vendredi 21 décembre 2007

Je rêve....

J'entre dans un magasin, je dis une seule phrase à celle qui m'accompagne et quelqu'un se retourne et me dit en souriant "Mais je vous connais"
Moi je m'étonne. Son visage ne me rappelle rien. Mais elle m'épate, car elle ajoute "Vous êtes conteuse !"
En effet, nombreux sont ceux qui me le disent. Elle m'épate encore "Je sais où je vous ai vue, au Mythos, en 2003 vous racontiez une histoire de rose bleue chinoise !" 2003-2008, cela fait un bail. Le souvenir me revient. Ce jour-là un spécialiste est venu et m'a dit "L. Tu casses les histoires : c'est dommage"
Je crois -et j'en suis sûre- qu'il faut être modérément un spécialiste. La seule raison d'être un "spécialiste" c'est la justification de sa facture.
Je n'ai qu'une seule spécialité : des sacs de consonnes et de voyelles qui se heurtent, se frappent, échotent et me ramènent à ma musique interne pour l'offrir en externe.
Pour revenir à la charmante personne, je l'ai remerciée et me suis préparée à mes interventions du mois
Je rêve.... rien que du plaisir donné et reçu. Personne ne quitte les lieux, on vient me voir pour me dire que mes mots les ont faits se déplacer, divaguer, oublier le temps, retrouver des odeurs, des repères, des souvenirs, rire. On vient me dire que mon accent -celui qui n'est pas toulousain- est plaisant, que mon vocabulaire est intéressant, ma syntaxe de même : c'est éblouissant. Enivrant. J'aime être ivre.
Pas plus tard qu'hier, dans une école de la périphérie, je suis intervenue deux fois. Un drap tendu entre deux portes pour lire "JoYeux Noël" Un caisson posé sur une table, deux draps accrochés pour les cacher : j'avais mon Oural. Mon foulard de laine posé au sol entre deux, j'avais mon lac Baïkal. Une guirlande de coeurs rouges, le foyer de mon poêle de faïence. Un vieux manteau de fourrure au pied de la montagne blanche et l'on entendait l'ours hiberner. Mon décor était planté. Les enfants en demi-cercle étaient très réceptifs. Ils m'ont fait confiance. Ont répondu à mes suggestions. J'ai eu par deux fois un unisson rare et somptueux. A s'offrir une étonnante maison que Pierre a bâtie, un superbe diable au corps. A chanter en russe comme si c'était leur première langue. Bref, un bonheur. A retrouver. Noël, Joyeux Noël !... Quand Noël s'approche, quand Noël s'en vient, dans un tourbillon de cloches, dans une odeur de sapins, toutes les lumières changent, tous.... Tous les enfants sont des anges, tous les sourires sont beaux.... (Anne Sylvestre) http://www.annesylvestre.com/therese.htm

Tchaïkovskier deux minutes zéro six : une éternité

au détour d'une conversation téléphonique, au détour d'une plage CD, deux instants différents. Le premier
me ramène à la dure réalité des porteurs de portable toujours compressés dans leur forfait et par conséquent souvent indélicats avec leur interlocuteur.
Le deuxième, au plaisir humble de la création.
Nous nous tenons face à face, séparées par l'étendage mécanique de nos petites culottes soyeuses. Le soleil entre à flots retenus : c'est l'hiver. L'orchidée démarre doucement sa troisième floraison. Soudain, sur une inspiration, les merveilleux petits doigts de ses merveilleuses petites mains -quand je pense que je suis pour une infime partie responsable de cette belle beauté, je m'enorgueillirai presque- se mettent à virevolter dans les airs.
Inspirée à mon tour, j'élève mes mains et leurs doigts suivent pas à pas -l'expression ne peut être plus juste- les siens sur les mouvements délicats de la danse de la fée Dragée. Vous l'avez compris nous "tchaïkovSkions" ! Deux minutes zéro six exactement, qui furent délices. Silencieuses nos yeux et nos lèvres sourient. Rien à dire. Sinon que nous venons de créer ce qui deviendra un souvenir et qu'elle évoquera peut-être, un jour, je l'espère, à un petit bouchon d'enfant, fille ou garçon. comme je le fais l'instant qui suit, à sa destination.
Quel merveilleux moments nous passions certains soirs il y a de longues années déjà. J'avais ????? Moins de dix années.
Il faut, pour que tu comprennes, que je témoigne des ingrédients et du lieu : une émission de radio, intitulée "Les quadrilles de Jean Bentabéry". Un seuil en deux marches, pour passer de la salle à manger à la cuisine qui est longue comme un jour sans pain. Des parents un peu heureusement félés -je le sais aujourd'hui- capables de quitter la réalité de la vaisselle pour s'exploser à danser, d'un bout à l'autre de la cuisine demi-heure durant, ensemble ou avec leurs deux aînés, dont moi-même. J'ai encore dans l'oreille le générique de l'émission, nos rires fous, l'instant.
Ainsi sont les temps : ils passent.
"Juliette, et si nous jouiions à la WII ?"
Retour à l'actualité des jourd'huis.
Bonnes et joyeuses fêtes de.... Noël.... qui vous en offrira tout plein.

