mardi 6 janvier 2009

6 janvier 1853... Une assiette de frites fines, s'il vous plaît !


Et si on parlait de la Pomme de terre, de la Patate, de la Papa, de la kartoffen.... Parlons-en.

Vive la pomme de terre qui adouçit les colères


Combien de pommes de terre pour faire la soupe de ma grand-mère ?
Combien de pommes de terre pour faire la soupe de ma grand-mère ?
Combien de pommes de terre pour faire la soupe de ma grand-mère ?

Cette histoire n'est pas une histoire de soupe
Cette histoire est une histoire colérique qui s'est déroulée précisément à New York
et plus précisément à l'Hôtel Saratoga Spring
et pour être encore plus précise, le même jour qu'aujourd'hui, un mardi, mais de l'année 1853. Cette histoire est une vieille histoire.

Peu avant midi, le Directeur de l'établissement Saratoga Spring passe en revue tout son personnel, dans le grand hall, devant les grands miroirs dorés à l'or fin et chacun se tient droit comme I. De la plus craintive des femmes de chambre, parce que nouvellement embauchée, jusqu’à l’élégant réceptionniste, sans oublier les cuisiniers, le groom et le maître d'hôtel, personne n'échappe au regard pointu autant que pertinent du Maître des lieux. Dans le même temps, dans chacune des têtes, celle du directeur compris, les mots pourboires et pouvoirs tourbillonnent . Monsieur Cornelius Vanderbilt, célèbre hollandais d'origine, illustrissime magnat des chemins de fer, est attendu pour le déjeuner et côté pourboires et pouvoirs, Cornelius Vanderbilt s'y connaît.

Mais, vous demandez-vous, comment passe-t-on des chemins de fer à la pomme de terre ? Simplissime

Le directeur claque des doigts. Le personnel quitte les lieux. Il était temps. Le réceptionniste annonçe Monieur Cornelus Vanderbilt. Le directeur s'avançe vers le visiteur, lui fait moultes courbettes. Il l'accompagne à l'entrée de la magnifique salle à manger. Le Maître d'Hôtel prend le relais. Quelques pas suffisent pour mener l'hôte prestigieux à la table qui lui est réservée. Un menu de cuir noir aux lettres d'or apparaît comme par magie dans les mains du Maître d'hôtel. Monsieur Cornelius Vanderbilt s'en saisit du bout des doigts encore gantés. Il désigne en entrée, une truffe au sel, en plat principal un tournedos Rossini avec son couvre chef de foie gras du Quercy Blanc et insiste pour qu'il soit accompagné, hérésie sublime, de ses frites habituelles.
Monsieur Cornélius Vanderbilt adore les frites.
Le Maître d'hôtel disparaît dans les cuisines. Sur un geste du plus grand magnat des chemins de fer, et à la satisfaction générale de quelques autres convives dispersés dans la magnifique salle à dominante rouge et or, un chef d'orchestre fait entonner par ses musiciens l'air qu'il sait être le préféré du célèbre convive, le "Caprice Cubain " de Gottschalk. Comme la célèbrité du jour sourit de plaisir, le maître d'hôtel verse dans son verre en cristal quelques gouttes du Petrus qui lui est désormais réservé.

On apporte la truffe au sel. Le Maître d'hôtel se retire mais pas trop cependant. Il veut rester attentif aux improbables déplaisirs qu'il pourrait lire sur les lèvres du réputé convive. Comme il avançe et se penche pour demander « La truffe convient-elle à Monsieur ? »
Monsieur se recule et répond
« Non seulement elle me convient, mais elle est incomparable ! »

