jeudi 7 juillet 2011

Hummmmmm y a bon la croustade du Quercy

http://www.bouilloirebavarde.com/article-croustade-de-pommes-a-l-ancienne-78741071-comments.html#anchorComment
Mais elle me rappelle un soir de juillet
Déjà dans la journée une ambiance particulière était née. Comme lorsqu'il va se passer quelque chose de merveilleux et que personne ne doit être tenu au courant. Alors tout le monde attend. Interroge. Questionne. Personne ne répond. C'est sûr, il y a anguille sous roche.
Après la sieste derrière les volets italiens, on a dévalé les escaliers : serviette, maillots floqués qui gonfleraient dans l'eau à nous noyer, goûters, vite vite Vignals nous appellait. Nous avions remonté vers l'Eveillée, puis descendu à travers les talus, par un chemin ombragé plein d'espoir Tanellu -devine qui veut quarante ans plus tard- La poussette de la dernière s'accroche aux caillous. Et la mère regrette que le village soit sur une motte. Certains traînent avec eux une énorme chambre à air, noire, qui leur servira de bouée. Bientôt nous voilà déboulant sur le champ à Gallo, puis sur la route, passant devant la maison de la sorcière, comme un air Halloween avant l'heure. Enfin nous voilà devant la passerelle, devant la retenue d'eau, devant l'île aux cailloux blanc en son milieu. Et ce ne sont plus que cris joyeux. Les enfants, les ado, s'esplashent, s'esplouffent, s'esplongent. Les uns et les unes s'esrapprochent. Les mères ont étalé les couvertures et préparent les goûters. Et devisent de ce qui... de quoi parlez-vous ? Quand l'enfant arrive elles se taisent. C'est clair, il y a anguille sous roche.

Alors au soir l'anguille sous roche tenait l'enfant que j'étais aux aguets. La chaleur qui l'empêche de s'endormir l'aidera à rester éveillée. A l'affût. Chut, c'est quoi ce bruit dans la rue. A travers la persienne, elle surprend une procession sur lapointe des pieds, des ombres, des chuchotements, des rires étouffés, des chuchotis. Dans la salle du bas il se prépare quelque chose. Alors elle descend les quatre première marches. Et elle regarde. La pièce est obscure. Seule le dessus de la table carrée est éclairé. Il y a dans l'air comme une effervescence. Quelqu'un va venir c'est sûr. La porte s'ouvre. Ils sont quatre à pénétrer dans la pièce. Quatre à porter avec précaution quelque chose qui déposé sur la table prend toute la place. "On la découvre ?" dit une voix. "Découvrez-la" disent les femmes en riant. Et c'est ainsi qu'elle est apparue, ronde et dorée à souhaits, la tourtière du Quercy, la spécialité, après les macarons et les choux à la crème du Pierrot Bonnet le copain de son gourmand et gourmet de père. Une vraie pièce de musée. Par sa taille. La superficie de la table. Et par finesse de sa pâte excellente. Craquante à souhait sous la dent et fondante à ravir sur la lèvre. Hum quelle suavité.
Ah il n'avait pas son pareil le Pierrot. Une belle pensée à lui. Toujours vêtu de sa belle veste blanche et les trois-quart du temps chapeauté de son haut bonnet. Une autre pour sa tourtière lauzertine, déposée en grand secret, un beau soir de juillet dans la maison aux balcons et volets bleu pervenche d'une certaine rue de la Gendarmerie, aujourd'hui disparue.
Je peux la goûter ?
Coquine tu n'es pas endormie.
Sauf la petite dernière, aucun des trois ne l'était.
Maman posait sur la table à la nappe blanche brodée de coquelicots rouges profonds, les assiettes blanches et bleues sur lesquelles on apprenait à lire en découvrant les blagues, pas si fines, de Fernand et Marius
Blague à part, nous aussi eûmes droit à goûter à la nouvelle formule du pastis du Pierrot Bonnet.
Ah chère Annie, si tu savais combien je t'enviais d'avoir un père capable d'offrir tant de douceur. Aujourd'hui je me rends compte que ma mère n'avait rien à lui envier. A sa façon c'était une professionnelle, mais elle oubliait de le dire.

PS : Trouvée dans un forum actuel, une réponse qui illustre bien qu'il y a un secret dans la fabrication du pastis du Tarn et Garonne ou d'ailleurs : très conteur. Soit
As-tu la recette du pastis ?
"ben non malheureusement, j'en mange quand je vais à Mazerolles à côté de Pau. Le fabriquant tient la recette de son père,
qui la tient de sa mère,
qui la tient de........................
et c'est un secret de famille. Mais c'est un régal et les gens viennent de très loin lui en acheter"

Pourquoi ce soir-là ? Pourquoi chez nous ? Pourquoi tout court ? Pourquoi toujours.

http://youtu.be/lSvYGcUXNrM

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