mercredi 28 février 2007

La rose bleu de Chine (Chapitre V)

Le capitaine des armées prend la situation en main
L'empereur est sur le point de se mettre à pleurer lorsqu'il sent une main lui tapoter l'épaule. Quelle audace. Comme il tourne la tête il rencontre le regard conquérant du capitaine des armées. Désarmé, il ne l'est en aucune manière puisqu'il assure qu'il se charge de trouver la fleur sublime et qu'il recevra la main de sa fille ! Comme sur ces mots il tourne les talons, l'empereur sent renaître l'espoir au fond de son coeur.
Quelques minutes à peine plus tard la cour impériale tremble des deux mille et sept soldats, capitaine compris, sur le départ, soit des huit mille et trente deux sabots sabotant. Puis elle se repaît de silence.
La troupe parvient dans la citadelle aux orfèvres, non par la première, ni par la cinquième, mais par-delà cette septième vallée dont les flancs de montagnes cachent les plus somptueux diamants. Les orfèvres, nombreux, sont parmi les plus réputés au monde. Le capitaine inspiré, organise un concours. Les orfèvres se surpassent. Quelques mois plus tard, parmi des centaines d'autres, le capitaine choisit le plus beau des bijoux : une rose au coeur de diamant sans rival et aux pétales de saphir du plus fabuleux bleu de Chine. Les huit mille et trente deux sabots sabotant s'en retournent, capitaine compris, au palais de l'empereur. Le capitaine irradie de bonheur en découvrant la stupéfaction du maître des lieux. C'est un père radieux, retenant tout commentaire, qui frappe à la porte des appartements de sa princesse et l'invite à préparer ses noces car, dit-il "le capitaine des armées t'offre, regarde bien ma fille, la rose de la couleur que tu désires"
La princesse prend la fleur entre ses doigts, lui jette un regard rapide et dit en regardant son père "Vous avez raison (il tremble de joie) ce bijou est merveilleusement bleu ainsi que je le veux mais -que dit-elle ?- L'empereur fronce les sourcils, la belle poursuit : "ne vous souvenez-vous combien vous-même m'en avez offert de bien plus beaux !"
Et ce disant, d'un demi-tour sans réplique, elle retourne dans ses appartements
et s'accoude sur le rebord de la fenêtre pour regarder le fleuve qui coule en contrebas du palais.

... à suivre

mardi 27 février 2007

La rose bleu de Chine - Chapitre IV - suite

Dans un silence lourd de signification, le riche marchand quitte l'atmosphère capiteuse de l'échoppe. Heureusement. Sinon.... il aurait vu la chute pesante de son fleuriste préféré sur le premier siège qui se présentait à lui. A peine celui-ci a-t-il le temps de penser qu'il a au moins sauvé sa vie pour les trois jours à venir, qu'il comprend que sa femme apparaît au léger bruit, émis par les minuscules piécettes d'un rideau qu'elle soulève d'une main fine. Il n'a pas le temps de redresser ses épaules et ses longues jambes sans fin allongées, qu'elle le rabroue :
"Tu ne vas tout de même pas te laisser abattre ! Qu'attends-tu pour couper une de tes merveilleuses roses blanches, courir chez le magicien, lui demander la création du plus pur liquide bleu de Chine et y tremper la fleur ? Tu devrais déjà être en chemin. Allez, va" conclue-t-elle en le poussant d'une épaule.
L'instant suivant elle se tient seule au milieu de la boutique.
Passe un jour et et un autre. Au troisième, le fleuriste remercie le bon sens de sa femme en voyant le riche marchand quitter son échoppe la rose fabuleuse à la main. Il n'aurait pas porté plus délicatement le cristal le plus pur. Sourire aux lèvres, il court, tout en ne courant pas, la présenter à l'empereur.
L'empereur se régale déjà à la seule vision de la fleur magnifiquement bleu de Chine. Tout heureux, il frappe à la porte des appartements de sa fille. A sa vue, il lui assure qu'elle peut préparer ses noces, "car le riche marchand de fleurs a enfin trouvé la rose particulière que tu espérais" Et il lui tend, le gracile élément, du bout des doigts.
La jeune princesse se penche, relève la tête et parle. "Aucun doute mon père, cette rose est d'un bleu à nul autre pareil -le père frétille d'aise- mais,... -que dit-elle ; le père ne frétille plus d'aise- et elle poursuit "si un seul de mes merveilleux papillons s'avisait à se poser sur le rebord de l'un de ses pétales, il en mourrait empoisonné !"
Sur ces mots, la jeune princesse retourne dans ses appartements
et s'accoude au rebord d'une fenêtre pour contempler l'eau du fleuve qui coule en contrebas du palais.
... à suivre

