jeudi 3 décembre 2015

Quand Mort passa par l'Ile de Cuba - (traduction de Lania)

Il était une fois Mort passa  par l’île de Cuba. 

Elle s’est présentée dans un village cubain. Incognito. Comment reconnaître Mort alors qu’elle porte une tresse noire toute emmêlée sous un large chapeau de feutre. Comment reconnaître Mort alors qu’elle se tient debout mine de rien cachant sa main cireuse dans la poche droite de son pantalon ! Comme quiconque, comme vous, comme moi nous pourrions le faire ! 

Quand elle a demandé, « Peut-on me  dire où se trouve Madame Francisca en cet instant ? »

Tobi Ramos était là. Il a levé le bras et il a répondu 
« Vous la trouverez par là ! »
en montrant un chemin qui partait sur la droite en s'éloignant des marais de Zapata. 

Mort s’est mise en marche. Elle a jeté un rapide regard sur sa montre. Il était 7 heure du matin.

Tout en marchant, elle marmonnait « Nous avons rendez-vous à 13 h 15. Je n’ai pas rendez-vous avec une autre âme aujourd'hui,  moindre mal, je ne me fatiguerai pas beaucoup, la routine quoi ! » Et ses lèvres ont esquissé un léger sourire. Mort était quasi heureuse. Quand elle est arrivée devant la maison de Francisca, sa nièce Panchita était devant la porte rouge.  Sans se présenter, Mort a demandé sur un ton mielleux 
« Bonjour petite, 
Est-ce que ta grand-mère est là ? »
Panchita a répondu 
« Non Madame, elle est partie dès l’aube »
"Et quand reviendra-t-elle ?"

Cette fois c’est la mère de Panchita qui est apparue en entendant l’inconnue. Elle  a répondu 
« Qui peut savoir ! 
Tout dépend de ce qu’elle doit faire dans les champs ! »

« Il fait très chaud » 
dit La mort, 
« est-ce que je peux l’attendre ici ? »

« Bien sûr, installez-vous, 
mais elle pourrait bien ne pas revenir avant le crépuscule ! »

Mort réfléchissait « je dois reprendre le train à 17 h  je pense qu’il vaut mieux que j’aille à la rencontre de Francisca plutôt que de l’attendre » Elle a demandé.

« Où puis-je, rencontrer Francisca maintenant ? »

« Elle est partie avant l’aube. 
Elle doit travailler dans un champ. 
Elle a dû le préparer et maintenant 
elle doit l’ensemencer en graines de maïs je pense ! »
L’ultime départ de Francisca était prévu aux alentours de une heure et quart
Mort se rassure : elle peut encore aller à la rencontre de Francisca.

Elle remercie Panchita et sa mère un peu froidement il faut le dire, et elle reprend sa route. Mais tout en marchant elle prend conscience que de champ en champ, tous les champs sont vides, personne n’y travaille, aucune âme à conquérir.

Mort est en colère. Elle marmonne 
« Vieille errante où es-tu passée ? » 
Elle envoie un crachat au sol et elle continue de marcher, de marcher de marcher sur le sentier. Enfin, elle croise quelqu’un. 
« Bonjour, j’ai rendez-vous avec Francisca, 
savez-vous où je peux la trouver ? » 

« Francisca ?» 
l’étranger a relevé la tête. Le soleil déposait des taches d’or sur la peau de son visage, à travers les trous de son chapeau de paille. 
« Il y a une demi-heure, Francisca était à la maison des Noriegas. Leur fils est malade, elle est allé le soigner ! »

"Merci beaucoup, j’y vais"

Mort s’est remise à marcher à marcher. Elle pressait le pas et elle marmonnait « Sacrée fugitive, j’vais te rattraper, 
je vais te rattraper Francisca, 
ton heure est arrivée, ton heure est arrivée ! »

Mais le chemin n’était pas facile, Mort s’y tordait les chevilles et comme il montait raide, elle y perdait le souffle.
En arrivant  à la maison des Noriegas, elle en pleurait de douleur.

Quand la porte s’est ouverte Mort a salué
  
« Bonjour, j’ai rendez-vous avec Francisca, 
appelez-la, s’il vous plaît, 
dites-lui qu’elle a rendez-vous avec moi ! »

« Francisca ? Mais Francisca est déjà repartie ! » 
a répondu la mère de l’enfant malade

Déjà ? si vite ? Elle n’a pas mangé ?
  • Non, Elle est simplement venue pour soigner notre fils; ça se voit que vous ne connaissez pas Francisca
Je la connais
  • Prouvez-le, parlez-moi d’elle ! La mère Noriegas qui est cette femme qu’elle n’a jamais vue. 
D’accord, je vais vous dire comment est Francisca … 
elle est ridée et elle a déjà 70 ans !
  • Pouvez-vous la décrire un peu plus ?
Et bien, elle a les cheveux blancs…., 
presque plus une seule dent,…. 
et le nez pointu
  • D’accord mais vous ne dites rien à propos de ses yeux ?
Et bien je vais en dire, 
ses yeux sont vides, 
sans lumière, éteints par les ans.
  • Alors là je suis sûre que vous ne connaissez pas Francisca, c’est sûr. Tout ce que vous avez dit est vrai. Son regard n’a rien d’éteint, il est lumineux au contraire. Celle que vous cherchez n’est pas Francisca ! Francisca est à la pâture, elle coupe l’herbe

Mort s’est indignée, vexée, et elle est repartie. Elle a marché, marché.

Mort répétait en marmonnant "Francisca, elle est à la pâture, elle coupe l’herbe ! Ah ah ah Tu as rendez vous avec moi Francisca, j’vais te rattraper, je vais te rattraper Francisca, ton heure est arrivée, ton heure est arrivée ! » La Mort allait, allait et marmonnait mais quand elle est arrivée il n’y avait personne pas plus Francisca que quiconque d’autre il n’y avait que la pâture !

Les pieds blessés par les cailloux, sa chemise noire noyée par a sueur,  la Mort sort sa montre et consulte l’heure.. Elle s’étonne « Déjà 4 heure et demi, je n’ai plus le temps de poursuivre Francisca ! C’est impossible ! Sacrée Francisca ! Tu m’as tué ! A cause de toi je vais manquer mon train ! Tu ne veux pas me rencontrer, et bien ne me rencontre-pas, fais ce que tu veux, tant pis pour toi" 
Mort décide d’oublier Francisca. Et elle retourne sur ses pas. 

Pendant ce temps-là, à deux kilomètres de là, Francisca s’occupe de remettre en état un petit jardin.

Tomi Ramos passait devant. Il l'a salué « Bonjour Francisca ça va ? » Elle lui répond les yeux clairs et la voix fragile  « ça va, merci beaucoup Juan, belle journée »
L’homme s’éloigne en pensant :

Sacrée Francisca qui ne veut pas mourir ! 
Mort tu ne l’auras pas.





FIN

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