D'un geste invisible l'assiette disparaît. Le Maître d’Hôtel de même. Monsieur Cornélius Vanderbilt n'a que le temps de tapoter sa moustache du bord replié de la belle serviette blanche aux armoiries du Saratoga Spring. Le tournedos Rossini trône sous ses yeux, comme la tranche de foie gras, comme l'hérésie sublime, ces frites qu’il adore. Le Maître d’Hôtel lui souhaite une excellente dégustation et se retire de quelque pas, toutefois attentif à ses réactions. S'il n'eut aucun doute à propos du bonheur que donne au magnat la dégustation de la galette de foie gras sur le tournedos Rossini, il est aux aguets lorsqu'il le voit froncer les sourcils dès la première frite croquée. Il s'est déjà rapproché lorsqu’à la seconde frite le notable avançe la lèvre supérieure à la hauteur du nez tout en fronçant les sourcils. D'un ton professionnel il s'inquiéte « Quelque chose ne va pas comme vous le souhaiteriez Monsieur Vanderbilt ? »
Il se retrouva face à avec deux doigts exhibants une frite dite « trop huileuse »

Plus rapide que l'éclair, il saisit l'assiette et disparaît dans les cuisines. Monsieur Georges Crump est aux fourneaux. Il se retourne et reste bouche bée. Il pense "mes frites, trop huileuses !!! Mes frites trop ..." Sur son front son turban jaune safran avançe puis repart en arrière de stupéfaction ! Incroyable, On lui demandait une nouvelle coupée de frites et On précise "cuites à point !" Ce qui voudrait dre qu'elles ne l'étaient pas. Lui, le spécialiste de la friture il ne saurait pas frire les frites à point !

Des frites cuites à point ! Tout New York sait qu'il est passé maître en l'art de ce savoir faire.
Le regard du Maître d'hôtel est si sévère que Georges Crump prépare aussitôt non pas un mais deux nouveaux bains d’huile. Il attrape de nouvelles frites. Il les passe dans un premier bain à 150 ° puis les retire pour les passer dans un autre bain porté cette fois à 170 ° ! Il est en train de les retirer, quand le Maître d'Hôtel réaparait. Il surprend son regard satisfait. Cela le rassure.

Dans la magnifique salle à manger Monsieur Cornelius Vanderbilt saisit une nouvelle frite. Le Maître d'Hôtel se retire de quelques pas. Quand le célèbre convive saisit la seconde frite, il suspend sa respiration. Il n’a pas le temps de réagir que Monsieur Cornelius Vanderbilt se lève et assiette en main déclare
« Que se passe-t-il aujourd’hui dans vos cuisines, c'est pire que pire, celles-ci sont beaucoup trop épaisses ! » Quelques secondes plus tard, le magnat lui-même pousse la porte à double battant d’un pied nerveux et déclare à Monsieur Georges Crumpe « J'en veux de plus fines ! » puis il disparaît.

Monsieur Georges Crump est ahuri, stupéfait, soufflé, figé, muet. Le départ consterné du Maître d’Hôtel lui rend la parole
« Plus fines, je comprends, plus fines, je dois les couper plus fines, j’y vais »

Et il y vaa. Il attrape quelques Manon et entreprent de les couper dans la longueur. Soudain il en retourne une et, quelle idée a-t-il, il se met à la couper en rondelles tout en marmonnant
« ah vous voulez des frites fines Monsieur Cornelius Vanderbilt et bien vous ne vous serez pas déplacé pour rien croyez-moi. Vous allez avoir des frites fines c’est moi qui vous le dit" et dans l'élan, pomme de terre après pomme de terre, il tranche les Manon de plus en plus fines et si fines que la pensée soudaine qu’elles pourraient se briser entre les doigts du magnat au moment même où il les saisirait le fait rire aux éclats. Quand il pense en avoir suffisamment coupé il les plonge dans un nouveau bain à 170 ° degré, point. Une seule fois. Pas davantage. Juste à point. Le maître d’Hôtel reviEnt précisément à l’instant où il les dépose dans un plat de porcelaine. Liquéfié par la vision inattendue le Maître d'Hôtel tourne la tête vers le cuisinier et déclare, troublé « Mais k ka qu'avez-vous fait là Georges Crump ? Cette fois vous… »