La rose bleu de Chine (Chapitre IV)

Chapitre IV

Le riche marchand de fleurs prend son destin en main

L'empereur est décontenancé. Il va se mettre à pleurer, lorsque chose à peine croyable, une main lui tapote l'épaule. Il tourne la tête. C'est la main du plus riche de ses marchands de fleurs. A un yen près, tous deux possèdent la même fortune. L'empereur n'a aucun doute sur la qualité de l'amour que porte le riche marchand à sa fille. Il ne l'aime pas pour l'argent. Il l'aime. Le père empereur est rassuré.

Cependant, pour ce qui est de la rose bleu de Chine, tout reste à faire. L'inquiétude de l'empereur n'échappe pas au riche marchand.
Il joint ses mains, il courbe le dos et déclare que tous ses serviteurs sont déjà partis à la recherche de la merveilleuse fleur; L'un d'eux la lui ramènera. Lui-même la lui apportera et ainsi la princesse pourra préparer ses noces. Sur ces mots, mains jointes, dos courbé et à reculons. le riche marchand de fleurs quitte un empereur émerveillé.

De Tbilissi à la Vallée des Roses, sans oublier la merveilleuse roseraie bretonne  -dans laquelle, depuis des nuits et des jours, un rosiériste réputé, surnommé Adam,  s'épuise à la conception d'une rose bleue- les serviteurs du riche marchand de fleurs vont et viennent de par le monde et surtout, en reviennent. Dépités. Mains nues.

Dans l'instant, le riche marchand de fleurs pourrait fondre en larmes à son tour lorsque lui revient à l'esprit que son fleuriste attitré n'a pas quitté le pays. Il se précipite dans son échoppe et le somme de  lui procurer la rose merveilleuse. Il précise  ".... ce soir, sinon... " Les mots restent en suspens mais les mots ne sont plus nécessaires. Le lent souligné du geste suffit à lui-même. Le riche marchand itrouve une parade : "Trois jours Empereur, donnez-moi trois jours et vous découvrirez  la rose bleue de Chine!"
... à suivre)

lundi 26 février 2007

La rose bleu de Chine (Chapitre III)

Chapitre III
L'empereur prend la situation en main


L'empereur est désemparé.

Il est effondré.

Il sait bien que personne n'a jamais pu frôler un quelconque pétale de rose bleu de Chine. La rose bleu de Chine n'existe pas !

Il sent les larmes perler au bout de ses cils.

Elles s'apprêtent à tomber, lorsque vient subitement à l'esprit de l'empereur que sa fille a tout de même accepté l'idée de se marier.


Alors, il convoque ses ministres et leur ordonne de faire connaître à tous ceux, en âge et en état de se déplacer, la condition à l'obtention de la main de la jeune princesse. Et il précise : "Par tous moyens à votre connaissance." Ainsi, calligraphies, calicots, dazibao, cerfs-volants, orchestres de bambous et davantage, annoncent bientôt la nouvelle partout.


Ils sont nombreux les hommes qui, sûrs de trouver la dite fleur, partent à sa recherche....
Et reviennent bredouilles ; pour défaillances diverses, ruine financière, épuisement, suite à une quête qu'ils n'ont pas décidée d'eux-mêmes.

vendredi 23 février 2007

La rose bleu de Chine (Chapitres I - II)


Il était une fois
Ce n’était point ici
Ce n’était point là-bas
C’était Ailleurs
Là où on appelle roi, l’empereur
Et son royaume, un empire.

