samedi 17 janvier 2015

Charlie-cité

Difficile début de janvier.
Difficiles commentaires.
Laïcité et Liberté, ne me font pas mettre Le Prophète aux ordures. Les terroristes oui.
Je me permets de transmettre ce conte qui m'a intrigué dès la première lecture, jusqu'au trouble.

PAS SANS FUSIL !
Il y avait, il n'y avait pas
Un village, des maisons blanches, des murs blancs ou ocres, des toits plats, des ruelles dont l'une mène à une belle et imposante mosquée.
Dans la mosquée, l'Imam parle. Les dos sont voûtées. Parmi eux il y a celui de Moktar qui écoute avec attention.
Quand il quitte la mosquée, les mots de l'Imam lui reviennent.
L'Imam a dit "Quand tu donnes une pièce d'or à un pauvre, Dieu t'en rend 73
Moktar ne désire rien d'autre que d'être généreux, que de faire plaisir à Dieu. Il pense aussitôt à cette pièce d'or qu'il sait se tenir dans le panier de linge sale. C'est Aïcha qui l'y a cachée.
A l'insu de la gentille Aïcha, il prend la pièce et quitte leur demeure.
Au bout d'une ruelle il remarque un attroupement. Il s'approche. Face aux badauds un mendiant raconte une histoire avec sourires et volubilité. L'histoire d'un marchant très riche qui préfère se faire passer pour un mendiant. A ce titre se babouches toutes déchirées, décousues, béantes font rire même les mendiants de l'histoire qui ne pourraient même pas se voir les porter et le public qui écoute. Sacrées babouches. Moktar ne peut s'empêcher de rire et il rit si bien qu'il tient à remercier le mendiant conteur. Kling l'histoire terminée la pièce d'or chante dans la sébille.
Moktar entend déjà le doux son de sept autres pièces d'or.
Il rentre le pas léger,, la lèvre souriante.
Mais lorsqu'il arrive en sa demeure il est justement confronté à l'indignation de la jolie Aïcha.
Il ne dit rien mais devant ses larmes, devant ses récriminations il la rassure, il la console. C'est vrai c'est une grande perte mais il va se rendre dans la 7ème vallée et il lui ramènera tout plein de lièvres à cuisiner pour plusieurs mois. Non dit-il ni toi ni moi, ni nos enfants ne mourront de faim.
Sauf que dans la 7ème vallée, less lièvres ont beau passer même sous son nez Moktar n'arrive même pas à en tuer un seul.
Et la nuit qui vient.
Moktar décide de dormir dans un arbre. Il chassera de nouveau le lendemain.
Installé aussi confortablement que possible pour échapper aux bêtes sauvages, Moktar s'endort en regardant les étoiles lorsqu'il entend un bruit de pas.
Il baisse les yeux.
Un homme au burnous blanc s'arrête et s'adosse au tronc de son arbre. Il le regarde.
L'homme tire de sa besace une grosse miche de pain. Et un couteau aussi.
Il retourne la miche et trace deux lignes qui se croisent. Puis il écrit sur le premier quart Ali
sur le second Mahomet
sur le troisième Gabriel
et sur le dernier Dieu.
Moktar, sur sa branche, s'interroge : pourquoi donc ?
L'homme coupe le premier quart et dit
"Ali, tu savais que tu devais avoir la parole et pourtant tu l'as laissée à Mahomet ! pour cela je vais te manger !"
et l'homme mange ce quart de pain
Puis il s'attaque au second quart de pain. Il dit
"Mahomet tu savais que Ali devait recevoir la Parole et pourtant tu as accepté de la recevoir toi-même. Pour cela je vais te manger !" et il le mange
Puis il s'attaque au troisième quart de pain et il dit
"Gabriel, tu savais que tu devais donner la Parole à Ali et pourtant tu l'as donnée à Mahomet. Pour ce la je vais te manger". Et l'homme mange ce troisième quart de pain.
Puis il attrape le dernier quart. Celui appelé Dieu.

Là haut sur sa branche, Moktar qui est lucide comprend ce qui va se passer. Il ne veut pas que Dieu soit mangé. Il pense aux 7 pièces d'or. Alors il prend son fusil et tire avant même que l'homme n'ait porté la miche à ses lèvres.

Le voilà mort.

Moktar saute de l'arbre, attrape la besace de l'homme et retourne chez lui à grandes enjambées.

Mais ta besace est plate lui dit Aïcha
"C'est vrai ma femme, mais elle est belle, regarde son cuir, regarde ses illustrations"

Aïcha attrape la besace. Dans le mouvement Moktar surprend un bruit métallique. Et l'étonnement de sa femme qui lui dit "Regarde, il y a 7 pièces d'or Moktar"

Je ne dirai pas comment ils se sont sentis heureux ces deux-là, toute la nuit.

Mais à la Mosquée, le lendemain, quand l'Imam a dit "Si vous donnez une pièce d'or à un mendiant, Dieu vous en rendra 7", je peux dire qu'on dit qu'à ce moment-là certains disaient que Moktar s'est relevé et qu'il a dit
"C'est vrai Imam, mais pas sans fusil"

Lania - ce 17 janvier 2015