lundi 30 juillet 2007
Le chêne à trois étages de Bricqueville
Superbe, non le chêne à trois étage ? La petite Marie est plus que ravie. D'accord, elle a fait beaucoup de chemin depuis le village dominant les trois vallées et sa seule rue qui descend ! Mais au moins elle a rencontré du monde, vécu de bons moments, goûté de bonnes choses et là en cet instant merveilleux elle va pouvoir faire plaisir au petit cochon de Bouloc. Pas beau tout ça ? Elle avance à petits pas vers le chêne à trois étages. Il est moins haut que d'autres mais à bien regarder le paysage le vent doit passablement lui faire courber la tête. Enfin, c'est ce qui lui vient à l'idée juste avant de poser sa question.
"Chêne à trois étages, veux-tu bien me donner tes glands ?"
Pas rancunier le chêne à trois étages ! Savez-vous ce qu'il lui répond ?
Non ? Oui, il lui dit
"Pas tant que tu ne m'auras fait souffler le vent !"
ça alors, il fait un temps splendide, un temps à courir bronzer à la plage, un temps à jouer avec son chien ou celui du voisin -la petite Marie voyage seule- ça alors dit-elle ce ne sera pas façile
Pas facile peut-être Petite Marie mais si tu veux tes glands sache que moi, je veux mon vent.
Quel vent ? dit-elle.
Ouf il répond exactement ce qu'elle n'aurait pas osé espérer : le vent de la Manche !
La Manche, elle n'est pas loin, faudra seulement passer par MontMartin sur Mer. Seulement, seulement, pas tant seulement que ça : d'abord y a pas d'affiche. Heureusement il y a le boucher-charcutier qui aimable donne les indications. "Vous prenez sur votre gauche, puis vous allez tout droit, attention dans la courbe prenez la côtelette qui essaie de monter puis arrêtez-vous sur le belvédère et admirez la baie, après, c'est facile, pas moyen de vous tromper, belle après-midi mademoiselle !"
Et puis avant, il faut quitter le chêne à trois étages de Bricqueville. Elle va à pied la petite Marie. Pas difficile de redémarrer le voyage, allez Houps là, la voilà qui court. C'est bien, la marche à pied, elle a déjà le temps de remarquer une étrange meule de foin. On dirait, pense la petite Marie, une histoire dans laquelle un vieux monsieur, monté sur une échelle ést en train d'ajouter du chaume pour la protéger peut-être de l'orage ou du vent à venir ; mais la petite Marie ne s'attarde pas, elle traverse déjà Blanche Maison, de quoi penser qu'elle est déjà revenue à Maison Blanche -toutes les femmes lavent leur linge au lavoir, ça caquette, mais ça caquette et chacune dit à l'autre "mais oui, mais non" et les battoirs écrasent le linge roulée et celui-ci bulle- ; mais la petite Marie ne s'attarde pas, elle aperçoit l'île verte aux trois noyers et aux trois bancs, elle aperçoit même la maréchaussée et ses moustaches ; mais la petite Marie ne s'arrête pas, elle aperçoit deux voitures, quelques enfants, leurs grands parents et hioup là elle monte la petite butte de sable et tout en haut sur la dune hioup hioups là elle attrappe sa jupe arc-en-ciel et les bras relevés en ailes de papillon, elle fonce comme un delta plane droit sur la Manche !
La Manche ou la Méditerranée ? Marie se serait-elle trompée de direction ? Aurait-elle trop bifurqué sur la droite ? Aurait-elle, comme le petit gars de Coadout, pris la direction du Sud plus que Sud ?
Il y a de quoi douter. Aucune vague, pas même une vaguelette. Ah si, à mieux y regarder, une seule, qui s'étend comme lait à la fois moussu et silencieux. Pourquoi ce silence ?
Parce que la Manche écoute. Qui ? Une femme. Une femme qui se tient droite sur un rocher, face à la mer et qui parle, parle, parle sans jamais s'arrêter, sans même seulement prendre le temps de boire ! La petite Marie s'interroge : que se passerait-il si la femme s'arrêtait de parler ? Pire ou mieux, allez savoir, que se passerait-il si on arrêtait la femme de parler ?
C'est à ce moment-là que le vent souffla sur le Chêne à trois étages. Marie, emportée, se retrouva à ramasser les glands et les porta au petit cochon de Bouloc. Alors celui-ci donna sa graisse à la petite Marie qui la porta au Forgeron du Foirail. Alors le forgeron donna sa faux à la petite Marie qui la porta au grand pré de Vignals Alors le Grand-Pré-de-Vignals coupa l'herbe lui-même et la donna à la Petite Marie qui l'amena à la Vache-de-Portal. Alors celle-ci lui donna son lait blanc moussu et chantant. Alors la petite Marie monta l'unique rue qui descend. Elle s'arrêta à la maison au balcon bleu vert. La porte s'ouvrit et dans la demi obscurité des volets entrouverts sa mère déclara "Tu en as mis du temps ma fille pour trouver un bidon de lait !" mais elle prit le lait et lui donna du pain, le petit pain qu'elle voulait, le petit pain doux chaud et sucré de Monsieur Larroque le boulanger de la place des Cornières devenue.
Pain à la bouche, la Petite Marie est allée jouer près du château. Parfois elle chantonnait
pain blanc, banc peint, bain plein,
pain blanc, banc peint, bain plein,
pain blanc, banc peint, bain plein. Deplus en plus vite et parfois elle se trompait et ça la faisait rire.
Sur la margelle du puits elle a posé un morceau de pain.
La pie l'a vu. L'a pris. S'est enfuie.
Comment le sais-je ?
Parce que c'est le grand géant Martipolenry qui me l'a dit.
Cette fois,
cric crac le conte es acabat.
Lania, le 30 juillet 2007
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