mercredi 19 décembre 2007

Une idée de cadeau pour Noël.... ou anniversaires

Avec Chouchou, son éléphant, leur aventure,
seul ou en compagnie,
votre enfant, fille ou garçon, découvrira l'univers musical et conteur du compositeur Debussy : un délicat bonheur sur un support livre-CD fort original.
Pour vous le procurer,
toutes les bonnes librairies musicales à Rennes,
le site www.microphaune.fr
ou
le site de l'association ANACROUSE, toute une équipe créative, avec à sa tête
Isabelle Lecerf-Dutilloy, pianiste

http://www.anacrouse-betton.com/

Bonnes fêtes à tous mais surtout, surtout aux enfants

mardi 18 décembre 2007

Le "voran" (le corbeau en russe) fait sa soupe

Dans la marmite (rejoindre les deux pouces et les deux index pour créer le récipient)
avec sa queue (joindre les deux auriculaires)
il tourne le potage
il le goûte (les deux index joints s'ouvrent comme ferait un bec et plongent dans le potage)
manque de sel (frotter les deux index l'un contre l'autre pour en mettre)
manque de sucre ( frotter les deux index l'un contre l'autre pour en rajouter)
Parfait (bouger les lèvres comme lorsqu'on se régale)
Il appelle ses enfants ( ouvrir les doigts les uns après les autres)
Le pouce dévore
l'index chipote
le majeur pic pic picore
l'annulaire schlips schlips l'avale en entier
l'auriculaire tout petit pit'chou pleure,...
Il il n'y a plus de soupe du tout

Quand le Cèpe fait "la guerre aux champignons"

"Chut..... une chouette vole, tête de folle ; elle vole, vole, se pose, repose la queue, écarquille les yeux et repart ; à nouveau, elle vole, vole, se pose, remue la queue, écarquille les yeux...
En ce temps-là le tsar Petit-Pois faisait la guerre aux Champignons. Une fois deux fois trois fois et tout plein d'autres fois, l'un d'eux, le Cèpe Petinou , eut une idée. Celle d'ordonner aux champignons de venir lui faire la guerre.
Ceci se passa un beau matin, au pied d'un grand chêne, entouré d'épicéas. Quand il se leva, le Cèpe Petinou eut aussitôt l'humeur portée à la querelle. Il regarda autour de lui et il aperçut les nonettes. Il se redressa, frappa du talon ses bottes et clic clac, les interpella d'un puissant "Nonettes, venez me faire la guerre !"

Les jeunes Nonettes tournèrent le regard vers lui, un peu étonnées tout de même, les lamelles à peine entrebaillées et elles répondirent "Comment donc Cèpe Petinou, qu'avez'avez-vous donc dit ? Que voulez-vous ? Que nous vous fassions la guerre ? Mais comprenez-nous, nous avons bien autre chose à faire !"
Et elles le laissèrent là pour faire ce qu'elles avaient à faire.

