samedi 15 mai 2010

Celui qui cherchait la chance...

Un homme se lamentait. Il disait "Je n'ai pas de chance, j n'ai pas de chance, tout le monde a de la chance sauf moi. Il faut dire qu'il n'était pas fûté. Le jour où la chance avait été distribuée il avait eu l'idée de se cacher ! Tout le monde comprenait pourquoi il n'avait pas de chance. Sauf lui.

Le même homme se lamentait. De ce que lorqu'il proposait son aide, personn n'en voulait. Il faut dire que tous ceux qui l'avait accepté s'en était mordu les doigts. Par exemple le Lionel. Il avait accepté son aide. Pour construire un muret dans son jardin. L'homme s'y connaissait pour monter un mur. Mais sitôt le dos tourné le mur s'était écroulé. Lionel a rejoint ceux qui ne voulaient pas de son aide. Et lui l'a quitté en disant "Je n'ai pas de chance, je n'ai pas de chance. Tout le monde a de la chance sauf moi.


Dans les rues de la ville il errait en répétant "Qui peut me donner de la chance ? Tout le monde a de la chance sauf moi, donnez-moi de la chance, même un tout petit peu !" L'un, lequel, personne ne sait, lui précise "Pars tout en haut de la montagne, demande lui et il t'en donnera !" Lui ? C'est qui ? Il ne sait pas mais il le rencontrera et il lui demandera. Le voilà sur la route.

C'est ainsi que sur le chemin il remarque un loup. Un loup ça fait peur mais pas celui-là. Il est très maigre, il est squelettique. Il est gémissant. Le loup le remarque aussi . Il lui adresse la parole. "Où vas-tu ?" demande le loup. "Je vais chercher ma chance auprès de celui qui sait tout " . "Tu veux bien lui poser une question pour moi ?" L'homme hoche la tête. "Demande-lui ce que je dois faire pour ne plus être aussi maigre et aussi efflanqué que ce que tu vois ?" "J'y vais de ce pas" dit l'homme et il y va va.

Marche que je marche c'est en marchant que je fais mon chemin, l'homme marche. Marcher ça fatigue. L'homme s'adosse au pied d'un arbre. L'arbre lui parle. Il lui dit "Où vas-tu ? " L'homme répond qu'il va chercher sa chance auprès de l'homme qui sait tout" "Demande-lui pourquoi ici tous les arbres poussent merveilleusement bien sauf moi, regarde leur feuillage, regarde leurs belles branches et regarde mon feuillage, regarde mes branches, s'il ne pleut pas je vais me fendre "En effet" dit l'homme, "compte sur moi, je lui demanderai" et sur ces mots l'homme quitte l'arbre.

Marche que je marche c'est en marchant que je fais mon chemin, l'homme marche. Il attaque la colline, il entre dans une forêt, il en sort et il entend pleurer. Il passe devant une maisonnette, au bout d'un jardinet et la fenêtre est ouverte. Qui donc peut bien pleurer ici si loin de tout. Portail enjambé, jardinet traversé, porte poussée c'est une jeune femme qui pleure. Elle est, ma foi plutôt jolie. L'homme lui demande pourquoi elle pleure. Elle lui demande pourquoi il passe. Il répond qu'il passe pour demander à celui qui sait tout comment avoir la chance. Tout le monde a de la chance sauf moi, dit-il. La jolie femme qui le regarde avec un intérêt certain lui demande de demander pour elle ce qu'elle doit faire pour ne plus pleurer. D'accord, dit l'homme je poserai ta question. Et sur cette réponse, il reprend son chemin.