Chapitre I
Un empereur bien démuni

Il était une fois dans l’empire de Chine, le dernier empereur. Le dernier empereur de la dernière dynastie des Han. Père de la plus merveilleuse des princesses impériales.
Une joie, diraient certains.
Peut-être. Et pourtant pas.
Cet empereur se désespère.
Pourquoi donc ?
Aucun homme ne se serait désespéré, père comme lui d’une fille, des chevilles aux poignets toute faite de finesse ; de l’ovale du visage jusqu’à la pointe des cheveux, à nulle autre pareille ; et la tête si bien faite que, astronomie, calligraphie, mathématiques et poésie, rien n’y aurait manqué….
Peut-être. Et d’autant plus.
Car, empereur ou pas, mais surtout dernier empereur de sa dynastie, une fille égale un prétendant, un prétendant un mari, un mari des enfants, des enfants des petits enfants, des petits-enfants la succession de l’empereur assurée ! Pour le dernier empereur de la dernière dynastie des Han, la plus parfaite des aubaines !
Pourtant pas !
La princesse de fille de l’empereur dernier de sa dynastie, s’obstine à refuser sa main aux candidats nombreux et généreux qui, tous les jours, se présentent au palais pour la lui demander.
Quand il se risque à lui en demander la raison, elle n’en donne pas. Sans raison « mon père » dit-elle Et elle précise parfois « Sans raison aucune » Parce qu'elle ne veut pas trop déplaire à son empereur de père.
L’empereur n’en peut plus. Il est à bout, désolé à s'en mettre à pleurer. Justement, il pleure. Mais il s'en défend. Il se réfugie seul, dans cette grande salle où se réunissent régulièrement, avec lui, tous les mandarins de l’empire.

Chapitre II
L'éxigence de sa jeune princesse de fille

Un jour où il s’est réfugié dans la grande salle d’apparat et où il y sanglote, tête baissée et dos voûté, l’empereur surprend un bruit.
Sans bouger, il soupçonne que la double et lourde porte, de laque rouge cloutée d’argent, glisse sur ses gonds.
Sans bouger, il devine des pas légers et les imagine qui effleurent le marbre blanc veiné de bleu, malgré l’interdiction formelle de pénétrer dans cette salle impériale sans autorisation.
Sans bouger, il n’a plus besoin d’imagination pour découvrir, de ses yeux, les socques de sa fille, rehaussées de pierreries.
Sans bouger, il reconnaît sa voix quand elle se met à parler. Elle tombe sur ses épaules et dit sans une seule hésitation :
« Mon père, j’ai réfléchi, je veux bien me marier ! »
L’empereur ne réfléchit pas. De presque joie, il saute, malgré son corps petit et fort pour ne pas dire rond, pour entourer de ses bras courts et potelés, le cou gracile de sa jeune princesse de fille. Mais, comme il regrette d’avoir oublié cette bizarre manie qu’elle a, d’interrompre et de
poursuivre ses phrases par un « Mais... » comme elle le fait «... mon père, à une condition cependant… »
Alors, il se laisse lourdement retomber sur le trône et demande avec anxiété
« Laquelle ma fille, dites-la moi. »
« A la condition que mon futur époux puisse m’offrir une rose mon père ! » répond-elle.

L’empereur n’en revient pas. "Une rose !" Il n’est rien plus facile que d’offrir une rose. Aucun jardin ne se passerait de rosiers, et de rosiers, les jardins de l’empereur en sont pleins. Son empire aussi. De presque joie, l’empereur se relève et sur la pointe des pieds, il tend une deuxième fois ses bras potelés autour du jeune cou gracile. Et quelques secondes plus tard, il regrette pour la dernière fois d’avoir oublié, cette bizarre manie qu’elle a de suspendre sa phrase et de la poursuivre, comme elle fait d’un
« Mais attention, mon père, pas n’importe laquelle des roses ! »
L’empereur, tout en s’asseyant de nouveau, demande plus anxieux encore
« Laquelle ma fille, nommez-la moi ! »
« La rose bleu de Chine mon père ! »
Et, sur ces mots, elle tourne les talons et ceux-là échotent* sur le marbre blanc veiné de bleu sur lequel la double et lourde porte de laque rouge, cloutée d’or et d’argent, se referme !
Dans la salle c’est le silence

à suivre...

jeudi 15 février 2007

"Quatre voix de Femmes pour une soirée contée unique"


Quelques images de la soirée du Samedi 10 février :
"Quatre voix de Femmes pour une soirée contée unique"
au Centre Culturel "La Grange" de St Gilles.


Plus d'infos et de photos sur le site du Centre Culturel :