Un instant déconcerté, le Cèpe Petinou hésite "Ah elles ne veulent pas me faire la guerre. Peu peu importe, il y a d'autres champignons que je sache !" Et sur cette pensée il se reprend, se dresse, cherche du regard, aperçoit les palomets. Son visage s'éclaire. Les voilà bienvenus ceux-ci, ils ne s'opposeront pas à lui. Il frappe fort et du talon ses bottes l'une contre l'autre et d'une voix de stentor il hurle
"Palomets, déclarez-moi la guerre !"

Les Palomets se tournent en direction de la voix qui s'est faite entendre. Sûrs d'eux ils répondent "Comment donc vous déclarer la guerre ? Vous n'y pensez pas, n'avez -vous pas remarqué que nous sommes les Riches propriétaires terriens. Nous avons tant de mal à retrouver nos terres que nous n'allons pas rajouter encore celui de faire la guerre. N'y comptez pas !" Et ils laissent là le Cèpe Petinou tout à son étonnement.
Il veut se battre, il se battra. Si ce n'est avec eux, ce sera avec celles qu'il remarque à l'instant où il s'est mis sur la pointe des pieds. Elles, ce sont les Coulemelles. Longues et fines, le chapeau arrondi un brin frisotti-frisotta, elles se tiennent là, en petits groupes lorsqe le Cèpe Petinou leur adresse soudainement la parole. Que dis-je, leur fait cette injonction :
"Coulemelles, déclarez-moi la guerre !"
Elles se tournent en direction de la voix qui vient de les haranguer. Elles découvrent le Cèpe Petinou. Un instant troublées voilà qu'elles lui répondent "Mais, que dites-vous là, vous voulez que nous vous fassions la guerre ! Nous avez-vous bien regardées, nous sommes les Coulemelles à l'allure altière, nous n'avons rien à faire à vous faire la guerre !"
Le voilà soufflé. Comment peuvent-elles oser. N'est-il pas le grand Cèpe Petinou ! Cependant il se ressaisit, regarde autour de lui et aperçoit les Chanterelles. Il en sourit. Celles-ci vont avoir à faire à lui. Il joint ses bottes dans un claquement sec et de sa voix de stentor il leur enjoint, sur le champ, de leur déclarer la guerre
"Chanterelles, déclarez-moi la guerre !"
Serait-il mal compris ? Les Chanterelles, par petits groupes, reviennent du marché. Leurs paniers débordent de plants de poireaux, de betteraves crues*, de pommes de terre, de céleris-rave, de navets, de salades ! Elles lui répondent sans se laisser troubler "Cèpe Petinou, Que nous demandez-vous là ! Vous faire la guerre ? Mais il n'en est pas question ! Depuis ce matin aux aurores la seule guerre que nous préparons sera celle que nous déclarerons à nos fournaux. Et ils nous la rendront bien !" Et elles le dépassent.
Le voilà pantois ! Comment osent-elles ! Mais tout aussitôt il se remet, se dresse, furète, chercher et aperçoit, les mousserons rassemblés par milliers voire millions pour rimer avec mousserons. Ceux-là lui obéiront. Il n'en doute pas. Les bottes claquent d'un coup sec leur rassemblement et le voilà qui les harangue d'un sévère
"Mousserons, déclarez-moi la guerre !"
Le Cèpe Petinou n'eut pas l'avantage de connaître qu'il avait raison. Les Mousserons foncèrent sur lui avec détermination : la guerre, ça les connaissait. Sous les rangs serrés et les bataillons motivés, les escadrons de Mousserons écrasèrent le Cèpe Petinou sans autre forme de procès sinon militaire.
Ceci précisons-le, se passa au temps où le Tsar Petit Pois faisait, il est vrai, la guerre aux champignons"
Adaptation fantaisiste et personnelle du texte-randonnée N° 38 intitulé "Les champignons" in Maison-Neuve Larose, "Les contes populaires russes"réunis par Afanassiev


