"Si j'en crois ce que mes yeux ont vu tu ne t'es pas bien conduit avec nos enfants, petit !"
Je ne suis pas petit, seigneur et j'ai fait ce que je devais faire : 
je viens gentiment chez eux pour jouer avec eux 
et ils m'attaquent  alors j'ai réagi !
Le roi Conor tente de retenir son envie de rire
"Quel est ton nom jeune homme ?"
"Je m'appelle Setanta et tu es mon oncle, je suis le fils de ta soeur Déchtiré !"
"Et fils de ma soeur, tu ne sais pas qu'aucun enfant ne peut jouer avec nos enfants s'ils ne l'ont pas pris sous leur protection"
Soit il ne se souvient pas de ce que sa mère lui a dit, soit l'enfant s'adapte aux circonstances
                                        "Non mon oncle je ne le savais pas, sinon  je me serais montré plus prudent"
Le roi Conor se tourne vers son fils Folovinn et les amis de Folovinn. 
"Enfants, acceptez-vous de prendre Setanta sous votre protection ?" 
Folovinn et ses amis acquiescent. Le roi Connor lâche le bras de Setanta. Mais à peine l'a-t-il lâché que Setanta s'élance de nouveau et culbute les enfants qui retournent au pré. 

Le roi Conor fronce les sourcils. Il montre son désaccord.  
"Pourquoi recommences-tu  petit ?"
"Je ne suis pas petit, mon oncle, c'est pour cela que je veux 
qu'ils se mettent sous ma protection comme ils m'ont mis sous la leur ! 
Tant qu'ils n'accepteront pas je ne les lâcherai pas  !"
Le roi Conor ne peut s'empêcher de sourire : le fils de sa soeur ne manque pas d'audace. 
"Folovinn, amis de Folovinn, acceptez-vous d'être pris sous la protection de Setanta ?" 

A la suite de quoi, cent cinquante enfants + 1, jouent ensemble, à la balle au trou, à Evinn Macha, dans le pré au pied de l'enceinte du château du Rameau  Rouge d'Irlande. (à suivre)





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