Georges Crum lui coupe la parole en oulignant les siennesd'un geste vif « Je sais, je serai renvoyé, peu m'importe, il voulait des frites fines, il aura des frites fines ! »
Un Maître d’Hôtel est un homme impassible. C’est un maître d’hôtel impassible qui dépose l’assiette de frites fines sur la célèbre table ronde habillée d’une nappe d’une blancheur remarquable. Impassible mais aux aguets. Et trois pas de biais, en arrière du célèbre magnat des chemins de fer. Celui-ci saisit délicatement la première frite et la croque. Le Maître d'Hôtel le devine surpris. A la seconde, le Maître d'Hôtel comprend l'intérêt du célèbre convive : il garde la frite en main quelques secondes supplémentaires. Pour l’observer. Quand la troisième frite est croquée, le Maître d'Hôtel découvre un homme comblé qui mangera jusqu'à la dernière. Ce que fait le célèbre magnat lui demande d'une voix enthousiaste, voire joyeuse :
« Faites moi venir celui qui a si étonnamment répondu à mon désir ! »

D’un tour le Maître d’Hôtel se rend aux cuisines.
Le turban jaune safran de Monsieur Georges Crump ne bouge pas d’un poil lorsque ce spécialiste indien de la friture répond « si c’est pour me renvoyer, faites-le moi savoir par écrit ! »

Le Maître d’Hôtel répond en éclaant de rire qu'« il n’est aucunement question de vous renvoyer mon ami, plutôt de vous féliciter, je vous conseille de me suivre ! »

Quelques minutes plus tard, "l'ami" ouvre grand ses yeux de merlan frit en découvrant que Monsieur Cornelius Vanderbilt se lève et vient vers lui l'air satisfait et la main tendue. Comment refuser. Dans l'échange il comprend qu'il tient là le plus le plus magnifique des pourboires. Une belle poignée de dollars.

L'ingénieur Cornelius Vanderbuilt, devenu le richissime magnat des Chemins de Fer retourne vers sa table. Il donne un nouveau regard à Heorges Crump. Il l'interroge.
« Dites-moi, cher ami, de si belles frites doivent avoir un nom exceptionnel ? Quel est-il ? »

Georges Crump ressent un grand moment de silence. Il est désemparé. Ses frites sont des frites ni plus ni moins. Puis il se rappelle le chuchotis qu'elles ont fait en tombant dans la friture. Il répond
« Vous avez raison Monsieur Cornelius Vanderbil, ces frites portent un nom : elles s’appellent des ........... !" (Merci tu as bien deviné lecteur, des chhhhhhhhhhiiips !"

La fin ?
Monsieur Georges Crump et son turban jaune safran disparurent derrière la porte à double battant.
Monsieur Cornelius Vanderbilt termina son repas sur la douceur de son dessert préféré, des Poires Belle-hélène, une petite goutte de fine et quelques nouvelles mesures d’un Caprice Cubain fort apprécié. Il souligna le tout non pas par la dégustation d'un quelconque barreau cubain, mais bien plutôt par celle d'un
Robusto de Cohiba qu n'attendait qu'une chose : être allumé.

Le Maître d’Hôtel tout comme le directeur, eurent droit à la fameuse poignée de mains. Les trois Paix : Pourboire pour l’un, pouvoirs pour l’autre et plaisir pour Monsieur Cornelius Vanderbilt.
Sachez-le, qu’elles s’appellent Manon, Francine, Monalisa la Coquine ou Belle de Fontenay, qu'elles soient classiques et très Bintje, toutes, bien croquées, vous raviront le palais A en avoir la patate toute la journée.

Ya pas que "Ettenad" in the life, il y a también la "spihc" surtout celle de Georges Crump
et devant celle-là, même Lania s'incline

Texte écrit par Lania le 6 janvier 2009 d’après trois lignes d'une anecdote lue sur le net.

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