* des betteraves crues : dire de plus en plus rapidement au moins huit fois
"Fruit frais, fruit cuit, fruit cru" ou encore "Bon pain, banc peint, bain plein"

lundi 17 décembre 2007

Ceci n'est pas le conte

"Une chouette vole, tête de folle ; elle vole, vole, se pose, remue la queue, écarquille les yeux et repart ; et à nouveau, elle vole, vole, se pose, remue la queue, écarquille les yeux.... Ceci n'est pas le conte, mais seulement, le début" (ou le commencement ?)
in "Les contes populaires russes" réunis par Afanassiev - histoire n° 33 "Le héron et la cigogne" (thème : le mariage) - p. 72 Maison Neuve & Larose



Oui, c'est bien de la petite Marie qu'il s'agit, d'un "trâgé", deux vies et d'autres, qui plaît aux grands comme aux petits, mais peut montrer plusieurs visages ; celui-ci, c'était celui de Noël et du sud à l'Ouest, de petit pain en craquelins, il montrait combien un soleil gelé peut se dérider grâce aux enfants, leurs chansons, tous les musiciens, leurs instruments et la musique. D'un Ré Dièze à un Mi Bémol, tout se ressemble et pourtant rien n'est pareil -ou l'inverse- à en avoir un coma, n'est-ce pas Emma ?

Hi hi, ma plus jolie photo, c'est vrai merci Camille



Je me suis prise pour une magicienne : il m'obéissait à vous ravir et, joliment, au doigt et à l'oeil alors qu'il ne savait pas ce que j'allais dire et faire (le savais-je moi-même ?) : ma plus jolie photo en effet. Au fait, il s'appelle Nolan. Plus fort que ce qu'on pourrait y croire et à en attraper le diable au corps : thé du même nom bienvenu.

samedi 15 décembre 2007

Aujourd'hui samedi 15 décembre la conteuse se trouvera


à la Médiathèque Lucien Herr - Saint Jacques de la Lande.
Après le deuxième rond point tourner sur votre droite, vous garer sur la gauche parking avec bambous ; traverser la rue ; gagner l'esplanade entre hypermarché et boulangerie et entrer dans la médiathèque, emprunter l'escalier au fond à droite, le gravir jusqu'au 1er étage ; entrée de l'Isba au bout du couloir, sur votre gauche. A tout à l'heure pour découvrir des contes de "Vents, gel, troïka et samovar" avec Babouchka qui vous y attend. Bienvenue à tous.


Réservation : 02.99.31.18.08

mercredi 12 décembre 2007

Contes : initiation à la Russie




Sont-elles mignonnes ? Ma "grande conteuse Camille" est sur la première photo : tous les conteurs le savent, ça aide énormément de s'agripper à ses chaussettes quand on se lance à raconter une histoire pour la première fois en public. J'ai encore ma paire de chaussette dans un tiroir.
Sinon pour aujourd'hui 12 décembre 2007, faut croire que le Père Noël est plus porteur que les si délirants contes russes. Avouons-le, petit public, -mais du meilleur, y compris quelques lectrices, qui levèrent le nez de leurs BD et conversations-
mais grandes oreilles , sans oublier celle de Camille "voir photo déposée avec son autorisation pour la deuxième fois" : elle peut me "juger" : les doigts ne suffisent plus pour dire combien de fois l'une a parlé devant l'autre. Camille a brillamment finit l'année 2006.2007 en juillet en ma présence en contant justement une histoire à tiroir, russe, bien entendu.
Pour cette séance "Contes Russes, de neige, glace et mariage, en chansons" j'avais amené des matriochkas : elles furent très appréciées. On a vérifié avec des grands et grandes de la classe de Monsieur Loïc Bars à Bourgchevreuil (référence en ce qui concerne Baba Yaga) : l'une dans l'autre, elles sont 10 jusqu'à la plus petite. Un conseil pour Noël : interpeller le Père Noël pour qu'il vous offre :
le CD de Gallimard intitulé "le mariage du fils de l'Ours" : c'est un petit bijou (voix, instruments de musique, chansons) ;
ou encore celui intitulé "Mamouchka" : les intervenantes ont fait au mieux pour qu'il soit sincèrement, honnêtement et joliment à la portée de nos enfants : ARB Musiques : 46 rue Sainte Anne, 75000 Paris.
N'oubliez pas Dalantaï, ses six frères et le dragon noir et aîlé et surtout notre choeur avec pieds et mains sostenuto

"Six si frères sont assis sur six chaises
six cent six frères sont assis sur six cent six chaises"
De ma part : un fervent bravo.