Marche que je marche c'est en marchant que je fais mon chemin, enfin il repère la caverne, enfin il y entre, c'est une caverne comme tout autre caverne lorsque soudain par une fente en sa voûte une lumière se présente et une voix dit "que viens-tu faire ici voyageur ?" Aussitôt l'homme joint les mains et demande "Je viens pour savoir où se trouve ma chance?"
La voix dit. "La chance est avec toi et aujourd'hui tu as rendez-vous avec elle ! Allez va, ne la manque pas !" L'homme quitte la caverne tout content et heureux lorsqu'il se souvient des questions à poser pour le loup l'arbre et la femme. Il retourne dans la caverne. Il obtient les réponses. Alors il sort en courant et il dégringole si vite le flanc de la montagne qu'il entend pleurer après avoir dépassé la maisonnette. Alors hop hop hop trois pas en arrière, enjambé le petit portail, traversé le jardinet et la jolie femme qui pleure à sa fenêtre lui demande "alors as-tu ma réponse" "Oui, je l'ai, pour ne plus pleurer il te suffit d'épouser le premier homme qui passe" Elle le regarde avec de grands yeux puis elle fait la demande, surtout qu'il n'est pas mal de sa personne "Epouse-moi" Sans la regarder, il répond en traversant le jardinet "Non pas moi, moi je ne peux pas, moi j'ai rendez-vous avec ma chance !"

A grands pas il entre dans la forêt, à grands pas il la traverse et quelques pas plus tard il passe non loin de l'arbre qui le reconnaît et lui parle "Alors as-tu ma réponse ?" "Oui bien sûr, je l'ai, un trésor gêne tes racines et les empêche de te développer. Il faut que quelqu'un creuse à tes pieds pour le retirer !" "Et bien creuse et prends-le !" "Ah non, pas momi, je n'ai pas le temps, j'ai rendez-vous avec ma chance aujourd'hui !" Et sur ces mots il dégringole à toute allure et si vite qu'il manque ignorer le loup quand il passe devant lui. Mais le loup l'a vu lui : "Alors, as-tu eu ta réponse ?" L'homme se retourne et dit oui le Loup, je l'ai eu, comme j'ai eu la réponse de la jolie jeune femme, comme j'ai eu la réponse de l'arbre effeuillé, comme j'ai eu ta réponse. Le loup s'étonne, la jolie jeune femme ? l'arbre effeuillé ? "Allez, raconte !" L'homme raconte. Et quand il a fini de raconter, le loup narquois demande "Et moi que dois-je faire ?" "Toi, tu dois manger le premier imbécile qui passe" "Et comment appelles-tu un homme qui n'épouse pas la plus jolie des femmes, et qui passe à côté d'un trésor sans le ramasser ?" dit le loup. Sans attendre la réponse quelques instants plus tard, le loup est un loup requinqué.
C'est ainsi que l'homme qui cherchait sa chance n'a jamais pu raconter qu'il l'avait trouvée. Mais moi qui passais par là, j'ai eu la chance de l'écouter pour que vous ayez la chance de la découvrir. Voilà c'est fait.

3 commentaires:

Unknown a dit…

J'ai envoyé le conte à Fabien... Merci Lania !

Anonyme a dit…

Je cherche désespérément l'auteur de ce conte... Savez vous d'où il vient? Merci d'avance et bonne "conte-inuation"!

Contes&Lania a dit…

Bonsoir Anonyme. Je ne suis pas très fière de moi : d'ordinaire je mets le texte dont je me suis inspirée. Bing, votre curiosité me colle : me voilà comme papillon épingée sur le vif. Je suis persuadée que, le conte "le vrai" "est" du sublime et du plus célèbre carcassonnais, je veux parler de Monsieur Henri Gougaud. L conte n'est pas dans "L'Arbre à Soleil", il n'est pas dans "La bible du Hibou". Reste à vérifier sa présence dans "L'arbre aux Trésors" Seuil 1987 ou encore "L'arbre d'Amour et de Sagesse" Seuil 1992 : je les possède, mais je crois les avoir prêtés. Les livres sont ainsi, libres : ils partent et parfois ils ne reviennent pas. Alors je les rachète. Merci d'être passé par ici. Au plaisir. Je ne savais pas avoir des lecteurs.
J'aime beaucoup lire les contes écrits par Gougaud. En général, les spectateurs sont scotchés et on me demande les références. Je sais que les oreilles achètent les ouvrages.