Spassiba, merci,
Belle Fête de Noël à vous tous.

mercredi 5 décembre 2007

Où sera Lania par la semaine qui s'annonce ?


Mercredi 12 décembre -

15 h 30 à la médiathèque de Cesson Sévigné (Noël à l'Isba où le vent soufflera)


Vendredi 14 décembre -

Soirée Cabaret à laquelle vous pouvez vous inscrire auprès du centre social de Maurepas
11 C place du Gros Chêne. Contacter les au 02.99.27.48.27 .
En compagnie de l'ami Jean Michel Corbineau nous conterons à partir de 21 h, ce qu'il nous plaira de conter pour le plaisir commun de tous : une contée peut-être noëlisée


Samedi 15 décembre -

16 h à la Médiathèque de St Jacques de la Lande (Noël à l'Isba où le vent soufflera)


Dimanche 16 décembre
16 h (à vérifier) au
Présent Têtu de St Jouan les Guérets (35),
Lania conte Noël en famille (pas de contre-indication - entrée libre participation)


Spécial promotion amicale :

Toujours au
Présent Têtu,
(à 62 km de Rennes en direction de St Malo, borne du maréchal de Lattre précise)


Azzedin, le conteur, présente sa version des Mille et une nuits
dès 21 h samedi 15 décembre. (ados-adultes)

mardi 4 décembre 2007

Contes de Noël à venir en décembre : calendrier


Ambiance feutrée et conviviale dans l'isba, pendant que dehors siffle le vent.

Où ?

Quand ?

à la Médiathèque de Cesson Sévigné dès

15 h 30

mercredi 12 décembre 2007


et


à la Médiathèque de Saint Jacques de la Lande

dès 16 h

samedi 15 décembre 2007



La conteuse vous invite chaleureusement à écouter et participer si, au détour d'une phrase, elle le suggérait


C'est peut-être gracieusement offert par les médiathèques mais ce n'est pour autant pas l'heure de la garderie. Puisqu'il est question de cadeau ce mois-ci, sachons nous rappeler qu'aucun cadeau ne remplacera la présence affectueuse des parents dans le partage d'une même activité.

samedi 1 décembre 2007

J'ai eu peur ....


Oui, j'ai eu peur, il y a fort longtemps, en lisant face à la cheminée flamboyante et bien enfoncée dans mon canapé, par une obscure journée de novembre, un livre intitulé "La nuit des enfants rois" et fort maladroitement offert à mon fils qui avait 9 ans.
J'ai vraiment eu peur.

Oui, j'ai eu peur, en regardant "Le passager de la pluie" avec Charles Bronson et la délicieuse Marlène Jobert.

J'ai vraiment eu peur.

Oui, j'ai eu peur en lisant "La chute de la maison Usher" de Edgard Poe.

J'ai vraiment eu peur.


Mais là où j'ai eu le plusseuh peur c'est en lisant ce qui suit. J'avais ..... C'était il y a très longtemps. Je ne sais plus quel âge j'avais.

"Il pouvait être minuit. Le feu s'était éteint et le plancher du dortoir ne s'éclairait plus que par la lumière vacillante de la lune qui semblait, à mesure qu'elle montait dans le ciel, vouloir visiter successivement chaque recoin de l'appartement. Ce n'était pas là tout ce qui remuait par terre, mais nos jeunes gens ne s'en apercevaient pas. Jacob Poot avait, petit à petit, accaparé presque toute la couverture. Il s'ensuivait que le capitaine Peter, à moitié gelé, rêvait qu'il était en train de patiner sur la mer de glace.
J'ai dit que la lumière de la lune n'était pas seule à se mouvoir sur le parquet nu et poli : quelque chose en effet s'avançait, sinon aussi lentement, du moins sans faire plus de bruit que ses blancs rayons.
"C'est le moment de te réveiller, Ludwig !"

Mais Ludwig dort toujours. Cependant son sommeil est agité. Karl n'entend-il rien non plus ? Karle, le brave, le sans peur, sinon sans reproches.

Non, Karl rêve qu'il est vainqueur à la course prochaine.
Et Pool ? Et Van Mounen ? Et Ben ? Eux non plus ne s'éveilleront donc jamais. Est-ce qu'aucun pressentiment ne pèse sur leur sommeil ? Hélas non. Ils sont tous à la course. Katrinka passe en chantant à travers leurs songes, puis disparaît en riant.

L'objet cependant continue à s'avancer lentement, lentement.

"Peter ! capitaine Peter, le danger s'approche !"
Peter n'entendit pas cette voix de son ange gardien qui l'avertissait : mais il rêva qu'il dégringolait d'un pic glacé, et ceci l'éveilla.
Qu'il avait froid ! Il tâcha de rentrer en possession de sa part légitime de couverture. Effort inutile ! Draps, couvertures, couvre-pieds, étaient solidement enroulés autour de l'inamovible Jacob. Peter regarda machinalement vers la fenêtre.
"Beau clair de lune, pensa-t-il ; nous aurons beau temps demain. Mais .... qu'est-ce que c'est que ça ?"

Il aperçut l'objet mouvant, ou plutôt une chose toute noire, car cela s'était arrêté quand Peter avait remué.
Il guetta en silence.
L'objet recommença à se mouvoir et approcha de plus en plus. Rendu plus attentif, il acquit la certitude qu'un homme, oui, un homme, et non pas un animal, comme il s'efforçait de le croire, rampait comme une chenille sur le parquet.

Le premier mouvement du capitaine fut de jeter l'alarme. Mais il se retint. Il voulait réfléchir.

Dans la main de l'homme, il voyait briller quelque chose. C'était la lame d'un couteau.... Ce n'était pas rassurant ! Mais Peter était doué d'une dose de sang-froid peu commune pour son âge.
Quand la tête de l'homme se relevait, Peter avait soin de fermer les yeux ; il comprenait qu'il fallait qu'il eût l'air de dormir profondément. Mais sitôt qu'elle se baissait, rien n'était plus perçant que le regard que jetait le capitaine sur les mouvements du malfaiteur.
L'ombre s'approchait de plus en plus ; déjà elle était à portée du lit de Peter. Là, Peter remarqua un temps d'arrêt ; la main qui tenait le couteau le posa avec des précautions infinies sur le plancher ; un bras prudent se souleva ensuite pour atteindre les effets du capitaine, posés sur une chaise au pied du lit. Le crime allait s'effectuer....."

J'ai vraiment eu peur. Mais je n'étais qu'une enfant.

Il m'arrive d'avoir peur aujourd'hui. Point ne m'est besoin de lire. Seulement de tomber par hasard sur la lucarne magique et quelques émissions de divertissement auxquelles participent de jeunes enfants dont les parents s'apprêtent à espérer gagner de l'argent (et eux aussi par la même occasion : quelle tristesse dans leurs yeux quand ils ne gagnent pas. Gageons qu'ils auront de merveilleux souvenirs palpitants à raconter à leurs petits enfants, plus tard au coin du feu)


La suite peut être lue à partir de la vingt-sixième ligne de la page 97 de l'ouvrage Bibliothèque Verte intitulé "Les Patins d'Argent" par P.-J. STHAL

J'en ai, semble-t-il, appris la page par coeur, virgules comprises. J'avais plus ou moins 8 ans et ma peur fut délicieusement éprouvante. Longtemps j'ai regardé la lueur de la lune sur le plancher avec inquiétude. Et si vous aviez vu l'illustration !!! Je vous la scanne, promis : voilà, c'est fait. Promis, c'est promis.